Sujet: comment les ONG confessionnelles contribuent aux transformations de la scène politique internationale par leurs divers rôles, qui opèrent de nouvelles articulations entre le religieux et le politique, et influencent les relations de pouvoir entre ONG, OIG, et Etats ? L'existence d'acteurs non étatiques religieux prenant la forme d'associations pour venir en aide aux victimes de conflits, de persécutions et de catastrophes naturelles ou pour défendre des causes, n'est pas nouvelle : l'ordre de Malte, fondé vers 1040 par les Frères de l'hôpital Saint-Jean de Jérusalem pour veiller à la santé des plus démunis, ou le Comité juif américain qui dès 1911 faisait pression sur le gouvernement américain afin de le mobiliser sur le traitement que la Russie infligeait aux demandeurs de visas juifs américains, en étaient déjà des exemples. Puis, après la seconde guerre mondiale, des organisations non gouvernementales (ONG) comme le World Council of Churches (créé en 1948) jouèrent un rôle fondamental dans l'assistance aux victimes du conflit. Une étude de 1953 montrait ainsi que 90% de l'aide aux réfugiés fournie après-guerre provenait d'agences humanitaires religieuses . Aujourd'hui, la plus grande ONG du monde, World Vision, est une organisation chrétienne.
Bien qu'il n'y ait pas de définition universellement reconnue des organisations non gouvernementales confessionnelles (ONGC), on peut toutefois s'accorder avec E. Ferris sur le fait qu'elles doivent réunir au moins une des caractéristiques suivantes : l'affiliation à un culte ; des statuts faisant explicitement référence à un dogme ; un mode de financement qui trouve sa source dans l'appartenance à une religion ; et/ ou un fonctionnement dans lequel la prise de décision ou le recrutement du personnel s'effectue en fonction de critères religieux .
Quel est le rôle des ONGC dans les relations internationales ? Qu'est-ce que leurs relations avec les autres acteurs majeurs de la scène mondiale nous apprennent des nouvelles articulations entre le religieux et le politique ?
L'analyse du rapport ambivalent de ces acteurs au politique (I) permet de reconsidérer la place du religieux dans les relations internationales (II)
[...] Pont-Chelini, Les ONG confessionnelles ou d'origine confessionnelle de défense de la liberté religieuse (séminaire AFSP-AFSR, 2-3 février 2004), pp. 7-12. B. Massignon, op. cit., pp. 5-8. [...]
[...] de Galembert, Le CCFD aux prises avec l'islamisme : une ONG catholique à l'épreuve du retour du religieux (séminaire AFSP-AFSR, 2-3 février 2004), pp. 1-14. B. Massignon, op. cit., pp. 7-8. On peut d'ailleurs rapprocher ces alliances entre ONG religieuses et non religieuses en fonction de l'expertise et dans le but de promouvoir certains thèmes des dynamiques de formations des communautés épistémiques étudiées par Peter Haas. Voir P. Haas “Knowledge, power, and international policy coordination”, special issue of International Organization, Vol 1 (Hiver 1992) et particulièrement l'article P. Haas, “Introduction: Epistemic Communities and International Policy Coordination”, pp. 1-35. [...]
[...] Ainsi, bien que les ONG chrétiennes orthodoxes et minoritaires partagent la même foi, elles pensent et opèrent de manière radicalement différente[20]. Dès lors, il semble qu'en dehors du contexte de l'Europe contemporaine, la véritable spécificité des ONGC est de proposer une lecture religieuse du monde. Dès lors, le discours du Congrès juif mondial sur les pratiques des banques suisses durant la guerre, la position de certaines organisations chrétiennes sur l'avortement, les appels lancés par divers groupes musulmans sur la guerre en Irak ou les conférences des associations bouddhistes sur le Tibet, semblent plus mobilisateurs, à certains moments donnés, que les discours proposés par les Etats sur les mêmes thèmes. [...]
[...] Ainsi, selon B. Massignon, la véritable nature du pouvoir des ONGC résident en fait dans quatre caractéristiques : une façon particulière d'articuler le global et le local qui repose plus sur une mobilisation des populations locales sur la base des communautés religieuses présentes sur un territoire que sur l'envoi d'expatriés[15], la transversalité de leur approche des problèmes internationaux qui consiste à intégrer les différentes dimensions de l'action dans une optique globale plutôt qu'à les segmenter dans une logique sectorielle, une moralisation des questions techniques et économiques, et une fonction d'expertise critique[16]. [...]
[...] Les ONG confessionnelles I. Des relations ambiguës avec les autres acteurs de la scène internationale Les ONGC contre les gouvernements et associées aux OIG: les stratégies de confrontations et de contournement Les acteurs religieux non-étatiques complices des Etats ? Les relations de coopération 5 II. Les mouvements religieux comme incarnation du pouvoir du Sacré Avoir du pouvoir ou avoir le pouvoir ? Le religieux comme force de mobilisation sociale d'acteurs décentralisés L'existence d'acteurs non étatiques religieux prenant la forme d'associations pour venir en aide aux victimes de conflits, de persécutions et de catastrophes naturelles ou pour défendre des causes, n'est pas nouvelle : l'ordre de Malte, fondé vers 1040 par les Frères de l'hôpital Saint-Jean de Jérusalem pour veiller à la santé des plus démunis, ou le Comité juif américain qui dès 1911 faisait pression sur le gouvernement américain afin de le mobiliser sur le traitement que la Russie infligeait aux demandeurs de visas juifs américains, en étaient déjà des exemples. [...]
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