A bien des égards, l'implosion de l'ex-Yougoslavie a choqué le monde et, plus particulièrement, l'Europe occidentale. D'abord, elle a remis en cause la vision du monde qui a suivi la fin de la Guerre Froide. Ainsi, l'espoir d'une paix universelle sous l'égide de la démocratie libérale telle que l'envisageaient des auteurs comme Francis Fukuyama a été ruiné par les guerres de Croatie (1991-1995), de Bosnie (1992-1995) et postérieurement du Kosovo (1996-1999).
Ensuite, elle a profondément bouleversé une Europe, en paix depuis 1945, et dont l'opinion publique était devenue plus sensible aux effets des conflits. Pour D.J Whittaker, « Nothing so terrible and barbaric has been seen in Europe since the worst of the Second World War, with an entire nation at each other's throats”. Enfin, comme le signale Natacha Rajakovic, « l'éclatement de la Yougoslavie a pu sembler d'autant plus surprenant que, depuis le choix par le maréchal Tito en 1948 de construire un socialisme yougoslave “original” qui échapperait à l'emprise de l'Union
Soviétique, la Fédération yougoslave a été considérée comme l'exemple d'une réussite, au moins partielle, de la réconciliation des modèles politiques et économiques soviétiques et occidentaux d'une part, et des rivalités nationales au sein d'une Fédération pluriethnique d'autre part ».
L'éclatement de guerres dans la deuxième3 Yougoslavie dans les années 90, s'est immédiatement accompagne de polémiques sur la nature de cette guerres-là. Ces conflits ont été marqués par d'innombrables exactions du type “nettoyage ethnique” propres à émouvoir les opinions publiques. En effet, ce qui les a certainement touchés le plus, c'est qu'il s'agissait d'une lutte fratricide dans laquelle des peuples vivant ensemble depuis 1918 rivalisaient de férocité pour éliminer les autres. Ce dernier aspect a amené les journalistes et les hommes politiques a parler
des « nouveaux conflits internationaux » et de « guerre éthique ». Pour Daniel Moynihan, « it
appeared to me that the world was entering a period of ethnic conflict, following the relative stability of the cold war. This could be explained. As a large formal structures broke up, and ideology lost its hold, people would revert to more primal identities. Conflict would arise based on these identities”4. Le terme « balkanisation » est devenue le terme pour expliques les conflits internationaux. Pour Marie Kaldor, les conflits de la ex-Yougoslavie sont les conflits paradigme dans le « nouvel ordre international ».
Dans ce contexte, au tour de l'effondrement de l'ex-Yougoslavie ce sont développés deux débats principaux: après la fin de la Guerre Froide est-on face à de « nouveaux conflits internationaux » ?
et, est-ce que les conflits de l'ex-Yougoslavie sont des « conflits ethniques »?. Nous allons aborder
ici ces deux questions pour essayer de répondre à la question de notre intitulé: Les “nouveaux conflits internationaux” sont-ils des conflits ethniques?
[...] Leur rupture répondait à la même logique que celle des dirigeants tchèques à l'égard de la Slovaquie: se débarrasser d'une région moins développé pour accélérer leur insertion dans la Communauté européenne22. d. Le rayonnement extérieur de la Yougoslavie. Dans le cas de l'ex-Yougoslavie, la perte d'une identité internationale basée sur l'appartenance au mouvement des non alignés (en conséquence de la fin de la guerre froide) a eu des répercutions domestiques importantes. Les membres du gouvernement et de l'opposition ont commencé à jouer sur des particularités identitaires dans des buts différents: pour justifier les politiques autoritaires, pour créer des scapegoats pour mobiliser l'opinion à travers la peur et l'insécurité. e. [...]
[...] Selon Paul Garde, les conflits entre ethnies n'ont pas surgi de façon imprévisible. Ils étaient un préoccupation permanente des peuples concernés depuis plus d'un siècle. La Yougoslavie n'a jamais été une nation, comme le sont la plupart des Etats européens. Une langue? Quatre idiomes: slovène et croate (en alphabet latin), serbe et macédonien (en alphabet cyrillique), il y a aussi l'albanais et d'autres minorités linguistiques moins importantes. Une histoire commune? Avant la formation de l'Etat yougoslave, en 1918, les différents peuples qui le composent n'avaient jamais appartenu ni à un même Etat, ni à une même culture. [...]
[...] La Serbie et le Montenegro ont alors proclame la Republique federative yougoslave, la troisième Yougoslavie Vuckovic, Gojko. Ethnic cleavages and conflict : the sources of national cohesion and desintegration (the case of Yougoslavia). London: Ashgate Publishing p ici ces deux questions pour essayer de répondre à la question de notre intitulé: Les “nouveaux conflits internationaux” sont-ils des conflits ethniques? I. Les guerres de l'après guerre froide. Après la fin de la bipolarité de nombreux auteurs se questionnent sur le futur de la guerre et sur les rapports entre conflits et relations internationales. [...]
[...] www.conflits.org/document482.html 20 Maniere de Voir 45: Le monde diplomatique. Bimestriel. Mai-Juin 1999. p Bosnie-Herzégovine 19 b. Les faiblesses inhérentes au modèle fédéral yougoslave. La Constitution de 1974 donnait trop de pouvoir aux différentes républiques fédérées, au détriment du pouvoir central. Par exemple, seule l'armée (JNA) était une institution fédérale à proprement parler. Cette consolidation des républiques les dotait d'une sorte de potentialité étatique qui s'est développé avec la fin du régime communiste. c. La crise économique qui a encouragé les républiques riches à chercher leur indépendance. [...]
[...] Paris: Fayard Gayer, Laurent et Jauniat, Alexandre. Discours de guerre contre dialogues de paix: les cas de l'ex-Yougoslavie et du Rwanda en Culture & Conflits. www.conflits.org/document482.html Rajakovic, Natacha. L'anatomie d'une captation nationaliste: l'absence de mouvements de contestation en Yougoslavie en Culture & Conflits. (1992) pp. 85-108 Bougarel, Xavier. Etat et communautarisme en Bosnie-Herzegovine en Culture & Conflits Thual, Francois. Les conflits identitaires. Paris : Editions Ellipses Smouts, Marie-Claude. Les nouvelles relations internationales: Pratiques et théories. [...]
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