Le 29 janvier 2002, G.W. Bush lors de son discours sur l'état de l'Union, employait l'expression "axe du Mal" pour qualifier la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak, pays qu'il jugeait dangereux pour la sécurité internationale. Cette expression n'est pas sans rappeler "l'empire du Mal" de R. Reagan au temps de la Guerre froide, qui visait cette fois l'Union soviétique. R. Reagan vivait dans un monde bipolarisé, divisé en deux camps clairement identifiés, où les états étaient les acteurs principaux de la scène internationale. G.W.Bush vit dans un monde qui s'est complexifié, où les conflits ne sont plus fongibles dans une logique Est-Ouest, et où de nouveaux acteurs, autres que les états, sont de plus en plus présents sur la scène internationale. Pourtant, les deux utilisent les mêmes termes pour décrire l'espace mondial, utilisant un registre moral pour décrire deux situations bien différentes. Bien qu'utilisant les mêmes mots, on peut douter que la morale ait le même impact dans les choix stratégiques des Etats-Unis de Reagan et ceux de G.W. Bush.
En d'autres termes, dans quelle mesure la morale est-elle mobilisée dans l'espace mondial? N'est-elle qu'un paravent de la puissance, n'est t-elle que des mots, ou bien existe t-elle de manière autonome, pouvant expliquer certaines données de l'espace mondial?
Pour tenter de répondre à ces questions, il faut d'abord saisir comment se construisent les notions de Bien et de Mal, qui sont des représentations forgées par des acteurs et qui peuvent recouvrir des champs variés. Enfin, il s'agit de saisir comment ces notions sont-elles utilisées, et dans quel but.
[...] Les notions de Bien et de Mal dans l'espace mondial Le 29 janvier 2002, G.W. Bush, lors de son discours sur l'éÈtat de l'Union, employait l'expression "axe du Mal" pour qualifier la CoréÈe du Nord, l'Iran et l'Irak, pays qu'il jugeait dangereux pour la séÈcuritéÈ internationale. Cette expression n'est pas sans rappeler "l'empire du Mal" de R. Reagan au temps de la Guerre froide, qui visait cette fois l'Union soviéÈtique. R. Reagan vivait dans un monde bipolariséÈ, diviséÈ en deux camps clairement identifiéÈs, où˘ les éÈtats éÈtaient les acteurs principaux de la scèËne internationale. [...]
[...] Les notions de Bien et de Mal ne sont plus aujourd'hui construites par les seuls éÈtats, et leurs cibles ont éÈgalement éÈvoluéÈ. Cette multiplicitéÈ d'acteurs permet de conclure une certaine privatisation morale des relations internationales. Pour autant, on ne peut que remarquer que le recours ces notions de Bien et de Mal renvoie des valeurs au préÈalable déÈfinis par les éÈtats, notamment au travers des multiples conventions internationales. Par ailleurs, il semblerait qu'un certain nombre de ces déÈfinitions éÈmanent majoritairement du monde occidental, ce qui laisserait préÈsumer qu'il existe un centre de production de ces notions, au premier rang duquel figurerait les É tats-Unis. [...]
[...] Les idéÈes peuvent avoir une influence autonome dans l'espace mondial. L'opéÈration en Somalie lancéÈe par l'ancien préÈsident Clinton a d'ailleurs valu celui-ci une critique blessante de sa politique éÈtrangèËre. Certains ont en effet arguéÈ que la bienfaisance aurait fait perdre l'AméÈrique le sens des réÈalitéÈs. Le réÈalisme n'est plus le seul l'honneur, et les juristes tendent déÈsormais remplacer les militaires. Le droit est devenu en effet un puissant instrument de diffusion de ce qui est reconnu comme Bien dans l'espace mondial, et ce qui doit êÍtre reconnu comme Mal : ainsi en va-t-il des multiples conventions internationales, contre le travail des enfants ou encore contre la torture par exemple. [...]
[...] C'est du moins ce que laissait penser la théÈorie réÈaliste, trèËs populaire pendant la Guerre froide, et dont H. Kissinger reste le plus digne repréÈsentant. L'approche classique du réÈalisme éÈnonce que la moralitéÈ est strictement subordonnéÈe au politique, et que par conséÈquent il n'y a aucune place pour elle seule, de manièËre autonome, dans les relations internationales. Par conséÈquent les notions de Bien et de Mal n'auraient qu'un impact mineur sur la conduite des affaires internationales, et ne serviraient que comme supports de simplification des discours politiques. [...]
[...] Pour tenter de réÈpondre ces questions, il faut d'abord saisir comment se construisent les notions de Bien et de Mal, qui sont des repréÈsentations forgéÈes par des acteurs et qui peuvent recouvrir des champs variéÈs. Enfin, il s'agit de saisir comment ces notions sont-elles utiliséÈes, et dans quel but. La construction de repréÈsentations, telles que celles de Bien et de Mal dans l'espace mondial, est l'origine le fait des éÈtats. C'est particulièËrement vrai pendant la péÈriode de la Guerre Froide. Ces notions de Bien et de Mal éÈvoluent dans leur contenu avec la fin du monde bipolaire, notamment parce que d'autres acteurs les mobilisent sur la scèËne internationale. [...]
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