Selon Michael Walzer, « La guerre est un lieu et un moment extrêmes. Si des jugements moraux exhaustifs et cohérents sont possibles en ce moment et en ce lieu, ils le sont partout et toujours ».
On observe, a priori, une contradiction entre le principe de guerre et l'objectif moral de sa propre restriction ou limitation. En effet, la guerre est d'abord un phénomène de violence collective organisée. Elle affecte les relations entre les sociétés humaines et les relations de pouvoir à l'intérieur des sociétés. Elle est avant tout un mal. Ainsi, si l'on considère que ce qui est juste, c'est ce qui est fondé en droit, en équité, ce qui se rapporte à la morale, il y a un paradoxe certain à parler de « guerre juste » puisque les deux termes ont des connotations opposées. Comment est-ce qu'une guerre, dont les intentions et les moyens sont de toute évidence, loin de répondre à des critères moraux, et qui va sûrement donner lieu à la mort de nombreux civils innocents peut être considéré comme juste ? En effet, peut-on vraiment dire qu'il existe des guerres justes, alors que la guerre est d'abord analysée comme le moment où la notion même de règle et de convention sociale tend à s'abolir ?
Une guerre juste serait celle qui aurait une cause et un objet juste et serait fondée sur des règles de droit. Ceci semble peu pertinent, peu réel et en effet, la notion de guerre juste présente de nombreuses contradictions, c'est un concept avant tout ambigu. Pour autant, il n'est pas récent, il fait objet d'une réflexion sérieuse et trouve une réalité actuelle. On considère alors essentiellement une guerre juste selon le but qu'elle poursuit. Pour le sens commun, une guerre sera juste dès lors que son objectif l'est, c'est-à-dire celui de sauver des populations innocentes.
Deux ouvrages présentent une analyse et une prise de position significative sur ce thème, celui de Carl schmitt, radical adversaire de la notion de guerre juste, qui publie en 1950, Le Nomos de la terre et celui de Michael Walzer, que l'on peut considérer comme le principal penseur de la guerre juste à l'époque contemporaine et qui est l'auteur de Guerres justes et guerres injustes publié en 1977. Il faudra aussi nous pencher sur les règles établies par la Charte des Nations unies dont l'objectif est de construire un monde en paix avec un ensemble institutionnel censé répondre à la doctrine de la guerre juste.
Il s'agira donc pour nous, avec notamment ces deux auteurs et en nous appuyant sur des exemples concrets et actuels de se demander comment penser la notion de justice et de morale dans un conflit armé. Que recouvre la notion de guerre juste et comment penser aujourd'hui le concept de guerre juste ?
Ainsi, dans un premier temps, nous étudierons les origines et l'historique de la notion de guerre juste tout en essayant de donner une définition à ce concept apparemment paradoxal. Nous verrons dans un deuxième temps comment l'on peut penser une réalité et une responsabilité morale de la guerre en nous appuyant sur les thèses de Walzer et de Schmitt. Dans un troisième temps, nous tenterons de donner une définition actuelle de la notion de guerre juste, en prenant pour exemple le déclenchement de la guerre en Irak en 2003 puis en analysant les règles établies par une institution qui prône la sécurité collective, les Nations unies.
[...] En effet, peut-on vraiment dire qu'il existe des guerres justes, alors que la guerre est d'abord analysée comme le moment où la notion même de règle et de convention sociale tend à s'abolir ? Une guerre juste serait celle qui aurait une cause et un objet justes et serait fondée sur des règles de droit. Ceci semble peu pertinent, peu réel et en effet, la notion de guerre juste présente de nombreuses contradictions, c'est un concept avant tout ambigu. Pour autant, il n'est pas récent, il fait objet d'une réflexion sérieuse et trouve une réalité actuelle. On considère alors essentiellement une guerre juste selon le but qu'elle poursuit. [...]
[...] Pour Saint Thomas, cette doctrine s'appuie sur la raison et le droit naturel. Il exige trois conditions pour la guerre juste : l'auctoritas principis c'est-à-dire que la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime (ainsi, ce principe s'oppose à la décision individuelle) ; la cause juste, qui donne lieu de nombreuses interprétations ; l'intentio recta ce qui signifie que l'intention ne doit pas être entachée de causes cachées, mais doit avoir pour but de faire triompher le bien commun. [...]
[...] Elle est décriée par certains pour des raisons morales ou religieuses, comme le Pape Jean-Paul II qui condamne en décembre 2002 l'idée d'une guerre préventive et se prononce pour une organisation constitutionnelle de la famille mondiale ou Mgr Renato Martino, président du Conseil Pontifical Justice et Paix qui affirme que la guerre préventive est une guerre d'agression et ne rentre pas dans la définition de la guerre juste D'ailleurs, la plupart du temps, elle n'est pas autorisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Pour ces raisons une guerre préventive est illégale au regard du droit international depuis 1945. Pour autant, cette notion est au cœur de l'utilisation moderne du concept de guerre juste. [...]
[...] La guerre est liée à des intentions et des décisions qui sont de nature morale. Il défend une position qui repose sur l'affirmation de principes moraux en matière de guerre, liés à la reconnaissance de principes moraux universels. Ainsi, selon Walzer, le domaine de la guerre ne peut pas et ne doit certainement pas être séparé du champ de réflexion moral général. On peut noter que ces principes moraux au sujet de la guerre doivent notamment prendre en compte deux séries de problèmes : d'une part la finalité de la guerre et donc le jus ad bellum au sujet de la légitimité d'une intervention militaire c'est-à-dire une cause juste et d'autre part, les moyens de parvenir à l'objectif de la victoire, et donc le jus in bello, à propos des techniques et des actes de guerre, il s'agit de ce qu'il décrit comme la justice des moyens Ainsi, nous remarquons que l'armature théorique développée par Walzer fait référence à la tradition chrétienne, il y a apparemment des constantes morales dans l'expérience et la pensée de la guerre. [...]
[...] Si l'on peut critiquer les interventions en Irak et en Serbie, elles ont tout de même abouti à une paix, même si celle- ci demeure fragile. Les causes d'un conflit sont souvent complexes, les responsabilités des belligérants souvent imbriqués et les torts partagés. Il n'est donc pas évident de juger la situation et les intérêts en jeu. De plus, quand sont vraiment réunies toutes les conditions qui permettent de faire de la guerre une juste guerre, on peut se demander si celle-ci a encore une raison d'être. [...]
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