Les nations sont en proie au doute sur leur identité et leur avenir à l'heure où la globalisation est en marche et semble irréversible, à l'heure où les Etats concèdent des parts de plus en plus importantes de leur souveraineté à des organisations supra-nationales. N'aurait-on plus que le choix entre nationalisme et mondialisation ? On est donc en droit de se demander si les nations sont éternelles.
Pour apporter des éléments de réponses à cette interrogation légitime, il nous est apparu important au préalable de cerner ce qu'est une nation, au sens moderne, sa nature. Pour ensuite, dans un second temps, montrer que la nation en tant que projet politique traverse une crise et qu'elle est donc à repenser
[...] On parle donc de nation civique. Là encore, il ne pas oublier le contexte historique d'un conflit territorial avec l'Allemagne. qui doit être dépassée : la communauté de citoyens Cependant, cette opposition pour beaucoup d'auteurs ne rend pas compte de la réalité, chacune des conceptions intégrant forcément des éléments de l'autre. D'autant plus que face à la montée des nationalismes, il faut entendre par là les revendications des peuples à créer une nation indépendante, il était de plus en plus nécessaire de repenser la nation en dépassant cette opposition. [...]
[...] Ainsi, un certain nombre de poètes, de linguistes, et d'historiens ont été les principaux fabricants de légendaires nationaux, remettant en cause la classicisme qui fondait la culture européenne sur le monde gréco romain pour se tourner vers les âges barbares Il y a ainsi la fameuse épopée d'Ossian du poète écossais James Macpherson de 1761, le Kalevala (épopée finlandaise) ou encore les Chants populaires de la Grèce moderne de l'érudit Claude Fauriel publié en 1824 et les contes valaques des frères Schott s'inspirant largement des contes des frères Grimm. Le processus de construction : la première étape consista à chercher des ancêtres communs (les gaulois par exemple), il fallut ensuite trouver des héros et élire une langue nationale, enfin établir des monuments culturels, un folklore, des emblèmes, une mentalité particulière. On retrouve bien là la fabrication de communautés imaginées pour reprendre l'expression de Benedict Anderson, l'idée d'une production des identités à partir d'une check list identitaire. Les nations seraient donc que les fruits de l'imagination et du prosélytisme. [...]
[...] Nous souhaitons ouvrir ici une parenthèse. Avec la construction européenne, apparaît l'idée d'une citoyenneté supra-nationale entre nations ayant des pratiques constitutionnelles et des cultures politiques différentes. Avec le développement d'internet, on découvre également le netizen (de net+citizen). On en vient donc à se demander si on se dirigerait pas vers une nouvelle forme de citoyenneté. Autrement dit, cela revient à se poser une question : la citoyenneté ne s'exerce-t-elle que dans le cadre d'une nation ? La citoyenneté étant fondamentale dans la réalisation du projet politique, la question mérite d'être posée. [...]
[...] La nation n'est par conséquent civique que si elle exclut de ses rangs des individus aux particularismes incompatibles avec elle. Pour certains, ce modèle est dangereux en ce qu'il menace les libertés individuelles. Hannah Arendt, dans son ouvrage Essai sur la Révolution dénonce ce déguisement de la nation Elle accuse l'identité nationale de produire du conformisme et d'uniformiser l'individu jusqu'à massifier la société. La naissance de la masse est totale lorsque le sentiment national est poussé à l'extrême. C'est ce que le nazisme et le fascisme nous ont enseignés en érigeant une société où l'individu se dissout dans le collectif jusqu'à perdre toute autonomie et toute liberté. [...]
[...] Une mutation radicale s'amorce aujourd'hui avec la mondialisation, pour laquelle la nation n'est, selon elle, plus appropriée. Il faut donc qu'une nouvelle force de cohésion garante de la démocratie vienne la remplacer. Celle ci ne découlera pas automatiquement des futures formes de la vie économique. Et Anne Marie Thiesse de rappeler que la formation d'une identité collective est une construction militante, associée à un projet politique Conclusion Ainsi pour conclure, on peut donc dire que si la nation et son projet sont en crise, le texte d'un nouveau projet politique reste à écrire. [...]
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