La naissance des mouvements de défense de droits de l'homme en Argentine s'insère dans un contexte commun à l'Amérique latine, à savoir une dictature militaire. La dictature militaire argentine de la « junta » a été instaurée en 1976, mais l'état de siège règne dès 1974. C'est dans un contexte de peur, de suppression des libertés, et de terreur militaire, que des mouvements de défense des droits de l'homme naissent, où s'ils existent déjà, ils se renforcent. L'un des mouvements le plus symbolique en Argentine, et que l'on va étudier de près, est l'Association des Mères de la place de Mai, qui lutte, au départ, pour retrouver leurs enfants « disparus », plutôt enlevés par les militaires.
Nous avons choisi d'étudier ce sujet en essayant de l'examiner sous le prisme de l'originalité de ces mouvements. Comment un mouvement d'opposition, celui des « Mères » par exemple, a pu naître, se développer et militer dans une période dictatoriale une des plus violentes de l'histoire argentine ? Quelle était sa force ?
Nous verrons dans une première partie les circonstances de l'émergence des mouvements de défense de droits de l'homme, puis le tournant de l'année 1978 que cela représentait dans leurs développements, et enfin nous nous interrogerons sur la légitimité de ces mouvements, notamment celui des « Mères », en démocratie.
[...] Deux d'entre eux vinrent marcher à leurs côtés sur la place, arborant leur badge pour décourager toute intervention policière. C'est à ce moment-là, qu'une des mères a lancé le slogan Ils les ont pris vivant, nous les voulons vivants ! Ce slogan reflète bien l'action des mères qui est simple et directe, mais qui est également hautement politique et éthique, lourde de sous-entendus Le soutien international Le Mouvement, aussi fragile était-il face à la brutalité du régime, trouvait de nouvelles forces dans l'écho qu'il commençait à rencontrer à l'extérieur. [...]
[...] Entre 340 et 365 camps de concentration, surnommés chupaderos, ont été recensés en Argentine dont la célèbre ESMA (Escuela Superior de Mecánica de la Armada) transformée en véritable centre de torture ou les détenus étaient électrocutés avec la picana, passés à tabac, les tortionnaires utilisaient aussi le submarino pour les asphyxier. Cependant comme ces exactions se perpétraient dans la clandestinité, la population a mis du temps à se rendre compte de l'atrocité de ces détentions. Ce qui a le plus marqué la société argentine et a finalement amené à l'émergence du premier mouvement des droits de l'homme ce sont les détentions-disparitions organisées par milliers, jusqu'à trente mille disparus selon les sources. [...]
[...] Elles sont également invitées en Suède, en Corée du Nord, au Canada, et en Australie. Cette lutte contre les violations des droits de l'Homme en Argentine est également reconnue par la communauté internationale, lorsque l'architecte et le militant chrétien, Adolfo Pérez Esquivel reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1980 (pour lequel les Mères ont été pressenties) Le renforcement des mouvements de défense des droits de l'Homme décrédibilise la dictature militaire C'est en août 1979 que l'Association des Mères de la place de Mai est formellement déclarée. [...]
[...] Quelle légitimité pour ce mouvement des droits de l'homme en démocratie ? 1. Un rôle primordial dans la transition démocratique Les mouvements des droits de l'homme argentins étant essentiellement des mouvements de recherche des disparus de la dictature, on aurait pu penser que le retour à la démocratie à partir de 1983 aurait marqué l'achèvement ou du moins le déclin de ces mouvements. Au contraire leur rôle est essentiel dès la chute du régime des militaires car les organisations de défense des droits de l'homme sont celles qui poussent les pouvoirs politiques à faire justice. [...]
[...] Alfonsín se contente de créer, sous la pression des mouvements de défense des droits de l'homme, la CONADEP, une commission nationale d'investigation sur les disparus et les crimes commis lors de la dictature militaire, cette commission rend un rapport de pages à Alfonsín le 20 septembre 1984 intitulé Nunca más. La CONADEP organise une marche pour les disparus à laquelle participent toutes les organisations de défense des droits de l'homme excepté les Madres de Plaza de Mayo qui ne veulent pas être mêlées à une action lancée par le gouvernement, c'est le début de la rupture du mouvement entre les Mères qui adoptent une position très radicale et ceux qui acceptent le dialogue avec le pouvoir en place. [...]
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