L'Occident porte une lourde responsabilité dans l'absence de démocratie en Orient.
Les pressions qu'aurait pu exercer la communauté internationale sur les dictatures arabes comportaient pour devoir moral l'évolution positive d'une région débarrassée de l'ère coloniale mais désormais totalement livrée à elle-même.
Loin d'amener les 22 Etats arabes à démanteler leur mode de production hérité du passé féodal, la complaisance de l'Occident sur les décennies de dictature y avait renforcé la paupérisation et l'absence de perspectives. D'autant que seule une amélioration des conditions économiques pouvait permettre de garantir une stabilité nationale et, dès lors, s'avérer porteuse d'une idée de progrès.
[...] En réalité il a franchi un cap qui en a transformé l'essence même. À telle enseigne que le mouvement est en train de changer sa dénomination en printemps islamiste Quant à sa fonction, loin du processus qui aurait pu mener à une réelle idée de progrès, elle s'est muée en arme de guerre au profit de puissances en confrontation au Moyen-Orient. C'est en Syrie que cette métamorphose est déterminante. La guerre qui s'y déroule menace, au-delà de l'ensemble des peuples du Moyen-Orient, la stabilité mondiale. [...]
[...] Elles exigent ce qui était auparavant considéré comme le propre de l'ancien oppresseur. Par ce nouveau départ, les peuples émancipés du schéma millénaire de soumission voulaient sortir de la spirale de confrontation, devenue stérile, contre l'Occident. Le schéma de pensée émergeant désormais émanait du seul représentant légitime du monde arabe. Des hommes et des femmes dont la voix était étouffée et qui, à présent, osaient descendre dans la rue pour crier leur soif de liberté. En adoptant, pour cela une posture occidentale, ils s'appropriaient les standards de la communauté internationale, modèle considéré comme universel. [...]
[...] Toujours est-il que certaines populations arabes s'apprêtaient à s'engager dans un processus démocratique inédit. Leur horizon devenait si dense, qu'elles avaient l'embarras du choix entre une grande variété de partis, aux références diverses. Dans cet accès soudain à la dimension démocratique, le politico-religieux, noyé dans la masse de formations, se contentait de conserver, voire de gagner, la sympathie, n'affichant pas le moindre empressement à atteindre le sommet de l'État. Malgré la fin de régimes autoritaires dans plusieurs pays, on avait le sentiment que la voie islamiste tendait à reporter délibérément l'échéance de son avènement. [...]
[...] Mondialisation des valeurs de liberté L'Occident porte une lourde responsabilité dans l'absence de démocratie en Orient. Les pressions, qu'aurait pu exercer la communauté internationale sur les dictatures arabes comportaient pour devoir moral l'évolution positive d'une région débarrassée de l'ère coloniale, mais désormais totalement livrée à elle-même. Loin d'amener les 22 États arabes à démanteler leur mode de production hérité du passé féodal, la complaisance de l'Occident sur les décennies de dictature y avait renforcé la paupérisation et l'absence de perspectives. [...]
[...] Les Arabes en appelaient au monde libre, obéissant au même phénomène que dans les pays de l'Est peu avant la chute du mur de Berlin. Mais tandis que les manifestants européens communiquaient alors par téléphone, la révolution arabe est facilitée par la globalisation, chacun pouvant, dans l'instant même, s'approprier la révolution et la répandre. Le fer de lance de ces mouvements ? Le réseau social Facebook, lui-même instrument de la mondialisation. Les idéaux de la philosophie des lumières (à laquelle les penseurs arabes médiévaux avaient, en leur temps, contribué) devenaient, par leur internationalisation, la propriété des peuples du monde entier. [...]
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