Il convient de s'interroger sur les rapports entre mondialisation et démocratie, sur les liens qui existent entre ces deux phénomènes. Dans quelle mesure la mondialisation peut-elle permettre la mondialisation d'un système politique dominant qui serait la démocratie occidentale ? Selon quels procédés ? Comment caractériser l'idéal démocratique tel qu'il est véhiculé par la mondialisation ? Si la mondialisation conduit formellement à l'uniformisation de la démocratie, elle ne conduit pas nécessairement à l'uniformisation de la démocratie en tant que culture. Bien plus, le dogme de la démocratie de marché peut constituer un danger pour la démocratie elle-même
[...] cit.) : [ ] la démocratie n'est pas seulement une technique garantissant une alternance potentielle par le biais d'élections, mais [ ] toute une série de pratiques institutionnelles ou non institutionnelles capables de garantir la représentation équitable des intérêts et leur expression en dehors des élections Dans cette perspective, la corrélation entre mondialisation et démocratie apparaît comme plus complexe : Soit que la mondialisation ne peut garantir le développement de cette démocratie comme culture, comme le soutient Laïdi Soit qu'elle peut le garantir, mais en sortant de la problématique en termes d'importation pour réfléchir en termes d'appropriation, comme le prétend Jean-François Bayart (Jean-François Bayart : Pour une ‘doctrine française' de la démocratie in Le Débat, sept-oct 2001) 1. Temps mondial vs. temps démocratique On a caractérisé la mondialisation comme une compression de l'espace et du temps. Elle établit un culte de l'immédiateté et de l'instantanéité. Or, on peut se demander si cette conception du temps n'est pas incompatible avec le temps de la démocratie, qui, pour Laïdi, s'inscrit dans le long terme. La mondialisation tend à réduire la démocratie à une revendication exigible immédiatement (Zaki Laïdi, Op. cit.), à une recette miracle. [...]
[...] En revanche, elle ne conduit en aucun cas à une uniformisation de la démocratie en tant que culture intériorisée. Et si l'on veut penser l'universalisation de la démocratie en tant que culture dans le cadre de la mondialisation, il convient alors d'abandonner la perspective d'importation et d'imposition de la démocratie pour penser en termes d'appropriation et de réinvention de la différence D'autre part, l'idéal démocratique tel qu'il est véhiculé par la mondialisation démocratie de marché et doxa de l'ajustement structurel- met à bien des égards la démocratie en péril, en aliénant la souveraineté populaire par privatisation des Etats, mise au second plan du politique, et volonté d'imposition de modèles extérieurs. [...]
[...] Il y a alors dans une certaine mesure aliénation de la souveraineté populaire. Le peuple est privé de l'initiative. Cela est surtout vrai en Afrique avec les plans d'ajustement structurel. La conséquence est que par exemple en Ouganda, en Angola ou en Algérie, le recours à la guerre devient pour le peuple le moyen de recouvrer cette souveraineté populaire bafouée par l'imposition de la démocratie. Il y a réduction du débat démocratique par effacement de toute alternative possible à l'importation de la démocratie occidentale, et syphonage des contre-élites révolutionnaires. [...]
[...] La mondialisation conduit à l'uniformisation de la démocratie formelle 1. Un constat : une mondialisation de la démocratie Depuis les années 1980, on assiste à une universalisation de la démocratie, qui remplace peu à peu les régimes autoritaires : en Amérique Latine, en Afrique, puis après la chute de l'Empire soviétique, en Europe de l'Est et balkanique. Ainsi serait vérifiée la prédiction de Francis Fukuyama qui parlait de fin du monde qui serait l'avènement de la démocratie dans le monde entier. [...]
[...] Elle se caractérise en outre par une uniformisation des systèmes économiques et l'avènement de l'économie de marché. Ainsi, il est tentant de rapprocher ces deux phénomènes : de même qu'il existe une mondialisation des systèmes économiques, on assisterait à une mondialisation des systèmes politiques. Et l'enfant hybride de la mondialisation et de la démocratie serait alors la démocratie de marché concept aux contours flous qui signifie que libre marché et démocratie sont synonymes, que l'entrée dans la mondialisation économique entraîne naturellement une démocratisation des institutions. La mondialisation serait donc un formidable accélérateur des transitions démocratiques. [...]
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