La mondialisation est un processus continu et irréversible qui a conduit à une interdépendance et à une proximité accrue des espaces planétaires (I). Le processus de mondialisation contribue néanmoins depuis peu à un véritable bouleversement du système international qui se traduit par un relatif dépérissement de l'État et par une multiplication des fractures et des oppositions (II)
[...] La mondialisation, continuité et nouveautés Introduction La mondialisation, mise en lumière par la fin de la bipolarité, n'est pas un phénomène nouveau. Ainsi, l'intégration des Amériques dans le système des économies européennes au XVIIème siècle ou le développement des modes de production et d'échanges capitalistes à la fin du XIXème siècle constituaient déjà des formes primitives mais bien réelles de mondialisation. Le phénomène actuel tranche néanmoins par son ampleur car il touche désormais la majorité des activités humaines. Cette interdépendance au niveau planétaire suscite dès lors espoirs et craintes: synonyme, pour certains, de paix et de prospérité elle est pour d'autres annonciatrice de nouvelles turbulences difficilement maîtrisables. [...]
[...] La mondialisation va dès lors se développer en plusieurs étapes. La première étape est franchie à la fin du XIXème siècle: on assiste alors à d'importants mouvements de biens et de personnes. Les firmes s'ouvrent vers l'extérieur en développant leurs exportations ce qui provoque une explosion du commerce international qui double tous les vingt ans à partir de 1850. En 1914, les capitaux britanniques à l'étranger représentent déjà une fois et demi le produit intérieur brut du pays. Les mouvements de population prennent également une grande ampleur. [...]
[...] Mais la mondialisation, sous ses formes nouvelles et radicales, conduit paradoxalement à une remise en cause de l'équilibre et de la stabilité du système international: en menaçant la souveraineté étatique et en bouleversant l'ordre social, la mondialisation aggrave les inégalités et crée de nouvelles formes d'exclusion ce qui ne manque pas de soulever un certain nombre d'oppositions voire de replis identitaires. La mondialisation, processus continu, multidimensionnel et irréversible doit donc être maîtrisée ce qui implique le développement d'instances internationales de régulation efficaces afin d'aboutir à une véritable gouvernance à l'échelle mondiale et d'éviter ainsi l'anarchie de la société internationale. [...]
[...] La dynamique de la mondialisation réaliserait ainsi " la fin de l'histoire". L'écroulement de l'Union soviétique a donc signifié la fin de l'affrontement entre deux idéologies à prétention universelle, entre deux processus de mondialisation concurrents. Pour autant, la fin de la bipolarité n'a pas modifié fondamentalement les caractéristiques du phénomène de mondialisation, processus continu qui conduit au renforcement de l'interdépendance et de la proximité des espaces planétaires Interdépendance et proximité des espaces planétaires L'intégration croissante des espaces économiques et financiers Avant d'être sociale, culturelle ou scientifique, la mondialisation est d'abord un phénomène économique et financier. [...]
[...] La CNUCED recensait en 1997 environ firmes multinationales contrôlant près de filiales contre à peine vingt ans plus tôt. Ces entreprises assumeraient près de trois quarts des échanges mondiaux de biens manufacturés, dont une bonne partie découlerait du commerce qu'elles font avec leurs filiales ou que ces dernières développent entre elles. L'expansion de ces entreprises a signifié une concentration sans précédent de la puissance économique puisqu'elle est allée de pair avec la croissance de structures oligopolistiques dans les principaux secteurs de la production, des services et de la finance. [...]
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