Le principal référent qui aide le réalisme à trouver sa voie à travers le paysage de la politique internationale est le concept d'intérêt défini en termes de puissances ». Considéré comme la source principale de la théorie réaliste classique des relations internationales, Hans Joachim Morgenthau (1904-1980) est un universitaire renommé. D'abord enseignant en Allemagne, il part poursuivre sa carrière à Chicago dès 1937 où il rencontre Edward Carr. Son ouvrage principal, Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace, publié en 1948 après les deux guerres mondiales peut être considéré comme la « bible » du réalisme classique.
Deux postulats fondent la théorie réaliste de Hans Morgenthau. Le premier considère que l'intérêt national d'un Etat se définit en termes de puissance, le second note que le seul moyen d'assurer une stabilité au sein du système international est l'équilibre des puissances. Cette définition de l'intérêt national est le fruit d'une vision des relations internationales : la structure est anarchique et conflictuelle. Dans un tel contexte, les Etats veulent assurer leur sécurité. Or, cette sécurité inclut plusieurs éléments. Tout d'abord l'intégrité territoriale : l'Etat doit pouvoir s'assurer de la sécurité de ses frontières, l'indépendance politique et l'identité culturelle. La sécurité de l'Etat dépend donc de la position que ce dernier occupe dans le système international par rapport aux autres Etats. Pour Morgenthau, cette position est déterminée par la distribution de la puissance dont dispose chaque unité. En outre, l'intérêt national n'étant défini qu'en termes de puissance, il ne serait être orienté par les volontés personnelles du chef de l'Etat : la puissance est la seule motivation, la seule qui participe à la construction de la politique étrangère. Dès lors, la politique extérieure parce que plus importante, prime sur la politique intérieure. Cette conception se comprend encore mieux lorsqu'on l'oppose à celle des libéraux pour qui l'intérêt n'est pas défini en termes de puissance mais est issu des préférences sociétales. Prenant l'individu comme acteur unique de la politique internationale, l'intérêt national ne peut être unitaire mais pluriel, il n'est pas figé mais évolue avec les préférences des acteurs sociétaux dominants. Ainsi, l'incommensurabilité interne externe définie par Morgenthau est complètement réfutée. L'intérêt n'est pas dénué de considérations internes, ni même d'idées et valeurs ; les politiques étrangères ne visent pas uniquement la puissance mais aussi le bien-être ou encore l ‘éthique. Elles peuvent donc êtres par exemple influencés par la religion de l'homme d'Etat ou encore ses aspirations philosophiques ou idéologiques.
[...] Pour exemple, la précarité de l'ordre établi par les traités de Westphalie peut se vérifier au niveau des Etats nouvellement créés. Il a été vu que l'Empire est morcelé en 350 Etats dont les décisions, notamment en matière de politique extérieure, relèvent d'une diète où ils ont un droit de suffrage. Les conclusions des négociations de Münster postulent que ces décisions ne se prendront qu'à la majorité. Or la reconnaissance des différentes confessions au sein de cet Empire divisé induit des conflits inéluctables dès lors qu'il s'agirait d'un suffrage concernant les affaires religieuses. [...]
[...] Signés en 1648, ils sont conclus à Münster entre le roi de France, le roi d'Espagne, et les représentants de l'Empereur. La négociation s'établit également à Osnabrück, pour les affaires intéressant la Suède et l'Empire. Mettant fin à une guerre complexe, aux mobiles à la fois religieux et politique, ils sont précédés de nombreuses réflexions autour du thème comment penser la paix ? Les thèmes abordés sont alors relatifs au droit des gens, à la juridiction étatique ainsi qu'aux relations interétatiques. [...]
[...] The Struggle for Power and Peace, op.cit. p.5 Ibid MORGENTHAU H., Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace, op.cit. p.5 MALIS C., Raymond Aron et le concept de puissance, http://www.stratisc.org/act/Malis_POWERII.html p.1 CARR E.H, The Twenty Year's Crisis, New-York, Palgrave p.46-47 MORGENTHAU H., Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace, op.cit. p.5 Ibid MORGENTHAU H., In Defense of National Interest, New York, Knopf p.242 RUSSET B., Controlling the Sword. The Democratic Governance of National Security, Cambridge, Harvard University Press p.49 MORGENTHAU H., Politics among Nations. [...]
[...] Pour ce dernier, lorsque les capacités sont réparties de façon égalitaire entre les différents Etats, aucun ne peut imposer sa volonté à un autre et s'assurer du résultat. La politique d'équilibre se traduit ainsi par des alliances et une diplomatie habiles. Ainsi, lorsqu'une puissance cherche à bouleverser cet équilibre, les autres n'hésitent pas à recourir à des pratiques diplomatiques ou de violence armée pour le maintenir. Le but de cette politique d'équilibre n'est pas la paix dans la mesure où peuvent persister des recours à la force - mais la stabilité. [...]
[...] p.4 HOBBES T., Le Léviathan traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile titre 1 De L'homme trad. française François Tricaud, Paris, Sirey p.123 MORGENTHAU H., Politics among nations, The Struggle for Power and Peace, op.cit. p.517 BATTISTELLA D., Théories des relations internationales, op.cit. p.114 BATTISTELLA D., Retour de l'Etat de guerre, Paris, Armand Colin p.25 KISSINGER H., Diplomatie, op.cit., p.46 LEBRUN F., L'Europe et le monde, Paris, Armand Colin p.120 MORGENTHAU H., Politics among nations, op.cit. [...]
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