Les relations internationales dans les années 90 furent marquées par un changement de cap dans la coopération entre Etats. Alors que la logique bipolaire favorisait les accords de sécurité, la disparition du bloc soviétique entraîna de nouvelles stratégies de puissance axées sur les accords commerciaux. Ainsi, l'Accord de Libre Echange Nord Américain, signé le 7 octobre 1991 et entré en vigueur le 1er janvier 1994, soit près de deux siècles après le message du président Monroe représente pour sa part une étape majeure dans l'histoire du dialogue interaméricain. En rassemblant Canada, Etats-Unis et Mexique dans un même espace économique, l'ALENA est le premier acte fort de la nouvelle politique américaine post-bipolaire sur le continent, politique que certains ont pu identifier comme un « retour du panaméricanisme ».
Dans ce contexte, on peut se poser la question des bénéfices de chaque partie dans un tel accord. A qui profite en effet l'ALENA ? Comme l'a justement noté Kimon Valaskakis, ambassadeur du Canada auprès de l'OCDE, en 1997 :
« Comment développer une relation consciente et réaliste avec les Etats-Unis sans se faire absorber par eux ? »
Dans le cas du Mexique, la question est cruciale. En effet, en intégrant le projet états-unien d'une progressive régionalisation économique du continent américain, le Mexique ne risque-t-il pas d'y perdre son identité propre?
Nous essaierons de répondre à cette question en abordant deux aspects de l'accord de libre-échange nord-américain. Tout d'abord, nous montrerons comment l'ALENA obéit à une stratégie continentale à long terme des Etats-Unis où le Mexique joue le rôle de pivot géopolitique. Puis dans un second temps, nous analyserons l'impact que l'ALENA a sur le Mexique, en soulignant les sacrifices auxquels ce dernier a dû consentir et les résistances identitaires qui en sont la résultante.
[...] BIBLIOGRAPHIE MUSSET Alain, Géopolitique du Mexique, Paris, Editions Complexe VALLADAO Alfredo G. A., Le Retour du Panaméricanisme, Paris, Les Cahiers du CREST HAKIM Peter, LITAN Robert E. (Eds.), The Future of North American Integration : Beyond NAFTA, Washington, Brookings Institution Press AZUELOS Martine, COSIO-ZAVALA Maria Eugenia, LACROIX Jean-Michel, Intégration dans les Amériques: dix ans d'Alena, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle MAYER Frederick, Interpreting NAFTA: the science and art of political analysis, New York, Columbia University Press CORDONNIER Christophe, Mexique face aux défis de l'Alena: géopolitique et identité” in Problèmes d'Amérique Latine, oct-dec 1997, pp. [...]
[...] Elle s'est achevée dans la déconfiture économique et le discrédit international. Il n'en reste pas moins que la position privilégiée dont bénéficie le Mexique au sein de l'Amérique latine achevait de convaincre Washington qu'un tel partenariat aurait les effets domino souhaités. B. Une puissance énergétique convoitée Elément géoéconomique tout aussi important dans la stratégie américaine : les hydrocarbures mexicains. En effet, la plus importante ressource du pays est le pétrole, extrait principalement dans les États de Veracruz, de Tabasco et de Chiapas; sa production est contrôlée par une compagnie d'État, la toute-puissante Pemex. [...]
[...] En effet, le 18 mars 1938, un décret promulgué par le Congrès mexicain nationalisa toutes les entreprises pétrolières travaillant sur le sol mexicain. Pemex fut ainsi créée. Ainsi le 11 novembre 2002, le président Vicente Fox Quesada a répété devant la Confédération de l'Industrie Britannique, le plus important syndicat patronal britannique, qu'il ne privatiserait pas Pemex. Un mois plus tard, le 11 décembre 2002 : certains ouvriers, pour protester contre la sous-traitance de certains travaux à des Chinois, ont fermé le puit de pétrole Tecominoacán 117. [...]
[...] Il y a néanmoins une Commission de libre- échange qui procède par voie consensuelle, et des procédés de règlement des différends institués par l'accord. Ce que l'on constate en analysant les échanges économiques entre les trois membres c'est que les gains américains sont faibles. Ils n'ont pas à attendre de l'ALENA une expansion significative de leurs échanges. Unir Canada et Mexique ne se justifie par ailleurs que d'un point de vue de la proximité géographique, les échanges entre les deux pays demeurant quasi- inexistants. D'un autre côté, les Etats-Unis sont depuis longtemps le premier partenaire commercial du Mexique et son premier investisseur étranger. [...]
[...] L'objectif principal de l'ALENA apparaît être géopolitique. Il s'agit de déployer des pions, d'absorber un pivot géopolitique, le Mexique. Captation d'un Pivot géopolitique A. Au carrefour de l'Amérique du Nord et de l'Amérique latine Alors tout d'abord il nous faut nous intéresser à la spécificité mexicaine qui fait du pays un pivot géopolitique. De façon traditionnelle, la géographie politique du continent américain opposait une Amérique anglo-saxonne au nord à une Amérique latine au sud. Un simple coup d'œil à une carte permet de voir que le Mexique est un pays de transition entre l'Amérique du Nord et l'Amérique latine. [...]
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