Dans quelle mesure la nature de la politique étrangère saoudienne s’inscrit-elle dans un cadre religieux islamique, et plus précisément, wahhabite ?

Thèmes abordés

Politique étrangère saoudienne, Wahhabisme, politique extérieure, Islam, Organisations internationales islamiques, Arabie Saoudite, Etats-Unis

Résumé du document

« Saudi Arabia is still a country where the form of Islam known to outsiders as Wahhabism prevails and influences all decisionmaking, but this fact does not exclude the kingdom from the American embrace any more than it ever did” (Lippman: 133; 2009). Cette déclaration témoigne de la situation très particulière dans laquelle l'Etat saoudien exerce son pouvoir, jonglant entre ses intérêts religieux d'une part, et un pragmatisme politique certain d'autre part.
Le Wahhabisme est une doctrine née dans la péninsule Arabique au milieu du XVIIIe siècle avec les enseignements de Muhammad ibn Abd al-Wahhab qui cherchait à ramener l'Islam à ses fondements et pratiques de l'époque du prophète et à le débarrasser des innovations étrangères. Placés sous la protection de la famille des Saoud, ses enseignements s'étendront à tous le pays quand ces derniers établiront le royaume d'Arabie Saoudite dans les années 1920 (Gold : 2006).

Extraits

[...] La dimension religieuse, et plus précisément Wahhabite de la diplomatie Saoudienne, s'inscrit donc parfaitement dans cette opposition au chiisme ; ennemi juré du royaume des Saoud. Néanmoins de telles organisations coûtent très chères et ce même pour l'Etat Saoudien ; c'est pourquoi Muhammad ibn Fayçal, fils de l'ancien roi du royaume Fayçal, crée avec d'autres investisseurs musulmans deux banques islamiques privées : Dar Al Mal Al Islami et Dallah Al Baraka qui participent activement au financement des ONG Saoudiennes en Afghanistan et en Europe et donc à renforcer la diplomatie Saoudienne et sa dimension religieuse (Sfeir; 423 : 2009). [...]

[...] Sciences-Po Paris le 09 Décembre 2010 Dans quelle mesure la nature de la politique étrangère saoudienne s'inscrit-elle dans un cadre religieux islamique, et plus précisément, wahhabite ? « Saudi Arabia is still a country where the form of Islam known to outsiders as Wahhabism prevails and influences all decisionmaking, but this fact does not exclude the kingdom from the American embrace any more than it ever did” (Lippman: 133; 2009). Cette déclaration témoigne de la situation très particulière dans laquelle l'Etat Saoudien exerce son pouvoir, jonglant entre ses intérêts religieux d'une part, et un pragmatisme politique certain d'autre part. [...]

[...] Ainsi l'alliance entre l'Arabie Saoudite et les Etats Unis et les liens de ce dernier avec l'Etat Hébreux ne semblent pas s'inscrire dans la logique d'une diplomatie à caractère religieux. Par ailleurs même si Riyad a toujours soutenu ses voisins arabes dans leurs différents conflits avec Israël, notamment en utilisant l'arme pétrolière en 1973, il a toujours montré peu d'entrain à l'idée de se mettre en première ligne (Charillon: 159; 2004). Il semble donc y avoir un décalage encore une fois entre ce rôle de «grand frère» que le royaume entend assumer envers ses voisins arabes et les prises de risques impliquées par ce statut (Charillon; 159: 2004); qui parait ne pouvoir s'inscrire que dans le cadre d'une diplomatie plus engagée. [...]

[...] Gold, D ; 2006 L'Arabie Saoudite et les Racines du Djihad Planétaire Cairn ; pp 255-268. [...]

[...] La coopération étroite entre la diplomatie Saoudienne et l'Inter-Services Intelligence les renseignements pakistanais, permet au royaume de s'implanter durablement en Asie du Sud pendant le conflit et d'exporter son approche Wahhabite de l'Islam à d'autres groupes religieux. Le rôle des ONG Saoudiennes dans ces conflits fût essentiel pour diffuser le discours officiel de Riyad. Ainsi l'International Islamic Relief Organization (IIRO), basée à Djeddah, considérée comme la plus grande ONG islamique au monde, est particulièrement présente dans les Balkans, le Caucase et en Afrique sub-saharienne, tout comme la fondation Al-Haramein à vocation religieuse et humanitaire et active lors des grandes catastrophes naturelles qui touchent les musulmans (Gold: 2006). [...]