La criminalité organisée constitue une menace bien connue et ancienne qui depuis plus d'une trentaine d'années s'est accrue et a transformé ses modes d'action.
Parmi les trafics les plus lucratifs de la criminalité transnationale organisée se trouve en première place le trafic de stupéfiants, pris au sens large. Le trafic de drogues, déjà présent au cours du XIXe siècle, s'est largement développé au cours du XXe siècle au fur et à mesure que progressaient les connaissances et les techniques chimiques et pharmaceutiques et que s'effritaient les monopoles des États coloniaux sur leur trafic. En effet, il faut entendre par trafic de stupéfiants, trois catégories de produits :
- les stupéfiants ;
- les substances psychotropes ;
- et les précurseurs chimiques.
[...] L'exportation des méthodes militaires Dans le cas des zones de guerre civile où le trafic de drogues est particulièrement important, les méthodes militaires de lutte ont été préconisées pour détruire les centres de production. L'épandage, c'est-à-dire la dispersion par des moyens aériens de défoliants, a été vigoureusement critiqué, car menaçant directement les cultures sans réelle distinction, mais également les populations civiles. Ces moyens militaires, hérités de la guerre du Vietnam, ont été exportés dans la guerre contre les FARC et les groupes paramilitaires en Colombie. Les mesures de répression sont-elles un échec ? [...]
[...] Les stupéfiants ont toujours accompagné les soldats au front et ceci, y compris dans les conflits récents. L'étude d'Alfred McCoy en 1972, intitulée The Politics of Heroin in Southeast Asia insiste sur la consommation massive d'héroïne par les soldats américains durant la guerre du Vietnam ; alors que les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont été celles des amphétamines. Socio-économie des drogues Le trafic de stupéfiants n'est pas seulement lié aux cas des guerres civiles, mais peut s'épanouir également dans le cadre d'un statu quo avec les autorités nationales. [...]
[...] Alliant les justifications morales et sanitaires, les Etats occidentaux renforcent les politiques nationales et internationales de lutte contre le trafic de stupéfiants. Toutefois, ces moyens semblent s'être révélés apparemment peu efficaces, puisque la production et la consommation n'ont cessé de croître depuis ces dernières années. Bien qu'ayant ses propres logiques de fonctionnement, le trafic de stupéfiants a suivi les grandes évolutions de la criminalité organisée et notamment le renforcement des polytrafics et la mutualisation des routes de transit. Accusé de financer les mouvements de guérilla et les organisations terroristes, le trafic de stupéfiants a aussi été la cible d'Etats et de coalitions militaires sur des zones de conflits très ciblées visant à éradiquer la production. [...]
[...] Le trafic de stupéfiants est un trafic par essence extrêmement mouvant. Une lutte efficace est donc difficile à mettre en œuvre au niveau national, mais suppose une coordination beaucoup plus large des efforts de lutte au niveau régional. Les possibilités financières considérables offertes toutefois par ce trafic conduisent les Etats, les groupes rebelles et les populations locales à maintenir une forte résistance pour le maintien de cultures bien plus rentables. La lutte contre le trafic de stupéfiants n'est donc pas un enjeu anodin, mais implique les Etats qui prônent la lutte contre BIBLIOGRAPHIE : - Carpenter How the Drug War in Afghanistan Undermines America's War on Terror, Foreign Policy Briefing, CATO Institute, November - Chouvy Trafic de drogue: les routes de l'héroïne entre l'Asie et l'Europe, in Questions internationales, Mondialisation et criminalité, Novembre-Décembre 2009 - Chouvy Drugs and the Financing of Terrorism, Terrorism Monitor, Volume Issue 20, October - Chouvy (P.-A.) et Laniel Rapport : Production de drogue et stabilité des Etats, CERI et SGDN, Mai 2006 - Estievenart L'Union européenne et les stupéfiants, d'élargissement en élargissement, Travail de recherche auprès du Département Menaces Criminelles Contemporaines de Paris II, février 2005 - Estievenart Afghanistan : 2008, le tournant ? [...]
[...] Cette collusion recherchée avec l'appareil étatique ne signifie pas l'absence de recours à la violence (assassinats, racket, enlèvements Contrairement aux objectifs révolutionnaires des mouvements terroristes, les organisations criminelles sont par essence conservatrices Cette profonde intégration n'est pas seulement visible dans les pays en développement où les organisations criminelles et trafiquants siègent au gouvernement ou dans les Parlements nationaux (taliban et Alliance du Nord en Afghanistan, junte militaire birmane, Mexique ) mais a longtemps été l'une des pierres angulaires de certains régimes politiques occidentaux comme les milieux politiques locaux voire nationaux américains et français dans les années 1960 et 1970, la démocratie chrétienne italienne dans les années 1970-1980 avec la Cosa Nostra ou le PLD et les partis ultranationalistes japonais jusque dans les années 2000 avec la mafia yakuza. Le trafic de stupéfiants n'a pas manqué d'être instrumentalisé par des Etats. A titre d'exemple, les services secrets pakistanais se sont largement impliqués au cours de la guerre civile en Afghanistan dans le trafic de stupéfiants de ce pays pour financer ses activités. [...]
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