Les études classiques de la prise de décision de politique étrangère sont restées dominées par la théorie des jeux. L'intérêt poursuivi par les acteurs, les calculs de perte et profits, la nature de la rivalité entre eux durant ou avant les moments des crises, les différends qui les opposent et qui appelant à un compromis, la nature des informations dont ils disposent sur le sujet et sur le comportement de l'adversaire sont autant des concepts clés qui intéressent les analystes de la théorie des jeux. Le premier décideur, le Chef de l'Etat, considéré comme l'unique source d'inspiration des choix, disposant de monopole de décision est dans la plupart des analyses présenté comme acteur rationnel qui ne choisit qu'au moment opportun et en fonction des calculs basés sur les coûts et les pertes. Conçue par les mathématiciens John Von Neuman, John Forbes, John Harsany et Reinhard Selten et copiée par les politologues d'expression anglo-saxonne, cette théorie a dominé longtemps l'enseignement des théories des Relations Internationales, dans le volet de processus de prise de décision.
Ainsi, les études consacrées aux solutions des crises affectant les relations internationales ont été inspirées grandement par cette approche de « jeux ». Les auteurs intéressés à comprendre des solutions à des crises impliquant les Etats-Unis et l'ex-URSS durant la guerre froide ont davantage été fascinés par ce modèle. Notons en passage les travaux d'Allan Schmidt C. (1994). Le recours à cette théorie avait-il pour but de doter la discipline d'une méthode scientifique rigoureuse en vue de combler les lacunes des méthodes dites des sciences non exactes ? Si oui, la théorie des jeux suffit-elle, elle seule à aider à comprendre tous les phénomènes des relations internationales ? L'exactitude mathématique convient-elle à aider à comprendre le comportement des acteurs, des êtres humains ? La théorie des jeux peut-elle aider à prédire ou tout simplement à interpréter les choix passés, négociés souvent entre les mûrs à l'abri des analystes, obligés de s'inscrire dans la logique de conclusions obtenues et sur la base des présuppositions ?
[...] Nous partons donc de l'hypothèse que deux styles de politique étrangère distinguent la période de Mobutu de celle de Laurent Désiré Kabila. La première, marquée par l'existence de deux mondes : Est et Ouest, était davantage dominée par les choix pragmatiques, tandis que la seconde marquée par le retour de l'institutionnalisme au niveau des rapports entre les Etats a conduit le Congo de L.D. Kabila à la pratique de l'idéalisme. Mais avant d'en arriver là, reprenons pour notre compte le débat en cours sur la rationalité des décisions de politique étrangère. [...]
[...] Kabila et des autres dirigeants aurait déclenché en Kabila les prismes des images aussi négatives encrées dans son fond intérieur, sur les rapports entre la Belgique et son ex colonie. C'est-à-dire, la rigidité de Karel de Gucht, traitant tous les dirigeants congolais durant la transition, d'enfantins, des personnalités incapables d'assumer leur rôle majeur dans les recherches des solutions à la crise, incapables de convaincre leurs partenaires, corruptibles et n'assumant pas leurs responsabilités devant l'histoire ; incontrôlables et désobéissantes, ces images ont eu comme réactions : la rigidité et le manque de toute collaboration de la part de ceux à qui les critiques de Karel étaient adressées. [...]
[...] Mais les choix politiques sont étroitement liés au rang qu'ils occupent dans le concert des nations. Par exemple, Mobutu, fort rassuré de la position de l'Etat pivot occupée par son pays durant la bipolarité, avait su utiliser cet avantage pour décider souvent vis-à-vis des autres partenaires, y compris la Belgique avec un certain degré d'autonomie. Le caractère du système, entendez : la guerre froide, lui a considérablement permis d'assumer le leadership au sein des organisations africaines. Son attitude de disposer d'une large marge de manœuvre s'explique aussi, compte tenu de l'importance occupée par son pays dans le commerce des quelques minerais qui étaient importants dans l'industrie occidentale. [...]
[...] Il arrive de fois que l'on déplore l'encombrement des couloirs des conférences et des rencontres par la profusion des experts. Les uns sont choisis pour leurs réelles connaissances des dossiers tandis que les autres le sont pour leur appartenance aux sectes politiques, entendez : des réseaux, des alliances, des connaissances, des affinités de tout genre. Ainsi, rien n'étonne l'opinion qu'on assiste à des accusations des uns contre ceux ne disposant pas de dossiers détaillés et solides sur des questions traitées. [...]
[...] Il n'est pas appelé à conduire au quotidien la politique étrangère congolaise, néanmoins ses recommandations et ses contacts peuvent conduire à une interférence dans bon nombre des décisions prises par l'Exécutif. Et tous les spécialistes admettent que les conflits qui en résultent, liés à l'excès des rôles notés dans le chef des institutions sont fréquents. A ce sujet, on peut bien se mettre d'accord que les nombreuses critiques formulées contre celui qui est considéré comme le décideur unique, à savoir le Chef de l'Etat relèvent de l'ignorance du public quant au rôle que les divers services assument. [...]
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