Le 1er septembre 1969, un militaire inconnu, le colonel Muammar al-Kadhafi, alors âgé de vingt-huit ans, renversait le roi Idris al-Sannsi, s'emparait du pouvoir et proclamait la République arabe de Libye. Depuis, il a souvent tenu le devant de la scène arabe et internationale. Héraut de l'islam, champion de l'unité arabe, défenseur du socialisme islamique qui renvoie dos à dos le « communisme athée » et le « capitalisme occidental ». promoteur d'une révolution culturelle à vocation musulmane, adepte de l'industrialisation et de la fertilisation du désert, partisan de la récupération des richesses nationales et de leur nationalisation, le jeune chef de l'État a lancé de multiples défis qui ont surpris autant les Occidentaux que les Arabes et soulevé bien des controverses.
[...] Comme tous les Bédouins, le colonel est un simplificateur qui ne s'embarrasse pas de subtilités inutiles. Simple, net, direct, plus prophète que chef d'État, il dit ce qu'il pense et fait ce qu'il dit. C'est, sans doute, ce qui a souvent dérouté les diplomates qui suivent la Libye du colonel Kadhafi. Bibliographie Portrait de Kadhafi in Maghreb, 48, nov.déc Paris / La République arabe libyenne in Notes et études documentaires, 3740-3741, Documentation française, Paris novembre 1970 / A. M. SCOTT, Procès à Kadhafi, Paris, 1973. [...]
[...] Construire ce pays avec l'argent du pétrole L'argent du pétrole est principalement utilisé à financer d'ambitieux projets de développement. Après une période de transition de deux ans, le premier plan triennal 1972-1974 a prévu 522 millions de dollars pour l'industrie et les ressources minières millions pour l'agriculture pour les transports (routes, ports, aéroports) pour l'habitat et les services publics pour l'éducation nationale pour les municipalités et 141 pour la santé publique. L'idée directrice est résumée par M. Gououd, ministre d'État chargé du développement agricole : Il faut construire ce pays avec l'argent du pétrole en prévision du jour où l'or noir jouera un rôle plus réduit ou sera épuisé. [...]
[...] Kadhafi n'a pas le choix, et c'est dans la morosité que les deux pays proclament, à la date prévue et pour sauver la face, le principe d'une telle union. Constatant la nouvelle déception du colonel Kadhafi, le président Bourguiba s'efforce de récupérer l'enfant prodigue dans l'ensemble maghrébin : il lance à la quatrième conférence au sommet des pays non alignés à Alger septembre 1973) l'idée d'une confédération qui regrouperait la Libye, la Tunisie, l'Algérie et la Mauritanie. L'Égypte n'est pas citée; serait-elle exclue? Interrogé à ce propos, le chef de l'État libyen s'est borné à répondre qu'une union ne devrait pas en exclure une autre. [...]
[...] Parallèlement, mais plus progressivement, la Libye va prendre le contrôle de son pétrole à partir de décembre 1971. Estimant que c'est grâce à la complicité de la Grande-Bretagne que l'Iran a pu occuper les îlots commandant le détroit d'Ormuz, à l'entrée du golfe arabo-persique, la Libye nationalise la British Petroleum. Prenant prétexte du soutien des États-Unis à Israël, le régime frappe ensuite de petites compagnies américaines indépendantes Bunker Hunt, Occidental avant de s'en prendre à d'autres plus importantes, comme Continental, Marathon, Amerada, regroupées avec Shell dans la société Oasis. [...]
[...] Il s'en explique en ces termes : C'est vers l'Orient que me portent ma raison et mon cœur, et les accords que nous avons signés avec l'Égypte et le Soudan vont dans le sens de l'unité du monde arabe. En voulant créer une union maghrébine séparée, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc risquent de retarder cette fusion et de rester longtemps encore tributaires de l'Europe. Les trois pays, auxquels devait adhérer ensuite la Syrie, constituaient à ses yeux un ensemble logique et cohérent qu'auraient dû rejoindre un jour les États arabes d'Asie, la Libye demeurant un trait d'union avec les pays du Maghreb pour les amener à se souder au Machrek. [...]
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