Jihadisme, Maghreb, groupe Al-Qaida, islamisme radical, Conseil de Sécurité
L'offensive du groupe radical EIIL en Irak tend à faire tache d'huile au Maghreb. On perçoit à travers les succès qu'engrange depuis deux ans ce groupe dans deux puissants États arabes, la Syrie et l'Irak.
Mais c'est depuis trois décennies que l'islamisme radical développe son épopée jihadiste, accumulant les succès tant politiques que militaires. Tout a débuté à l'époque de la guerre froide, en Afghanistan, où la CIA commençait à recruter les islamistes dans sa guerre contre l'armée soviétique. Le groupe Al-Qaida avait alors été mis à contribution pour bouter hors de ce pays les Russes et leurs alliés. On connaît la suite, un attentat à New York directement suivi d'une double invasion US, génératrice d'effarants réseaux de jihadistes. Aujourd'hui un des groupes issus de ce contexte fait beaucoup parler de lui.
[...] On réalise peu à peu que les régimes arabes laïques syrien et irakien auront permis de condenser la dimension jihadiste, la Libye développant quant à elle son chaos à son propre rythme et intégrer à terme la force militaire qui se fracassera tôt ou tard sur les armées des Etats arabes au Maghreb. En attendant, les luttes qui opposent actuellement les clans ennemis autour de l'aérodrome de Tripoli plongent la Libye dans la conflagration. Les autorités dépassées estiment désormais essentielle une intervention internationale. Car que pourrait bien tenter une force multinationale dans un contexte où chacun des innombrables clans libyens peut à tout moment entamer une offensive pour s'emparer d'un champ pétrolier ou d'un bâtiment officiel ? [...]
[...] Puis enfin celle de la péninsule arabique qui pourrait rapidement s'effondrer sous les offensives jihadistes. Les événements s'enchaînent donc rapidement et l'Occident ne semble pas avoir pris la mesure du phénomène. Les cataclysmes qui se dessinent au Mashrek comme au Maghreb ont pourtant le pouvoir changer lourdement la donne dans l'échiquier mondial. l'AQMI est un groupe islamiste autrefois appelé organisation salafiste pour la prédication et le combat Son association avec al-Qaida avait reçu l'approbation de Ben Laden. Sa zone de lutte se situe dans le Sahel (Mauritanie, Mali et Niger). [...]
[...] Le contexte libyen semble donc patiemment attendre l'afflux massif des groupes jihadistes aux membres devenus indésirables dans leurs 85 pays respectifs. Dans ce même pays où les Occidentaux avaient réalisé leur opération chirurgicale rasant l'infrastructure militaire du précédent régime, plongeant le pays dans la scission tribale et les guerres de clans. On peut constater que les puissances occidentales auront en fin de compte installé, à travers leur interventionnisme avalisé par le Conseil de Sécurité, un autre prototype de fractionnement au sein de l'État arabe. [...]
[...] À ce propos, comment s'y prendra l'EIIL pour amener l'AQMI force d'al- Qaida au Maghreb, à lui faire allégeance ? De la même manière - voire beaucoup plus facilement - qu'en Irak et en Syrie. Après ses victoires successives enregistrées au Moyen-Orient, il sera extrêmement aisé de prendre d'assaut certains États jugés vulnérables et limitrophes des zones où opère l'AQMI, avec ou sans l'aide de groupes en pleine expansion en Afrique tels que Boko Haram, déjà acquis à la cause de l'EIIL. [...]
[...] Le projet de l'État islamique et du Levant comporte un principe conçu pour englober le monde arabo-musulman, gommant les frontières définies par les puissances coloniales franco-britanniques aux XIXe et XXe siècles. En l'été 2014 on assiste par ailleurs à la fin progressive d'al-Qaida et la genèse d'une puissance qui tente de rassembler tous les jihadistes au sein du monde musulman. Car ce qui interpelle surtout, c'est l'idée d'Etat islamique et de Califat, qui tend à détrôner celle d'une nébuleuse al-Qaïda qui ne comporte pas le moindre relief territorial en dur. [...]
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