Sur une très grande partie de son histoire l'Asie du Sud-Est a été soumise au leadership d'un pays qui assurait la stabilité et la sécurité régionale, la Chine, dans le cadre d'un ordre politique et économique assez lâche. L'irruption des puissances occidentales en Asie au XIXème siècle a mis fin à cette «pax sinica» et l'ère de l'instabilité a commencé pour l'Asie du Sud-Est. Une fois le «gâteau chinois» partagé entre les puissances occidentales, il y avait en effet un vide dans lequel s'est engouffré le Japon qui a tenté de bâtir sa fameuse «sphère de coprospérité» qui en fait a profondément . Vaincu à l'issue de la Seconde guerre mondiale, le Japon s'est de nouveau détourné de l'Asie du Sud, c'est-à-dire ce que l'Occident appelle Asie du Sud-Est, pour se tourner vers les États-Unis et un modèle de puissance fondé presque uniquement sur la puissance économique, financière et commerciale. Le désengagement américain d'Asie au sortir de la guerre du Viêtnam et l'effondrement de l'URSS ont laissé un vide de sécurité en Asie. Le Japon, troisième puissance économique mondiale derrière les États-Unis et l'UE, aurait vocation à le remplir mais ...
[...] La problématique de la puissance régionale et du nationalisme est assez récente au regard de l'histoire du Japon. Contrairement à la Chine qui se décrit comme «l'Empire du Milieu», le Japon a toujours eu conscience, depuis l'époque des Tang (VII-Xème siècle) où il avait envoyé des ambassadeurs en Chine, de sa position périphérique. Il se repérait par rapport au centre, avant le XIXème siècle la Chine, à partir du XIXème siècle l'Europe. Ses velléités expansionnistes se heurtaient au fait que les Japonais ont toujours un sentiment très fort de leur insularité et que leur seul centre d'intérêt est le Japon lui-même - . [...]
[...] Pour corseter les ambitions d'un Japon perçu en Occident, en grande partie à tort, comme expansionniste par essence, de nombreuses limites ont été imposées à sa puissance. La Constitution japonaise, rédigée, comme celle de l'Allemagne, par les autorités d'occupation américaines et adoptée en 1946, interdit au Japon dans son article 9 de posséder des forces armées, qu'elles soient terrestres, maritimes ou aériennes, et de recourir au droit de belligérance. Le principe d'origine, très strict, a été interprété de manière plus souple en 1952 lors de la création de «forces de maintien de la paix» rebaptisées «forces d'auto-défense». [...]
[...] Si le Vietnam ne semble pas avoir conservé d'antipathie particulière à l'égard du Japon, la Corée du Nord demeure une menace : en 1998, elle a procédé à un tir de missile qui a survolé le Japon. De manière générale, tous les pays qui ont subi l'occupation japonaise se méfient du Japon et ne semblent pas prêts d'accepter l'idée d'un leadership japonais autre qu'économique, encore moins à accepter de le voir responsable de la sécurité collective en Asie. En outre l'hypothèse de l'armement nucléaire du Japon ne semble pas totalement irréaliste. [...]
[...] Devant le vide laissé par le repli de l'influence de la Chine colonisée, le Japon s'est transformé en puissance impérialiste et s'est donné pour objectif d'instaurer une zone de coprospérité en Aise du Sud, c'est-à-dire ce que l'Occident appelle Asie du Sud-Est. Ce fut la deuxième tentative d'unification de la région après celle, réussie, de la Chine. En 1942, le Japon avait étendu son empire jusqu'à la Mandchourie au nord, aux Indes néerlandaises au sud, aux îles Kisha et Trawa à l'est, à la Birmanie anglaise à l'ouest. [...]
[...] Certains ont pu faire observer que le Japon avait réussi avec sa politique de délocalisations et d'aide économique, là où il avait échoué militairement pendant la Deuxième guerre mondiale, c'est-à-dire l'établissement d'une zone de coprospérité de la Grande Asie. Mais sur le plan de la sécurité collective, le Japon n'a pas les moyens constitutionnels ni la volonté d'en être le garant, et semble vouloir laisser ce rôle à la Chine, placé plus au centre des problèmes d'Asie du Sud. De fait ni lui ni les autres pays d'Asie du Sud ne souhaitent voir le Japon s'immiscer trop dans leurs affaires. Il semble de ce point de vue que le Japon reste toujours attaché à son insularité. [...]
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