La Côte d'Ivoire a été reconnu comme un modèle d'intégration et de stabilité politique durant les trente années qui ont suivit l'indépendance du pays. Cependant à la mort du père de l'indépendance Félix Houphouët Boigny, cette image idéalisée est tombée ; la stabilité du régime a singulièrement été remise en cause avec le coup d'état de 1999 et les évènements qui ont lieu depuis septembre 2002 ont les caractéristiques d'une véritable guerre civile. L'interposition des forces françaises en vue d'arrêter la spirale des violences laisse apparaître un pays divisé selon des ensembles ethniques. Pour beaucoup d'observateurs, la déroute de la Côte d'Ivoire est à mettre au compte du concept d'ivoirité. Cette idéologie, nationaliste a constitué la pierre angulaire du projet politique d'Henri Konan Bédié lors de la campagne présidentielle de 1995.
De toute évidence le concept d'ivoirité a contribué à développer un climat xénophobe au sein de la société ivoirienne mais la question est de savoir dans quelle mesure il en est la cause. Dans une première partie nous verrons comment ce concept officiellement rassembleur a dérivé vers une logique raciste. Puis dans une seconde partie nous verrons que la xénophobie actuelle résulte d'une longue évolution de la société ivoirienne, le concept d'ivoirité n'étant dès lors qu'une conséquence de cette transformation...
[...] Plus grave, les exactions à l'encontre des étrangers se sont multipliées atteignant un summum avec le massacre de Yopougon en octobre 2000. Cinquante sept corps furent trouvé dans ce quartier de la banlieue d'Abidjan. Les enquêtes menées par les Nations unies et diverses organisations non gouvernementales dont Amnesty International, permirent de conclure que le massacre avait été perpétré par des gendarmes. Lors du procès, le procureur militaire requerra la réclusion à perpétuité pour les huit gendarmes mais il ne fut pas suivi, le tribunal conclua à l'absence de preuve. [...]
[...] Sur le plan des élections depuis les départementales du 7 juillet 2002, le droit de vote est conditionné à la possession d'une nouvelle carte d'identité qui ne fut remise qu'aux personnes considérées comme de vrais ivoiriens authentiques à 100% Selon des projections statistiques, le corps électoral fut ainsi amputé de 60 à 80%. De même, dans la logique de la préférence nationale une loi foncière promulguée en 1998 réserve aux seuls ivoiriens le droit de propriété du domaine rural. Les allochtones détenteurs depuis des décennies voir des générations de quelques arpents de terres furent dans l'obligation de vendre leur bien. [...]
[...] Il existe en Côte d'Ivoire cinq grandes entités ethnosociologiques spécifiques divisées en une quarantaine de sous-groupes. Il faut noter que parmi ces ethnies, nombreuses sont aussi présentent dans les pays frontaliers. Les ethnies existaient à l'époque précoloniale mais pas sous cette forme. Sous la colonisation un recensement et une cartographie des populations furent réalisés à l'initiative notamment de Maurice de la Fosse (administrateur coloniale, ethnologue et ethnographe). C'est à cette époque que les différentes ethnies furent baptisées par les noms usités aujourd'hui. [...]
[...] Le racisme qui s'y est développé s'apparente au phénomène qu'a connu la France à partir des années 80 et la société ivoirienne connaît aujourd'hui nos débats sur l'expulsion ou l'intégration des étrangers. Cependant dans un pays ou l'état civil n'a été instauré que depuis une quarantaine d'années, les questions relatives à la citoyenneté posent nécessairement beaucoup de difficultés. Plus largement, l'ivoirité marque un repli identitaire observable dans le monde entier. La mondialisation et la chute des empires ne se traduit pas par une homogénéisation culturelle et ethnique mais plutôt par une fragmentation. [...]
[...] En ce sens, l'ivoirité qui se fonde sur le droit du sang marque une remise en cause profonde de cette politique traditionnelle d'ouverture. Le droit du sol, la politique d'Houphouët Boigny : Au début des années trente, les autorités coloniales françaises ont voulu accroître le développement de l'économie ivoirienne en augmentant la production de café et de cacao. Pour ce faire, la Côte d'Ivoire a accueillit massivement de la main d'œuvres des pays limitrophes ou proches et dans la même logique, la partie sud de la Haute-Volta (actuellement le Burkina Faso) fut rattaché à la Côte d'Ivoire. [...]
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