Malgré tout, il faut se demander si cette guerre est réellement issue de l'interdiction du FIS, ou si la crise « couvait » au sein de la société, société civile qui rappelons-le souffrait de la crise économique et politique, voyant ses revendications sans écho auprès du gouvernement.
En effet, avec la baisse de la manne pétrolière, l'Etat a dû faire face dans les années 80 à une grave crise économique et sociale, ne remplissant plus son rôle traditionnel.
Ainsi nous tenterons de savoir si la crise islamiste algérienne est, ou non, due à la faillite du modèle social algérien.
Dans un premier temps, nous analyserons l'islamisme, notamment algérien ( I ), puis dans un second temps que la crise est due à la faillite de l'Etat algérien ( II ), et enfin que l' islamisme en Algérie sert de moyen de révolte des jeunes ( III )...
[...] Car le jihad constitue l'un des moyens d'expansion naturels de l'islam. Celui-ci étant chargé d'une considérable légitimité islamique, tous les islamistes contemporains ( Mawdoudi, El-Banna, Qotb ) en ont fait leur leitmotiv central. Ainsi, l'association des frères musulmans (fondée en Egypte en 1928) et qui influe fortement l'islamisme algérien, est née en réaction aux régimes musulmans de l'époque, qui sous l'influence de l'occident, avaient tendance à se séculariser. Elle poursuit son but d'instaurer des régimes musulmans par la violence ou la compétition électorale. [...]
[...] Le discours islamiste ne manque jamais de rappeler que A.Madani est un ancien moudjahid de la première heure et que A. Benhadj est un fils de shahîd. A ce titre ils ont droit de manifester leurs opinions politiques, et doivent bénéficier des égards particuliers dans un pays où les privilèges de ceux qui ont fait la guerre paraissent tout à fait légitimes. Ainsi, cette société qui glorifie la violence, contre l'oppresseur ou un pouvoir jugé non islamique, ou ne respectant pas les valeurs traditionnelles de l' islam, refuse aux jeunes tout droit à s'exprimer sans avoir combattu, du côté islamiste. [...]
[...] le FIS, exemple de l'islamisme algérien Trois facteurs rendent compte de l'islamisme algérien : la conjoncture politique, la faillite de l'Etat-FLN et le poids de l'islam dans l'histoire contemporaine. La force politique a tenu d'abord et avant tout à sa reconnaissance par le pouvoir politique. Tout au long des années 80, l'expression de l'islamisme se cantonne au monde universitaire et aux petits commerçants. Regroupés en ligues, les islamistes prêchent des valeurs supposées solutionner les problèmes d'une société confrontée à des difficultés socio-économiques (chômage, pénurie de logements, crise des transports Pour apaiser les souffrances des plus démunis, les islamistes mettent en place une véritable stratégie de la bienfaisance Mais leur politique passe inaperçue car l'attention se porte sur les effets du printemps berbère et les réformes du président Chadli Benjedid. [...]
[...] Mais la privatisation de l'Etat corrompt la nationalisation de l'économie. Le développement du clientélisme et du néotisme mine les projets des industrialistes Dans les sociétés nationales, l'existence de familles supposées contrôler l'appareil et y placer leurs clients développe des réseaux de patronages verticaux orientés vers l'acquisition de bénéfices matériels Après la mort de Boumediène, l'affaiblissement des capacités re- distributrices de l'Etat obligera la nomenklatura FLN à repenser le modèle. Si celui-ci a bénéficié d'une décennie tranquille, cette stabilité, le régime ne la devait qu'à la seule contrainte, même si la répression et les assassinats politiques y avaient concouru : elle découlait d'abord d'un compromis fondé sur la satisfaction d'attentes sociales, que le gouvernement du président Chadli Bendjedid (1979-1992) ne veut plus assurer, lorsque le radicalisme islamiste explose. [...]
[...] Le système politique, la caste au pouvoir, se caractérise par une corruption endémique, le clientélisme et un népotisme. Espérant se maintenir en place, après les émeutes sanglantes de 1988, le pouvoir s'est ouvert au multipartisme et ainsi a noyauté les partis. En effet, la société algérienne, jeune, qualifiée mais désoeuvrée a exprimé sa volonté de rupture par des émeutes ; et lors du processus démocratique qui s'est enclenché, le pouvoir favorisera ostensiblement la base islamiste, afin de mieux exclure l'opposition en exil de la scène nationale. [...]
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