L'Iran fait actuellement la une de tous les journaux. En effet, le face à face entre le président G. W. Bush qui pointe du doigt la menace que représente l'Iran, et la position inflexible du président Mahmoud Ahmadinejad sur la volonté de se doter de l'arme nucléaire a fait réagir la communauté internationale et les médias occidentaux. Ces derniers soulignant d'ailleurs bien rapidement une « rechute » de l'Iran dans l'islamisme radical. A la suite des élections présidentielles de 2005 et à la lumière des changements intervenus récemment dans la politique iranienne sur le plan international mais aussi intérieur, il s'avère nécessaire de se pencher sur la nature de ce régime et des changements qui sont intervenus depuis sa création
En 1979 éclatait en Iran la « révolution islamique ». Bien que la population désirait plus la fin de la monarchie qu'une islamisation de la politique, un régime avec à sa tête un ayatollah (Khomeiny) s'est installé. Il visait à instaurer une société sous le contrôle des ayatollahs, visant à rompre avec l'ordre social existant pour le rendre plus proche des préceptes de l'Islam et plus égalitaire comme le souhaitait la population. Le régime en place s'est bien sûr transformé pour pouvoir durer un quart de siècle, bien que le phénomène de révolution islamiste est unique dans ce genre. Actuellement, toute une génération a vécu sous le règne des mollahs chiites et les dirigeants ayant participé activement à la révolution sont eux-mêmes de moins en moins nombreux, leur président en est un exemple. Est-ce alors un tournant politique majeur ? La révolution islamique s'est-elle instaurée telle qu'elle a été voulue par Khomeiny ? Quelles ont été ses transformations idéologiques et pratiques?
Dès l'abord, il s'agit de s'interroger sur les causes de la révolution islamiste et sur l'évolution du régime iranien, avant de nous pencher sur la question de la pratique politique et de l'effet sur la société iranienne.
[...] Le féminisme se développe, les femmes remettent en cause le Coran qui limite leurs droits. Elles veulent être l'égale des hommes notamment en exerçant les mêmes activités et fonctions (politique, sport). Elles demandent une révision des lois actuelles qui institutionnalisent la polygamie et l'inégalité des droits civiques. Ce mécontentement s'étale au grand jour et est abondamment relayé notamment par la presse. C'est d'ailleurs l'un des paradoxes de la vie en Iran ou il est interdit sous peine parfois de sévices corporels de contredire les dispositions puritaines mais ou il possible de les critiquer ouvertement sans difficulté. [...]
[...] La réalité est beaucoup plus complexe et l'on peut affirmer au contraire que les électeurs ont désavoué le clergé chiite (son candidat, l'ancien président Rafsanjani, étant battu). Certains avancent même la thèse qu'Ahmadinejad s'avancerai dans la même ligne que Khatami. En effet, Ahmadinejad a été élu sur le thème de la justice sociale tant désirée et semble donc plus proche de Khatami que de l'aile religieuse. Sur le plan du nucléaire, Le nouveau président est plus ferme, plus déterminé. Il n'en reste pas moins que la question fait consensus dans la classe politique et dans la société iranienne. [...]
[...] C'est dans ce contexte que survient la révolution un peu à la surprise de tous. Pour beaucoup elle est apparue comme une libération car si elle a été faite en référence à l'islam et au règne du docteur de la loi, elle a été pour tous le symbole d'un retour à la moralité et la fin d'un régime corrompu. Le régime instauré par la révolution a semblé à l'origine convenir à tout le monde. Khomeiny a su faire croire à la société (les jeunes et les bourgeois religieux) qu'il était une solution à leur problème et s'est, par cette habileté, distingué de ces prédécesseurs désirant l'islam politique. [...]
[...] Cela pose un problème car la légitimité démocratique du Président de la République, du Parlement et des municipalités est remise en question par le Guide, le Conseil des gardiens chargé de vérifier l'islamité des lois votées par le Parlement, le Conseil de discernement des intérêts supérieurs chargé de trancher en cas de conflit entre le Parlement et le Conseil des gardiens. Par conséquent, par nature la République Islamique n'est pas démocratique car même si les révolutionnaires avaient pour certains l'idée de libéralisation par opposition au régime du Shah, c'est la souveraineté du Vélâyat faqih qui était au centre de cette révolte. Aujourd'hui, l'Etat islamique est en crise. [...]
[...] La société iranienne doit elle se diriger vers le post islamisme ? La mise en cause du caractère théocratique de la République islamique est au coeur du débat entre conservateurs et réformateurs. Les seconds soutiennent que l'institution du Velayat Faguih (actuellement l'ayatollah Ali Khamenei) non élu par-dessus celle du président de la République, désigné, lui, par les urnes - n'a pas de légitimité divine. Cette position n'est pas seulement soutenue par les laïques, elle l'est aussi par de nombreuses personnalités religieuses de premier plan, qui redoutent de voir l'islam lui-même pâtir de l'impopularité du régime. [...]
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