Le lundi 9 octobre, juste après l'essai nucléaire de la Corée du Nord, les réactions des Etats ont été nombreuses, toutes condamnant cette explosion. Pour autant, certains ont fait le rapprochement entre cette crise et le risque que représente l'Iran. Israël, par le biais de son ministère des Affaires étrangères, a notamment déclaré que l'essai nord-coréen était une sonnette d'alarme pour le monde. « [La communauté internationale] risque d'être confrontée à une situation similaire avec l'Iran si elle ne réagit pas de façon plus énergique. […] Voilà ce qui arrive quand on se contente de déclarations et de soi-disant pourparlers qui ne mènent à rien » . On s'était beaucoup moqué à l'époque du président Bush lorsque celui-ci avait mentionné, dans son discours sur l'état de l'Union de janvier 2002, un axe du mal. Ce dernier regroupait l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord. Toutefois, cette analyse, simpliste de prime abord, devient plus réaliste lorsqu'on se penche sur les nombreux liens qu'entretiennent les Iraniens et les Nord-Coréens (Paragraphe I). Malgré cela, et même si leurs stratégies présentent des ressemblances, les attentes des deux pays sont différentes (Paragraphe II). La difficulté est que la communauté internationale doit réagir à l'essai nord-coréen en ayant conscience que la gestion de l'après test façonnera clairement les perceptions du gouvernement iranien relatives à sa marge de manœuvre, et pourrait constituer une opportunité de résoudre indirectement le cas de l'Iran en catalysant la formation d'un front uni.
[...] II - Des stratégies cependant différentes En mettant côte à côte l'Iran et la Corée du Nord dans une multitude d'articles, la presse internationale valide implicitement la théorie de l'axe du mal de Georges W. Bush. Pour autant, les raisons qui poussent ces deux pays à s'engager dans un programme d'armement nucléaire ne sont pas les mêmes. La Corée du Nord entend sauver son système politique, grâce à une dissuasion acquise dans le mensonge et le secret. L'Iran pour sa part entend promouvoir un modèle politique en s'alliant avec ses voisins. On l'a d'ailleurs vu se rapprocher de la Syrie après l'assassinat de Rafic Hariri. [...]
[...] La Corée du Nord n'a aucune ambition de ce type. Il semblerait même que son dirigeant Kim Jong-il apprécie la diabolisation de son pays De même, Pyongyang est beaucoup plus avancé dans le développement de la bombe que ne l'est Téhéran. Enfin, les Iraniens sont toujours partie au TNP, alors que la Corée du Nord l'a dénoncé en 2003. Mais un objectif unit ces deux Etats : la volonté de défier l'Occident, et d'acquérir l'arme nucléaire afin d'affermir la légitimité du régime en place. [...]
[...] L'Iran a le choix entre deux positions : soit promouvoir son agenda nucléaire en s'inscrivant dans le sillage nord-coréen, soit redorer son image internationale en condamnant fermement l'essai. Le 10 mai 2007, lors d'un déplacement du ministre des Affaires étrangères Iranien Manoucher Mottaki en RDPC, les deux pays ont signé un accord bilatéral. Cet accord a pour objectif de renforcer les liens politiques, économiques et culturels de ces deux Etats. Il est prévu qu'ils envoient réciproquement chaque année des délégations pour des échanges de vue sur des questions de politique internationale[7]. [...]
[...] Dans le sens inverse en juillet 2005, des experts nord-coréens sont invités en Iran pour donner à divers étudiants et chercheurs des cours scientifiques et techniques dans des domaines sensibles. Des Nord-Coréens se seraient aussi rendus sur un site clandestin en fait une base militaire du nom de Ghadir destiné à l'enrichissement de l'uranium Cette coopération aurait pour but de développer des missiles à longue portée capables de transporter des charges nucléaires. Actuellement et depuis quelque temps, le nombre de Nord-Coréens présents en Iran est en augmentation. Cela provoque une certaine appréhension à Washington, la crainte est grande que les deux capitales s'engagent dans une forme de coordination diplomatique. [...]
[...] Avant de réaliser son essai nucléaire, la Corée du Nord suivait avec attention les réactions de la communauté internationale face au programme nucléaire iranien. Et de son côté l'Iran a observé avec attention toutes les retombées de la crise du 9 octobre, afin d'ajuster sa politique dans les négociations sur le plan international. On aurait presque l'impression que leurs actions sont coordonnées. Ainsi le développement du Taepodong-2, missile balistique nord- coréen multi étages dont la portée est estimée à km, et qui résulte des efforts communs de Pyongyang et Téhéran, coïncide avec le développement des missiles Shahab-5 et 6 en Iran. [...]
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