L'Iran est-il un « rogue State » ? Ce vocabulaire est emprunté à la fois au vocabulaire diplomatique et des relations internationales. Derrière cette expression assez vague se cache un concept très précis visant à désigner à travers une typologie précise des États dits nuisibles, voyous ou encore hors-la-loi. Bien que ce vocabulaire diplomatique ne soit plus employé par les États-Unis depuis juin 2000, son contenu n'a pas changé.
Six États demeurent inclus dans ce champ (Corée du Nord, Cuba, Iran, Libye, Soudan et Syrie), et malgré le peu de cohérence et de similitudes qu'il y a entre ces différents pays, les critères de classification sont clairement définies, mais pas dénués de subjectivités, car élaborés et choisis en fonction de ce que les États-Unis jugent ou ne jugent pas être une « rogue State ».
D'un point de vue américain un « rogue State » est avant tout un « État source d'inquiétude », c'est-à-dire pouvant représenter une menace pour la paix internationale et les intérêts des États démocratiques. Bien que la classification de certains États dans la catégorie des « rogues States » ne soient pas dénuées de subjectivité, les critères définis et retenus semblent faire plus l'unanimité.
[...] La solution à préconiser semble donc passer par une traditionnelle négociation interétatique multilatérale, seule issue de crise raisonnable et crédible qui pourrait conclure à un accord gagnant-gagnant si les pays occidentaux reconnaissent à l'Iran le droit à la technologie et à l'énergie nucléaire, et si en échange l'Iran accepte une coopération économique plus importante. Si l'idée de renverser le régime est un souhait partagé par bon nombre de pays de la communauté internationale, il n'appartient pas à celle-ci de le réaliser dans la mesure où les menaces de l'Iran se limitent à quelques slogans identiques depuis 25 ans, mais sans passage à l'acte. [...]
[...] L'Iran répond donc à l'ensemble des critères faisant d'elle un Etat peu fréquentable, cependant, l'Iran est un Etat souverain, reconnu par l'ensemble des pays de la communauté internationale. Le fait d'avoir l'Iran sur l'axe du mal par G. Bush répond plus à un antagonisme propre aux EU, n'ayant pas supporté que les largesses dont ils bénéficiaient à l'époque du Chah en terme de ressources énergétiques ne puissent plus leur profiter. L'ensemble des pratiques répréhensibles à nos yeux relève donc de la souveraineté du pays, et le succès populaire du nouveau président Ahmadinejad lors du dernier scrutin présidentiel confirme l'adhésion du peuple à toutes les valeurs en vigueur. [...]
[...] N'oublions pas que certaines pratiques de l'Iran sont clairement des entorses au droit international, notamment le soutien officiel (Hezbollah) et officieux à certaines milices chiites et groupes terroristes, la tentative d'ingérence en Irak grâce à l'alliance chiite, le trafic d'armes contre pétrole et de pièces détachées militaires avec la Russie (suite à l'embargo militaire occidental). Le recourt à toutes sortes de moyens de pressions et d'actions non conventionnels que nous venons de voir modifie forcément l'approche du problème, l'Iran s'étant auto exclue de la communauté internationale en ayant recourt à des pratiques condamnées par le droit international. Quelle solution au problème ? L'invasion militaire semble d'ores et déjà exclue par les Etats-Unis, même coalisés avec d'autres puissances militaires. [...]
[...] A ce titre, il n'appartient pas à la communauté internationale et aux EU de juger le régime selon nos propres valeurs culturelles et morales mais selon le respect des aspirations du peuple iranien. Or il semble que la loi des urnes ait confirmé que le peuple iranien aspire à un certain nombre des valeurs de la révolution. Cependant, il apparaît clairement que le choix formulé par le peuple iranien a également des répercussions sur un plan régional et international, ce qui, de facto, concerne de près ou de loin les puissances occidentales. [...]
[...] L'idéal pour pacifier les relations entre la communauté internationale et l'Iran serait bien évidemment un soulèvement populaire, chose possible tant l'insatisfaction est grande en Iran mais fort peu probable tant le régime maîtrise d'une main de fer la société. [...]
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