La découverte en 2002 d'un grand projet d'enrichissement de l'uranium en Iran a déclenché une importante crise internationale. Pourquoi une telle crise est-elle déclenchée par l'Iran, alors qu'Israël, le Pakistan et l'Inde se situent dans le même arc stratégique et n'ont pas eu de problèmes avec la communauté internationale lorsqu'ils ont développé leur programme nucléaire ? L'inquiétude des grandes puissances réside dans l'attitude de Téhéran, qui a dissimulé ses activités d'enrichissement, et ses tergiversations avec l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) attisent les soupçons. De plus, l'Iran est l'un des fondateurs du Traité de non-prolifération (TNP) il y a plus de quarante ans, et son retrait de celui-ci aurait des conséquences fatales sur l'autorité du TNP, faisant place à la prolifération nucléaire dans l'ensemble du monde arabophone.
Quand et pourquoi ce programme nucléaire a-t-il vu le jour ? Constitue-t-il une violation du Traité de non-prolifération (TNP) ? Quelles issues pour les négociations entre l'Iran et la communauté internationale ?
Il convient donc d'analyser la genèse et les objectifs du programme nucléaire iranien, qui a commencé bien avant la crise déclenchée en 2002. Puis il s'agit de déterminer ses conséquences sur le TNP. Enfin, il est nécessaire de comprendre l'attitude des nations dans les négociations avec l'Iran afin d'envisager une éventuelle sortie de crise.
[...] En effet, il a été démontré que les recherches sur l'enrichissement ont commencé en 1985, alors que l'Iran n'envisageait pas de poursuivre les travaux de la centrale de Bouchehr. Les équipements ont été fournis par le réseau clandestin du Pakistanais Abdel Kader Khan, qui a également fourni la Corée du Nord et la Libye. La construction de l'usine de Natanz est restée secrète jusqu'à la révélation de son existence par des opposants politiques en 2002. Un réacteur à eau lourde, excellent producteur de plutonium et semblable à celui qui a servi à fabriquer les premières bombes indiennes, a été construit à Arak. [...]
[...] Le second projet se fait avec la France, le contrat étant signé avec Framatome pour la construction de deux nouveaux réacteurs. Mais l'ayatollah Khomeyni a mis un terme à ces projets en 1979, alors que Siemens avait commencé la construction de deux réacteurs à Bouchehr tandis que Framatome n'avait pas encore entamé ce qui devait être réalisé. Suite à la mort de Khomeyni en 1989, l'Iran a voulu poursuivre la construction de la centrale de Bouchehr, en proposant à Siemens de continuer les travaux. [...]
[...] Enfin, il est nécessaire de comprendre l'attitude des nations dans les négociations avec l'Iran afin d'envisager une éventuelle sortie de crise. Qui ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? : Les Modalités du Programme Nucléaire Iranien LES ORIGINES : DU CHAH AUX CONSÉQUENCES DE LA RÉVOLUTION ISLAMIQUE DE 1979 C'est en 1973 que le programme nucléaire iranien trouve son origine. Après le premier choc pétrolier, le chah décide d'utiliser une partie des nombreux pétrodollars détenus par l'Iran pour acquérir des centrales nucléaires destinées à la production d'électricité. [...]
[...] Dès son origine, le programme iranien a été très critiqué. Ses adversaires avancent que l'Iran n'a pas besoin de centrales nucléaires du fait de sa richesse en hydrocarbures, et qu'il ne s'agit donc que d'un prétexte masquant l'objectif réel qu'est la fabrication de bombes. Au contraire, lorsque dans les années 1970 l'Iran était soutenu par l'Allemagne et la France, ces derniers soutenaient que le pétrole est un bien trop précieux et trop rare pour être brûlé, qu'il faut le réserver à des usages pour lesquels il n'y a pas de substituts, et utiliser d'autres moyens pour produire de l'électricité. [...]
[...] Toutefois, dans les prochains mois, compte-tenu des progrès techniques obtenus dans le cadre du programme iranien, il n'y aura plus d'ambiguïté, à l'image des propos de Mahmoud Ahmadinedjad qui compare le programme nucléaire iranien à une locomotive sans freins ni marche arrière Il est donc temps, plus que jamais, que la communauté internationale agisse rapidement et efficacement, puisque la paix et la guerre nucléaire dans le monde dépendent de l'avenir des ambitions nucléaires iraniennes Enfin, force est de constater que cinq ans après la découverte du programme nucléaire iranien, les grandes puissances font passer le TNP après leurs intérêts nationaux, et il semble bien que cette crise n'ait fait pour l'instant qu'un seul gagnant : le pouvoir en place à Téhéran. Le Guelte, Georges, Le défi nucléaire Questions Internationales Mai-Juin 2007, p.46. 25 février 2007. Heisbourg, François, Iran, le choix des armes Ed. Stock, Paris 2007. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture