Ils ont néanmoins été exhortés à participer à un référendum, les 29 et 30 mars 1979, afin de déterminer s'ils approuvaient le remplacement de la monarchie par le nouveau système de gouvernement et à plus de 98%, les Iraniens sollicitèrent ce changement. Ainsi, la Révolution et l'idée que se faisait l'ayatollah Khomeyny d'une république islamique ont été approuvées et légitimées. Soudain, l'autorité normalement associée au système politique de gouvernement royal exercé par le chah a été ajoutée à la position de l'ayatollah comme membre important de l'institution religieuse : il s'agit de l'instauration de la théocratie en Iran. Le terme « théocratie » fait référence à un régime politique où la souveraineté est exercée par la classe sacerdotale, qui cumule pouvoir politique et religieux. C'est aussi une conception de l'état selon laquelle le pouvoir temporel dépend du pouvoir spirituel religieux. L'Iran vit donc depuis plus de 25 ans sous le régime issu de la Révolution. Cette dernière, comme nous le verrons plus loin sert de justification au maintien d'une chape de plomb religieuse sur la société iranienne.
Il est frappant de remarquer que née d'une crise, ne survivant que grâce à elle, la République islamique fait vivre l'Iran dans une crise perpétuelle depuis 25 ans. Ces troubles permanents et l'absence de normalité sont extrêmement difficiles à expliquer.
Nous en venons donc à nous demander si l'Iran est condamné à demeurer une société immobile, pliant sous le joug d'un pouvoir théocratique ? Autrement dit est ce que la révolution iranienne est éternelle ?
Il est vrai que la société iranienne est totalement contrôlée par le clergé (I) mais actuellement certains frémissements culturels et sociaux nous font penser que l'Iran est en train de changer et que le régime en place commence à vaciller. (II)
[...] Cette protestation est aussi visible dans les urnes. En effet, lors des dernières élections, excepté l'élection présidentielle de mai 2005, les Iraniens ont pris conscience et confiance en leur volonté réformatrice en sollicitant des candidats réformateurs, tel Khatami élu président en 1997. L'élection de Khatami, qui peut être interprétée comme étant un vote protestataire implique une volonté de dialogue politique donc de liberté. Il fut en effet le premier homme politique iranien à ouvrir la porte à la culture politique occidentale : dans ses discours politiques, il parlait très peu de la Révolution et beaucoup de l'Etat de droit ou de la liberté d'expression. [...]
[...] Afin de mener à bien son objectif révolutionnaire, le clergé iranien s'emploie à déployer un maximum de moyens, légaux ou informels, de contrôle de la population. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une stratégie de diffusion d'une pensée islamiste dans toutes les couches de la société. Il est d'abord possible de discerner des moyens légaux au service de la réaction conservatrice. En effet, il existe en Iran tout un système de pouvoirs parallèles qui permet au pouvoir religieux de contrôler toutes les phases de la vie politique et civile. [...]
[...] Ce phénomène traduisait une volonté du régime de resserrer son emprise sur la société, afin d'empêcher tout débordement par la rue, sous l'effet de l'euphorie de la victoire des réformateurs. Mais cette politique de répression a eu l'effet inverse sur la population. La société est sans cesse sur le qui-vive ce qui contribue à accentuer l'hostilité des iraniens au régime. B. Une société qui doute du régime et qui remet en cause sa légitimité Ainsi, il semblerait que l'Iran vit aujourd'hui, une phase dite de post- islamisme, c'est à dire de perte de confiance dans la république islamique. [...]
[...] Cette doctrine va être à la base de la nouvelle organisation des pouvoirs. Ainsi au sommet de cet Etat théocratique, on retrouve le Guide de la Révolution qui est le premier personnage du régime. Désigné à vie, le Guide de la Révolution détermine, après consultation du Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime, les principes généraux et les lignes directrices de la politique de l'Etat islamique et supervise l'exécution de cette politique. Le Guide est également le Chef des armées et il nomme ou révoque les commandants des forces armées et décide des orientations en ce qui concerne la politique extérieure. [...]
[...] De ce fait, une minorité s'accroche toujours au pouvoir, légitimant sa position par la persistance de la Révolution. Après la description faite précédemment de la volonté de changement habitant les Iraniens, l'élection du très conservateur Mahmoud Ahmadinejad peut paraître surprenante. Cependant, cette élection est plutôt le symbole de la persistance de la mainmise absolue des milieux religieux ultra-conservateurs sur la vie politique iranienne. Le régime théocratique en place en Iran depuis 1979 contrôle donc d'une main de fer la société civile et les institutions politiques. [...]
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