Le 27 décembre 1979, les troupes soviétiques envahissaient l'Afghanistan, pour sauver un régime communiste arrivé au pouvoir un an auparavant par un coup d'Etat sanglant. Avaient-ils conscience que ce serait le début de la fin de l'Empire soviétique ? A Moscou, les stratèges étaient partagés sur la nécessité de cette intervention, mais il semble que personne ne pensait qu'elle allait si mal se terminer. Selon Anatoly Chernayev, qui était à l'époque conseiller aux Affaires Etrangères de Gorbatchev, « les uns et les autres savaient que l'acte soulèverait la désapprobation internationale mais ils pensaient que la question serait résolue en moins de trois mois et qu'après les choses rentreraient dans l'ordre. » Cette intervention dans un état non-membre du bloc soviétique, qui plus est l'un des fondateurs du mouvement des non-alignés, et entretenant de bonnes relations apparentes avec l'URSS, déclencha une crise internationale très grave, ainsi que le refroidissement de l'atmosphère bipolaire qui commençait à peine à se réchauffer. Elle relança la compétition et la course aux armements. Les Etats-Unis en profitèrent pour tenter d'isoler l'URSS, critiquant son "attitude impérialiste."
De même, les observateurs étaient peu optimistes quant aux chances de victoire de la résistance afghane face à la superpuissance soviétique. Or les moudjahidin afghans résistèrent plus de 14 ans et finirent par faire battre les Soviétiques en retraite.
[...] Mais si l'on en croit les archives soviétiques, les raisons de l'intervention furent plutôt les suivantes : -Le régime communiste afghan était agonisant, or les responsables du Politburo refusaient que la doctrine Brejnev (selon laquelle une fois qu'un pays entre dans le camp socialiste, il n'en sort plus) soit démentie. Cette intervention a donc constitué une application pratique de la doctrine Brejnev, qui n'accorde qu'une souveraineté limitée aux pays de la sphère communiste. En effet, depuis avril 1978, une large part de la politique afghane est téléguidée depuis l'URSS. [...]
[...] Le soulèvement des tribus au nom de la foi islamique, la démoralisation de l'armée objet de purges, le meurtre de conseillers soviétiques, transforment rébellion en guerre civile et vont pousser l'URSS à intervenir militairement Cette intervention fait suite à une série d'avancées géopolitiques soviétiques et d'échecs américains : Vietnam, Angola, Iran, Ethiopie, Nicaragua La période est donc particulièrement négative en matière de politique étrangère pour les américains, mais elle correspond également à un moment où l'URSS va moins bien du point de vue économique. Les EEUU, mobilisés par l'affaire des otages à Téhéran, ne prêtent guère d'attention à ce qui se passe en Afghanistan. [...]
[...] L'Inde elle-même, alliée traditionnelle de l'URSS, s'associe à ce vote. L'exigence d'un retrait inconditionnel fera ensuite l'objet de résolutions annuelles, auxquelles l'URSS opposera son veto. Des sanctions économiques et des mesures de rétorsion plus concrètes suivent les condamnations diplomatiques : embargo sur les exportations, interdiction de transfert de technologies de pointe, quotas sur les ventes de céréales, ajournement de la ratification du traité SALT 2 par le président américain Jimmy Carter, boycott des Jeux Olympiques de Moscou. L'URSS ne s'attendait visiblement pas à des réactions aussi vives, d'autant plus que les Occidentaux n'avaient pas réagi suite au coup d'Etat de 1978 qui avait porté les communistes au pouvoir. [...]
[...] Moscou a jugé à juste titre infime la possibilité d'une intervention directe américaine. Mais les seuls à avoir tiré parti du conflit semblent pourtant être les Etats-Unis. L'engagement des Soviétiques en Afghanistan a contribué à délivrer la population américaine du syndrome vietnamien ; il semble également que Reagan doive son élection en 1980 en grande partie à la crise afghane. De plus, l'URSS sort de cette crise affaiblie militairement, mais aussi politiquement et diplomatiquement. Les atrocités de la guerre accélérèrent, au sein du camp soviétique, les actions en faveur de l'instauration d'une "démocratie réelle Déjà pendant la guerre, l'intervention soviétique avait fourni à la société civile d'URSS l'occasion de faire entendre sa voix pour la première fois. [...]
[...] Elle relança la compétition et la course aux armements. Les Etats-Unis en profitèrent pour tenter d'isoler l'URSS, critiquant son "attitude impérialiste." De même, les observateurs étaient peu optimistes quant aux chances de victoire de la résistance afghane face à la superpuissance soviétique. Or les moudjahidin afghans résistèrent plus de 14 ans et finirent par faire battre les Soviétiques en retraite. I-Contexte de l'intervention Dans les années 1970, l'Union Soviétique atteint le maximum de son pouvoir politique et stratégique, et sur le plan international, la période est marquée par une certaine détente avec les États-Unis (avec notamment la signature de traités de limitation des armes et le traité d'Helsinki). [...]
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