Intérêts géostratégiques de la Turquie, crise migratoire, Conseil d'Helsinki, adhésion à l'Union européenne, Etat islamique, censure, Cour européenne des droits de l'Homme, critères de Copenhague, guerre de Syrie, Frontex, Recep Tayyip Erdoğan
Historiquement, la Turquie, sous sa dénomination d'Empire ottoman, a toujours été un point stratégique pour tout le continent européen, son surnom de "Sublime Porte" soulignant cette idée de point de passage entre l'Orient et l'Occident. Après son démembrement à la fin de la 1re Guerre mondiale, l'Empire ottoman se consolide dans les frontières de la Turquie actuelle. Initiée par Mustafa Kemal Atatürk, une véritable politique d'"européanisation" et de "démocratisation" profonde est menée dans le pays, dans une optique de modernisation et de rapprochement avec l'Occident. Cette ligne dite "kémaliste" a ainsi souvent été au coeur des nécessaires relations entre la Turquie et l'Europe. Le non-respect de ses principes fondamentaux, avec les multiples dérives autoritaires qui ont suivi l'arrivée de Recep T. Erdogan au pouvoir, semble être la pierre d'achoppement majeure dans les relations de la Turquie avec l'UE, et avec ses États membres.
[...] Pour autant, seules les concessions financières ont été mises en place à l'heure actuelle, et pas dans leur totalité. Les tensions diplomatiques récentes et les menaces à répétition du côté turc de faire tomber les accords à l'eau ajoutent à la complexité de la situation. D'autant plus que ces accords ont eu des impacts directs sur les populations en transit, avec des renvois abusifs dans des conditions de détention très mauvaises, mais surpopulations locales turques en l'occurrence. Les flux migratoires ont été réduits, mais les problèmes de gestion perdurent et ont seulement été externalisés. [...]
[...] Erd&oan au pouvoir, semble être la pierre d'achoppement majeure dans les relations de la Turquie avec l'U.E., et avec ses États membres. En ajoutant à cela les 2600 kilomètres de frontières terrestres que partage aujourd'hui la Turquie avec 8 pays, ou encore sa politique de visas « amicale » avec son voisinage comme avec les pays musulmans de la Méditerranée, on voit que la Turquie est devenue, à compter des années 2000, une terre d'immigration et plus encore de transit pour l'Europe. [...]
[...] remonte à quelques décennies. Pour autant, il semble avoir assez peu progressé. Ainsi, après l'accord de 2015 avec l'Union européenne, à côté de ces demandes financières, a été demandée la reprise expresse des négociations sur la libéralisation des visas de courte durée pour les citoyens turcs lancée en 2013, ainsi que la relance du processus plus global d'adhésion. Comme le souligne Soeren Kern, dans leur hâte d'assécher le flot des migrants vers l'Europe, les responsables européens ont « permis à la Turquie d'amalgamer deux dossiers distincts : la question du contrôle migratoire vers l'Europe, et le programme d'exemption de visas des résidents turcs. » Ainsi, comme nous l'avons brièvement souligné en introduction autour des intérêts géostratégiques de la Turquie, avec des perspectives d'adhésion à l'U.E. [...]
[...] Les migrants qui sont renvoyés en Turquie sont détenus, et la loi turque ne prévoit qu'une protection temporaire et particulièrement faible. De plus, la Turquie ne respecte ni le droit des demandeurs d'asile ni celui des réfugiés, nombre d'entre eux risquent donc l'expulsion sans même avoir accès à une assistance juridique ou à la protection internationale. Les demandes d'asile sont très rares et les réfugiés sont mal informés sur leurs options juridiques. La Turquie viole ainsi le principe de non-refoulement, en expulsant des demandeurs d'asile vers d'autres pays comme l'Afghanistan, l'Irak et la Syrie et en refusant l'accès à une assistance juridique et à l'asile. [...]
[...] Ces trois solutions semblent cependant irréalisables. La première solution, l'intégration et la protection des réfugiés semble très difficile, malgré que la Turquie ait accepté de maintenir les réfugiés se trouvant déjà sur le territoire. En effet, en Turquie le statut de réfugié n'est pas attribuable aux non- Européens qui ne bénéficient que d'une protection temporaire. La Turquie applique une réserve géographique aux pays d'Europe à la transposition de la convention de Genève. En ce qui concerne les deux autres solutions, le renvoi dans les pays d'origine semble inenvisageable et sous-entendrait une atteinte aux droits de l'homme, au vu des conflits et violences toujours en cours. [...]
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