Dimanche 9 avril, en même temps que les élections présidentielles et législatives péruviennes, avaient lieu l'élection des représentants péruviens au sein du Parlement andin, élection pourtant très largement méconnue des péruviens encore aujourd'hui, Avec la Parlement européen, le Parlement de la CAN, et bientôt le parlement du Mercosur, sont les seuls parlements régionaux dont les membres sont élus au suffrage universel direct. Signe d'une intégration régionale particulièrement développée et efficace en Amérique Latine ?
Née de l'intervention de Napoléon III au Mexique et de sa tentative de justification, l'expression même d'Amérique Latine marque l'emprise de l'Europe et de la catholicité sur la définition même d'un espace d'abord culturel qui semblerait donc avoir naturellement vocation à l'intégration régionale, processus au cours duquel les Etats participent à des accords régionaux s'engageant dans la coopération régionale par le biais d'institutions et de règles. Ces intégrations peuvent avoir des objectifs à la fois politiques et économiques, et peuvent être organisées sur un modèle supranational ou intergouvernemental. Ce processus d'intégration régionale peut d'ailleurs reposer sur des institutions multiples, regroupant le plus souvent des membres différents, comme c'est le cas en Amérique Latine.
Si les trois siècles de colonisation de l'Amérique par les Espagnols et les portugais s'apparentaient à une vaste entreprise d'intégration régionale, réussie pour les seconds, beaucoup moins pour les premiers, l'empire espagnol éprouve des difficultés à stabiliser un découpage territorial de ses immenses possessions. De fait, l'accession à l'indépendance des pays latino-américains, se fait avec un fort sentiment de localisme. Mais quelques grandes figures contribuèrent à la création d'une « communauté imaginaire » latino-américaine. Le vénézuélien Francisco de Miranda qui propose dès 1790 un Etat indépendant constitué de toute l'Amérique hispanophone. Et bien évidemment figure de Simon Bolivar qui se réfère à l'Amérique Latine comme « la plus grande des nations du monde » et convoque en 1824 le Congrès de Panama afin de proposer une Confédération. Les réflexions de ces figures tutélaires des indépendances n'empêcheront pas un processus de morcellement territorial presque continu au cours des cinquante premières années d'indépendance, sans pour autant que le sous-continent fasse toujours référence à son unité, en particulier face à l'agressivité des Etats-Unis qui dépossèdent le Mexique de plus de la moitié de son territoire.
Si, depuis la fin du 19e siècle, et tout au long du 20e, l'Amérique Latine a, à de multiples reprises, été le théâtre de nombreuses tentatives visant à l'approfondissement de l'intégration régionale, celles-ci semblent de fait n'avoir jamais complètement abouti, même aujourd'hui. La variété des initiatives d'intégrations régionales sur le sous-continent a-t-elle empêché et continue-t-elle d'empêcher la constitution d'une véritable intégration régionale ?
[...] Dans le cône sud cependant, cette tentative d'intégration régionale s'est montrée moins efficace, se contentant d'alliances stratégiques entre PDVSA et les sociétés nationales pétrolières de la région. Mais ces programmes et l'ALBA demeurent essentiellement un ouil de la politique vénézuélienne, qui n'est pas contrôlé de manière coopérative mais bien par le seul Venezuela. Si les achats pétroliers à prix réduit ont pu représenter un véritable souffle d'air pour les pays bénéficiant de ces accords, ceux-ci ont favorisé une dépendance politique peu souhaitable alors que la permanence de cette aide s'est avérée être bien relative suite à l'effondrement des prix pétroliers consécutifs à la crise de 2008. [...]
[...] Malgré le poids croissant pris par les organisations régionales en Amérique Latine, celles-ci ont fait preuve de leur relative inefficacité à résoudre les situations de crise dans la région, en particulier à cause des nombreux problèmes de gouvernance posés par leur prolifération. Une absence criante de véritable intégration politique et économique Les tentatives d'intégrations régionales n'ont, au niveau politique, pas été suffisante pour garantir la protection des démocraties, malgré les très nombreux ajouts de clauses démocratiques faits dans tous les traités (particulièrement celui de l'OEA). [...]
[...] L'influence des EU est aussi manifeste dans les organisations sous-régionales Ex : ODECA créé dans les années 50 pour faire valoir les positions de l'Amérique centrale dans instances internationales et promouvoir la démocratisation est détournée de ses objectifs par la force du contexte international et devient foncièrement anticommuniste, avec le retrait du Guatemala, et en encourageant l'intervention des EU contre ce pays (première intervention militaire contre un gouvernement démocratiquement élu et rupture avec politique de bon voisinge de Roosevelt). Mais c'est surtout dans les années 1960 que cette influence des Etats-Unis est la plus manifeste, avec la création de l'Alliance pour le progrès. Pourquoi ? Climat politique d'hostilité à l'égard des EU (visite mouvementée de Nixon au printemps 1958) et traumatisme de la révolution cubaine dont il s'agit de prévenir une éventuelle contagion. [...]
[...] Pourquoi autant de processus d'intégration régionale ? Cela peut s'expliquer par le « dynamise présidentiel », fuite en avant s'assimilant à une sorte de course au parapluie où la règle consiste à recouvrir d'un parapluie toujours plus grand les parapluies ouverts précédemment. Les présidents cherchent d'abord dans l'arène régionale des gains politiques que ne peut leur procurer l'exercice de leurs mandats dans un cadre national, surtout au cours des années 1990, année d'adhésion des pays d'AL au consensus de Washington. [...]
[...] Et les intégrations régionales n'ont pas non plus évité l'apparition de guerres interétatiques sur le sous-continent, tel que la guerre opposant le Pérou à l'Equateur en 1995. Si, en 2010, la guerre entre la Colombie et ses voisins après le bombardement par l'armée colombienne d'un camp de FARC en Equateur aboutissant à la mort de leur numéro Raul Reyes, les baisses de tension observées n'ont été, en grande partie, dû qu'à un apaisement bilatéral, et pas à l'action des organisation régionales. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture