Le 10 octobre dernier, le prix Nobel de la paix était décerné à Martii Ahtisaari, l'ex-président finlandais distingué pour ses médiations de paix en Namibie, en Indonésie et en ex-Yougoslavie. C'est un diplomate qui depuis 2000 est surtout connu pour son action au travers de sa fondation Crisis Management Initiative, une organisation indépendante qui défend et œuvre pour une sécurité durable. Martii Ahtisaari fait partie d'un groupe influent qualifié par Roger Faligot de « seigneurs de la paix ».
Il s'agit de personnes privées qui jouent le rôle de médiateur dans la gestion des conflits, mais en dehors des cadres diplomatiques officiels (track one diplomacy). La façon de gérer les conflits ces dernières années a beaucoup évolué, au rôle traditionnel des diplomaties étatiques se sont rajoutées des formes d'intervention plus consensuelles dans le domaine du peacemaking. A titre d'illustration, alors qu'entre 1945-1962 les tentatives de médiation ne concernaient que 20% des conflits, entre 1963 et 1989 ce chiffre augmentait à 34% et à 64% pour les conflits entre 1963 et 1989.
[...] Les tentatives de négociation échouent et cela se transforme en guerre civile. De là de multiples médiations officielles se mettent en place, menées par l'ONU ou encore L'OAU. Ce dernier a été nommé médiateur pour résoudre le conflit civil, suite au décès de son prédécesseur, le président Tanzanien Julius Nyerere. Fin 2000, Mandela parvient à mener à un processus de paix signé par les parties en présence du président américain, Bill Clinton. Comme le souligne Kew Daren (auteur article), dans une perspective dogmatique de la médiation, les techniques employées par Mandela constituent de la pure hérésie. [...]
[...] Articles FAGET Jacques, Les métamorphoses du travail de paix, état des travaux sur la médiation dans les conflits politiques violents Revue Française de Sciences Politique, vol 58, avril 2008, p 309-333. FULLILOVE Michael, All the Presidents' Men: The role of special envoy in U.S Foreign Policy Foreign Affairs, vol 84, march-april 2005. HASKI Pierre, “Carter, Mandela, Annan forment un club pour la Rue avril 2008. http://www.rue89.com/2008/04/14/carter-mandela-annan-forment-un-club-pour- la-paix KEW Darren, Nelson Mandela in Burundi: An Analysis of the Eminent Person Mediator in Africa TRUC Olivier et BOLOPION Philippe, Martti Ahtisaari, infatigable médiateur de la paix Le Monde, 12-13octobre 2008. [...]
[...] Contrairement à toute attente, les trois hommes parviennent à faire signer un compromis. Cet exemple nous montre à quel point la personnalité du médiateur joue un rôle essentiel. Il n'est pas certain qu'une autre équipe serait parvenue à un accord, car la force de celle-ci était de parfaitement comprendre ce qu'attendaient les personnes avec qui elles négociaient. D'autre part cet exemple illustre ce dont on a parlé au début de la présentation concernant les envoyés spéciaux des présidents, et on voit ici qu'il peut s'agir d'une solution très viable même si cela prouve aussi très fortement le lien fort entre le monde politique et les seigneurs de la paix ce qui constitue indéniablement un atout majeur. [...]
[...] Les succès et échecs du Carter Center très proche des milieux dirigeants La fondation créée par Jimmy Carter est très réputée et a connu quelques grands succès.Une de ses médiations particulièrement intéressantes s'est produite lors de ce qu'on a appelé la médiation Carter-Nunn-Powell en Haïti en 1994. Le Carter center avait commencé à travailler sur la crise haïtienne en 1986. Lorsque Clinton arrive à la maison Blanche, Carter continue de lui offrir ses idées et ses analyses du conflit à Haïti , mais l'administration refuse alors d'accepter l'aide proposée par l'ancien président. [...]
[...] L'exemple de Carter Center permet bien de comprendre l'influence que peuvent avoir ces seigneurs de la paix, puisque leur action n'est ni de la pure diplomatie ni de la non-diplomatie, puisque ces organisations se servent de la notoriété de leur fondateur et de son ancien réseau. Ainsi sur le site du Carter Center il y a un petit article qui répond à la question pourquoi le carter center est impliqué dans le peacebuilding, est-ce que cela ne devrait pas être le rôle des gouvernements ? [...]
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