Jusqu'à une période récente, les populations autochtones étaient uniquement considérées comme victimes de l'Histoire : soumises par la conquête coloniale puis marginalisées économiquement et politiquement, même après les indépendances. Ce malgré un poids démographique non négligeable, estimé à 300 millions d'individus à l'échelle mondiale. A l'échelle des 33 pays d'Amérique latine, cette tendance à la victimisation paraît plus évidente du fait de l'effondrement démographique des populations indiennes : elles passent de 50 millions en 1492 à 8 millions en 1650. Depuis, la tendance s'est inversée : la FAO (1990) estime leur nombre à 40 millions, même si certains chercheurs (Yvon le Bot) avancent aujourd'hui une estimation inférieure, entre 25 et 30 millions, soit 6,5% de la population, et répartis en 400 groupes ethnolinguistiques, avec d'importantes fluctuations selon les pays.
[...] L. Van Cott, Indigenous Peoples and Democracy in Latin America, MacMillan: Basignstoke D. L. Van Cott, Constitutional Reform and Ethnic Rights in Latin America, Parliamentary Affairs D.L. Van Cott, Indigenous People's Political Parties in Latin America Cambridge: Cambridge U. Press, 2004. [...]
[...] En ce sens, les indigènes et les Etats ont su créer un espace de dialogue qui s'est traduit au tournant des années 1990 par une vague de réformes constitutionnelles, qui ont tout de même du mal à se traduire dans les faits : - Brésil : la Constitution de 1988 (et le décret Collor de 1992) instaure la création de terres indiennes en Amazonie, censées être établies par la Fondation Nationale des Indiens (FUNAI). Traîne en longueur : 30% des 150.000 de terres restent à identifier. - Colombie : la Constitution de 1991 reconnaît les systèmes juridiques traditionnels, réserve un siège au Sénat pour un représentant autochtone. Dans la réalité, la guerre civile bride une grande partie de ces droits, et les Indiens sont pris entre deux feux. - Bolivie : la Constitution de 1995 et la loi 1715 de 1996 introduisent le concept de Terres Communautaires d'Origine (TCO). [...]
[...] A l'heure actuelle Etats l'ont signé, dont 13 Etats d'Amérique latine : le Mexique, la Bolivie, la Colombie, le Costa Rica, le Paraguay, le Pérou, le Honduras, le Guatemala, l'Equateur, l'Argentine, le Brésil, la Dominique, le Venezuela. [Les autres : Norvège, Fidji, Pays-Bas, Népal, Danemark, Espagne en 2007] Cette avancée, surtout culturelle, prend rapidement un tour politique, puisque la reconnaissance de droits indigènes entraîne la reconnaissance de droits territoriaux particuliers, et donc la reconnaissance juridique de territoires. Dans cet ordre d'idée projets s'opposent : - light : la reconnaissance et l'institutionnalisation des communautés indigènes, dont l'autonomie (relative) serait inscrite dans le droit positif et protégée au sein de l'Etat. [...]
[...] Assassiné en 1988, et Evo Morales, indien Aymara, leader syndical des planteurs de coca, aujourd'hui président de la Bolivie. - les arènes internationales : les Indiens sont parvenus à investir les arènes internationales et à inscrire leurs problèmes sur l'agenda des ONG (Survival, fondée en 1969) et des organisations internationales (OI). On assiste par exemple à la création d'un groupe de travail sur les populations autochtones par le conseil économique et social de l'ONU en 1977 ; établissement de la 1re décennie des peuples autochtones un partenariat dans l'action de 1994 à 2004 et d'une 2nde décennie établie en 2005 ; création de l'instance permanente sur les questions autochtones en 2002. [...]
[...] Conclusion On peut dire que l'indigénisme s'est imposé en Amérique latine, puisqu'il n'a pas fait que montrer et promouvoir l'identité indigène, mais qu'il a contribué à la produire, à la reformuler de manière plus affirmée et dans un sens non pas seulement culturel, mais aussi politique. Dans le contexte des transitions démocratiques des années 1980, et de la libéralisation politique et économique, les mouvements indigénistes ont su s'organiser rapidement et obtenir des soutiens sur le plan national et international (altermondialistes, environnementalistes, ONG, OI Ils ont surtout réussi le tour de force de faire passer des revendications qui pourraient paraître archaïques ou dangereuses aux yeux de la communauté internationale (autour du thème de l'ethnicité) pour un combat moderne et légitime, dont les fruits sont inscrits dans la Constitution des Etats. [...]
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