Le 5 Juin 1967, un conflit militaire éclate au Proche-Orient, impliquant d'un coté Israël et de l'autre une coalition d'Etats arabes liant l'Egypte, la Syrie, la Jordanie et l'Irak. Ce conflit prend fin six jours plus tard avec la signature le 10 Juin 1967 d'un cessez-le-feu entre les différentes parties. Au sortir du conflit, une grande partie de l'armée de l'air Egyptienne est détruite ou incapacité, l'armée de terre a été obligée de se replier sur les rives du canal de Suez et de concéder la possession du désert du Sinaï à Israël, la Cisjordanie est aussi en possession d'Israël de même que le plateau du Golan, zone forteresse à la frontière Syro-Israélienne et ceci alors même que quelques jours avant Radio Damas annonçait avec quasi-certitude l'éradication prochaine de l'Etat Israélien.
Au filtre de l'analyse constructiviste il apparaît que les causes d'une guerre ne peuvent pas être envisagées sans prendre en compte les perceptions des acteurs et que ces perceptions ne peuvent pas être envisagées sans étudier les identités qui influencent la constitution de ces perceptions. Ainsi la thèse défendue dans l'analyse de la guerre des Six-jours est que la construction des identités a une influence sur la constitution des perceptions des acteurs et que ces perceptions combinées aux caractéristiques identitaires de ceux-ci déterminent des comportements qui peuvent être contre-productifs.
Pour vérifier cette thèse, nous tenterons d'abord de vérifier plusieurs hypothèses implicites à la thèse générale. Ces hypothèses impliquent d'utiliser tout à la fois une série d'approches développées par les courants constructivistes au fil des années et ceci dans une perspective constructiviste moderniste.
[...] De fait, ce n'est pas uniquement sur la base d'une haine, même partagée, entre deux collectivités qu'une guerre étatique traditionnelle éclate. Il faut ajouter à cela la volonté des dirigeants d'entrer dans une guerre conventionnelle. Et quelque soit le poids des sentiments et des constructions qui sous-tendent la perception de l'autre, cette entrée en guerre ne se fait généralement pas sans calcul ou du moins sans intérêt perçus suffisants. Le rôle du dilemme de sécurité et les intérêts perçus à l'entrée en guerre Dans son article majeur Anarchy is what States make of it Alexander Wendt[15] expose l'idée que si l'analyse réaliste demeure prédominante en relation internationale, ou si tout du moins elle conserve sa validité, c'est parce que les dirigeants des Etats continue de s'y référer et d'obéir à ses préceptes dans leurs comportements sur la scène internationale. [...]
[...] Toujours selon Anderson, la création de toute identité collective se fonde sur une dialectique d'inclusion/exclusion : Tout ce qui n'est pas notre est autre. Les identités s'articulent, collectivement ou individuellement, sur un rapport Je/Tu, Nous/Eux. En incluant dans l'espace national un ensemble d'individus, on assume que ceux-ci correspondent aux caractéristiques idéels de cette nation, tandis qu'en définissant ces caractéristiques on exclut par là même mécaniquement tout individu ne remplissant par ces caractéristiques identitaires[5]. Dans le cas du conflit Israélo-Arabe au sens historique large, c'est-à-dire au-delà du cadre restreint de la guerre des six jours cette dialectique se fait en négatif et de manière d'autant plus intense que les caractéristiques identitaires s'articulent autour du rejet d'autres entités nationales. [...]
[...] Puissance et faiblesse, le rôle des perceptions Depuis les travaux de Robert Jervis sur les Perceptions & Misperceptions il est devenu fréquent dans l'analyse constructiviste de prendre en compte les perceptions affichées des acteurs d'un conflit à travers leurs actions, décisions et déclarations. En effet, il apparaît que l'évolution du jeu des acteurs en relations internationales est plus souvent marquée par leurs perceptions subjectives de la réalité, c'est-à- dire leur capacité à comprendre et à interpréter les événements vis-à-vis de leurs propres connaissances du monde, de leurs expériences personnelles et des grilles de lecture qu'ils possèdent, que par de réelles appréciations objectives de situations dont ils ne possèdent pratiquement jamais toutes les données et qu'ils ne peuvent analyser que d'un nombre limité de manières. [...]
[...] Ces informations confirmées le 12 Mai 1967 par un officier de renseignement soviétique contribuent à accroître la perception des dirigeants syriens de l'imminence d'une attaque israélienne sur le plateau du Golan alors forteresse naturelle en possession de la Syrie et assurant la sécurité de la frontière Sud du pays Ces rumeurs contribuent à accroître l'intensité du dilemme de sécurité dans la région et Hafez El- Assad en vient même à demander l'aide égyptienne pour contrer une attaque israélienne attendue sur la région. Pourtant le 15 Mai, Fawzi rapporte au Caire n'avoir observé aucun mouvement de troupes particulier ni aucun changement dans les positions israéliennes au sud du plateau du Golan. Cette information est d'ailleurs confirmée par les archives israéliennes qui ne révèlent aucun projet d'offensive à cet endroit à l'époque[22]. Ceci porte à croire que le Kremlin avait ses raisons encore invérifiables pour le moment de confirmer la possibilité d'une offensive israélienne dans le Golan aux dirigeants syriens. [...]
[...] Si les mêmes intentions pour des raisons pratiques (notamment la puissance relative d'Israël et sa culture stratégique) ne peuvent pas être attribuées à l'état israélien, il n'en reste pas moins que l'extension de celui-ci au fil des années sur les territoires palestiniens trahis une volonté au moins similaire à l'égard de la Palestine. En conséquence de quoi ces Etats sont passés de rivaux potentiels au sens Wendtien, au moment de la création d'Israël, à l'état déclaré d'ennemis ontologiques au moment de la guerre des six jours La polarisation et l'exacerbation d'identités opposées. Au moment de la montée des tensions qui ont précédé la guerre des Six Jours, les dirigeants des Etats impliqués par la suite dans le conflit envisageaient déjà la possibilité d'une entrée en guerre[6]. [...]
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