A la fin de la première guerre mondiale, les Etats-Unis ont tenté d'organiser la société internationale de manière à pacifier les relations et rendre la paix durable, objectif incarné dans l'institution de la SDN. Mais celle-ci fut malheureusement incapable d'enrayer la dynamique qui conduisit à la seconde guerre mondiale. La réflexion proposée s'articulera principalement autour du texte d'E.H. Carr et de son interprétation de la faillite du système international dans la période d'entre-deux-guerres. La question n'est pas comment, mais pourquoi un tel système d'inspiration idéaliste a échoué ? Pour nous, cet échec n'est pas dû aux principes théoriques qui le sous-tendent, mais plutôt à sa réalisation prématurée et inappropriée dans un contexte international hostile.
[...] Finalement, c'est la société même qui est ébranlée, car la question est celle de ses fondements : après Dieu, sur quoi repose-t-elle ? En fait, la modernité a changé notre façon de comprendre le concept de liberté comme l'a montré Starobinski[8]. La conception classique était celle de Hegel : la liberté, c'est la conscience de la nécessité On était libre dans l'acceptation d'un ordre cosmique, métaphysique ou moral, non pas dans les actes. La liberté était une acceptation, pas une lutte. [...]
[...] Bentham[4] et sur laquelle repose nombre de démocratie. L'utilitarisme - théorie morale dominante dans notre société moderne - part de deux postulats, l'un anthropologique (tout être humain recherche le bonheur et fuit la souffrance) et l'autre moral (un acte est moral s'il procure la plus grande utilité au plus grand nombre). Dans la logique des Lumières, on voit une certaine concordance entre intérêts privés et collectifs : réaliser le bien du plus grand nombre assure la légitimité du système. Mais l'utilitarisme a deux graves dysfonctionnements : si un acte est moral du fait qu'il procure de la satisfaction au plus grand nombre, et si la façon de déterminer le plus grand nombre est le principe de la majorité, il s'ensuite d'une part que la minorité peut être légitimement sacrifiée, et d'autre part que l'on est face à une morale à géométrie variable qui peut changer brusquement en fonction du processus de décision d'un Etat. [...]
[...] Le fascisme, le nazisme et le totalitarisme soviétique ont disparu au XXème siècle. L'ONU incarne la pérennité des idéaux wilsoniens, malgré ses imperfections. Les principes de la démocratie libérale ont progressé depuis le texte de Carr, même chaotiquement, car les réactions et les résistances restent fortes. Le cosmopolitisme kantien est plus que jamais d'actualité, malgré là aussi des résistances. La SDN fut un échec, car le processus fut trop brutal et miné au départ par la défection des USA, et parce que, selon les termes de Bruce Russett, «the elements of trade and democracy were never given a fair chance Le libéralisme politique peut s'imposer dans la durée, par un changement des mentalités et par un ensemble d'institutions qui viennent jouer le rôle des régulateurs naturels auxquels on croyait. [...]
[...] Carr, The Twenty Years' Crisis, p Carr, op. cit., p Ibid., p Jean Starobinski, L'invention de la liberté : 1700-1789, Editions Flammarion, Paris Bruce Russett, Grasping the Democratic Peace, page 9. Kant, op. cit., p. 105. [...]
[...] Il remarque que les vices privés de chaque individu (la consommation) font du bien à la société, car la machine économique tourne. Donc, l'immoralité peut être bénéfique. Mandeville introduit une dissociation nouvelle dans l'histoire des pensées entre la morale et l'économie Adam Smith a d'ailleurs une dette envers lui. Dans Enquête sur la richesse des nations[2], livre fondateur de l'économie moderne, il reprend l'idée qu'au niveau économique, tout vient des intérêts privés et égoïstes des individus. C'est la fameuse main invisible supposée harmoniser mécaniquement les actions des individus pour le bien collectif. [...]
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