Dans son article de 1993, Huntington annonce dès la première phrase que la politique mondiale entre dans une nouvelle phase. La nouveauté est que la principale source de conflit après la guerre froide sera culturelle. Même si l'État restera l'acteur principal, le choc des civilisations dominera l'agenda de la politique globale et les lignes de fracture seront les lignes de conflit du futur
[...] Puisque le monde s'achemine vers une démocratie à l'occidentale, l'Occident devrait être confiant. La mondialisation est de plus en plus synonyme d'occidentalisation. L'anglais est parlé partout dans le monde. L'affirmation selon laquelle les civilisations islamique et confucianiste vont s'allier contre l'Occident est sans fondement. L'hypothèse de Huntington est marquée par une forte ambiguïté conceptuelle. Les principales étant celles qui excluent les civilisations slave/orthodoxe et Latino/américaine de la civilisation occidentale et celle voulant que le Japon soit dans une civilisation extérieure au confucianisme. La théorie de Huntington n'apporte rien de nouveau. [...]
[...] Les processus de modernisation économique et de changements sociaux ont eu tendance à séparer les individus de leurs appartenances identitaires locales. Ils ont aussi affaibli les États- nations comme source d'identité. D'où un retour à la religion qui transcende les frontières nationales et unit les civilisations. La croissance de la prise de conscience civilisationnelle est accentuée par le rôle dual joué par l'Occident. D'un côté, l'Occident est au summum de sa puissance et de l'autre, les civilisations non-occidentales cherchent à se détacher de l'influence occidentale. [...]
[...] La théorie de Huntington est simpliste et monolithique. De plus, elle associe dans une même approche toutes les perspectives possibles. Cette théorie manque donc de niveau d'analyse. Il devient ainsi difficile d'évaluer quels sont les conflits, politiques, économiques, idéologiques ou de civilisations, les plus importants. Telles sont les principales critiques adressées au modèle de Huntington. De plus, selon Didier Bigo, la fin de la guerre froide a privé les spécialistes de la stratégie d'une menace clairement définie. Avec la fin de la menace soviétique, les stratèges ont dû se rabattre sur d'autres sources de menaces potentielles. [...]
[...] Il a réinventé des lignes de fracture, des frontières à fonction sécuritaire qui légitiment les regroupements régionaux entre armées occidentales et la création d'un ancien ennemi sous une nouvelle peau : l'Orient (musulman ou confucianiste). Ce qui choque également dans le texte de Huntington, c'est sa façon de considérer les USA comme étant supérieurs au reste du monde. D'ailleurs, lorsque Huntington parle de l'Occident, le lecteur a de la difficulté à ne pas lire les USA. La lecture d'un autre texte de Huntington est révélatrice à cet égard. Dans Why International Primacy Matters Huntington considère que les USA sont tellement meilleurs que le monde devrait les suivre sans hésiter. [...]
[...] Critiques de Huntington Wang Jisi identifie huit grandes critiques adressées au «choc des civilisations». Les chocs entre civilisations ne deviendront pas le conflit fondamental des RI. Les conflits continueront à impliquer la défense des intérêts des États. Selon ces critiques, les croyances jouent un rôle mineur dans les RI. Ces critiques proviennent surtout des réalistes et elles étaient majoritaires dans les critiques contenues dans Foreign Affairs. Même s'il existe des différences entre les civilisations, ces dernières se développent et changent et elles tendent, malgré cette diversité, à s'inscrire dans un processus d'intégration mondiale. [...]
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