La notion de paix évoque trois types de réalité : il s'agit d'abord, selon le droit international, de l'absence de conflit entre deux Etats ; ensuite, lorsqu'elle est employée dans des expressions plus ciblées comme « la paix sociale » ou la « paix civile », de l'absence de conflit, social ou politique, à l'intérieur d'un Etat ; enfin, au niveau de l'intériorité même de l'individu, d'une absence de trouble, dont la recherche est au demeurant signifiée par l'expression très familière « vouloir la paix ». Notamment lorsqu'il est déterminé par l'article défini, qui lui donne une signification générale et extensive, le terme de paix, dont l'étymon latin dérivé du verbe pangere, traduit par « fixer, instituer », décrit l'idée de stabilité, d'absence de tension, s'oppose à la figure de la guerre, qu'il s'agisse des conflits intérieurs liés aux débats propres et internes à la conscience, de la guerre civile ou de la guerre classique. Traditionnellement, la paix est associée à des connotations positives, tandis que l'idée de guerre emporte certaines représentations classiques du mal. Néanmoins, vouloir la paix à tout prix ne semble pas toujours être de bonne politique : pour le sens commun, c'est là souvent sacrifier à ses principes ou acheter un répit fragile. Peut-on alors vouloir la paix ?
[...] Machiavel, dans le Prince, met en évidence la morale originale et spécifique de l'Etat. S'opposant aux doctrines augustiniennes qui affirment la supériorité de la Cité de Dieu sur la Cite des Hommes et donc conduisent, selon lui, à un désintérêt catastrophique pour les choses terrestres, Machiavel construit le politique comme étant sa propre finalité. C'est l'institution de la raison d'Etat, qui ne définit pas, comme dans la langue courante, une pratique exceptionnelle et inavouable mais la norme proprement moderne, et précisément non transcendante, du politique. [...]
[...] J.-J. Barrère et C. Roche, Nathan Commentaire Valadier, P., Machiavel et la fragilité du politique, Ed. [...]
[...] Pour Kant, le droit permet la coexistence des libertés de chacun avec la liberté de tout autre. Le droit n'est pour autant pas l'instauration d'un ordre moral. La loi définit des maximes de mon action mais pas nécessairement le mobile de mon action, la loi exerçant une contrainte extérieure sur ma conscience, qui n'est pas obligée de l'accepter. Par opposition à cette moralité proprement appauvrie, l'action morale découle du sentiment du devoir et de l'obligation : la moralité est l'expression d'une contrainte reconnue comme légitime et intégrée. [...]
[...] La paix désignée comme on l'a dit de façon non spécifique, implique d'ores et déjà une première alternative : la paix en tant que principe universel correspond-elle à la somme des paix possibles et réelles ? L'idée de paix, pour devenir effective, doit-elle en passer en fait par la recherche de la paix dans tous les cas ? D'autre part, dans notre problème, le verbe pouvoir peut prendre deux sens concurrents : il sous-entend en effet à la fois l'idée d'une autorisation morale ou rationnelle et pose la question de l'existence des moyens physiques et intellectuels de l'Homme propres à atteindre cette paix. [...]
[...] C'est bien naturellement le cas lorsque l'Etat recourt à la violence légitime contre les déviances des individus menaçant l'ordre social. Mais dans la mesure où les hommes sont incapables de délibérer eux-mêmes la nécessité de la paix, puisque s'il est bien vrai que la vérité de la volonté est l'universel, cela veut aussi dire que l'universel ne peut s'incarner dans la somme des volontés contingentes, l'Etat peut avoir faire naître dans l'intériorité de la conscience elle- même l'universel de la loi. [...]
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