Dans une première partie, nous étudierons l'héritage d'Houphouët-Boigny par des rappels historiques. Ensuite, nous expliquerons en quoi la question de l'ivoirité occupe une place centrale dans la société ivoirienne et dans le débat politique, en rappelant que ce concept n'est pas né au cours des années 90, mais qu'il prend ses racines bien avant. Enfin, nous dégagerons les enjeux décisifs pour l'avenir de la Côte d'Ivoire si elle veut pouvoir sortir de l'impasse
[...] On s'est mis à considérer que la Côte d'Ivoire n'était plus en mesure d'accueillir des étrangers (ils représentent actuellement 30 à de la population). De plus en 1990, c'est Laurent Gbagbo qui, lors des élections présidentielles, a reproché au PDCI de donner des droits aux étrangers afin de bénéficier de leurs votes pour se maintenir au pouvoir. Comme l'observe J-P. Dozon, "il n'y a guère lieu de s'étonner de la persistance de l'ivoirité dans le débat public puisque le Front Populaire Ivoirien (FPI) de L.Gbagbo en eut d'une certaine manière l'antériorité" (Politique africaine, juin 2000). [...]
[...] Mais avec la crise des années 80, survenue qui plus est au moment de la fin de son règne, il a vu son système clientéliste de désagréger et il a du rompre son compromis historique avec les planteurs, composante essentielle de l'édifice ivoirien. Les tensions au sein de la société, les luttes factionnelles pour les richesses "permettent de comprendre la production et la mobilisation progressive, par le régime, d'une idéologie de l'exclusion (formalisée par le concept d'ivoirité) destinée à détourner l'opinion de l'essentiel en lui offrant un "projet" et des boucs-émissaires" (Politique africaine, Bruno Losch, juin 2000). Si le mode de régulation de Houphouët-Boigny a connu quelques succès, il a révélé des contradictions difficilement soutenables. [...]
[...] Dans une première partie, nous étudierons l'héritage d'Houphouët-Boigny par des rappels historiques. Ensuite, nous expliquerons en quoi la question de l'"ivoirité" occupe une place centrale dans la société ivoirienne et dans le débat politique, en rappelant que ce concept n'est pas né au cours des années 90, mais qu'il prend ses racines bien avant. Enfin, nous dégagerons les enjeux décisifs pour l'avenir de la Côte d'Ivoire si elle veut pouvoir sortir de l'impasse. I. Le "système Houphouët-Boigny" ou l'Etat néo-patrimonial 1. [...]
[...] Les affrontements actuels ont débuté au moment de sa succession, qui a vu s'opposer Konan Bédié à Allassane Ouattara. Le premier a fait passer le second pour un défenseur des "gens du Nord" exclusivement, cherchant par-là à le dévaloriser. On assiste ainsi à une sorte d'"éthnicisation de la politique" (Tiekomo Coulibaly, Le Monde Diplomatique, octobre 2000), faisant courir le risque au pays de le voir se séparer en deux. II. Le problème central de l'ivoirité 1. L'ivoirité Le coup d'Etat de décembre 1999 a évité au pays de sombrer dans la guerre civile, mais comme le précise J-P. [...]
[...] Dans sa démarche de rapprochement avec l'ex-pouvoir colonial, il prend le contre-pied de l'africaniste N'Krumah; de même, il participe à la "balkanisation" de l'Afrique Occidentale Française, s'opposant au leader sénégalais Sedar Senghor, refusant de faire de son pays "la vache à lait" de la région. Durant les années 60, on assiste à une pacification politique du pays, c'est-à-dire qu'il impose une hégémonie autour de sa personne. Ceci aura des conséquences très importantes sur le fonctionnement du régime ainsi que sur les problèmes politiques structurels actuels. La décennie 70 est celle du parti unique et du "miracle ivoirien". La Côte d'Ivoire est en plein boom économique grâce aux prix élevés du cacao et du café. [...]
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