Guerres non-létales, armes, technologies, médiatisation, Etat, puissances, RMA, droit international
Le dictionnaire des Relations Internationales définit la guerre comme « un acte de violence armée organisée collective ». Plus intéressant pour cette présentation, David Singer et Melvyn Small dans leur projet Correlates of War, complète la définition en considérant qu'une guerre doit provoquer « parmi les forces armées en présence un nombre de pertes humaines d'au moins mille morts sur la durée des affrontements ».
Rappelons que pour les Réalistes, le système international, caractérisé par son état d'anarchie, est synonyme d'Etat de guerre et qu'ainsi, les relations internationales se « déroulent à l'ombre de la guerre » (R. Aron). Le rôle de la guerre est, selon Clausewitz, de « contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté ». A l'inverse, les Libéraux considèrent que la guerre n'est pas une fatalité est peut être évitée, notamment par la coopération.
Il est intéressant de constater que depuis 19e, le nombre de guerres diminue. De même, si les conflits sont de plus en plus courts, ils sont également plus meurtriers, destructeurs et plus globaux. Face à ce phénomène, au sein de l'ONU, après la Seconde Guerre mondiale, les Etats s'engagent « à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances ». Cette volonté d'encadrer juridiquement la guerre est également liée à celle de restreindre les conflits armés au seul intérêt commun. Cependant, la guerre reste un outil des Relations Internationales. Qu'elle soit considérée comme légitime ou non, la guerre n'a pas disparu des RI.
Dès lors, une contradiction se forme entre l'utilisation de la force militaire et le principe d'humanité. Ceci fut d'ailleurs résumé par Barack Obama : « les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix, et pourtant cette vérité doit coexister avec une autre : aussi justifiée soit-elle, la guerre promet d'être une tragédie humaine ».
Une solution trouvée pour éviter cette tragédie humaine repose sur un autre principe : le principe de proportionnalité. Or, pour les Armées, la capacité à respecter ce principe a été liée au développement d'armes non létales.
A noter que l'initiative du débat en 1991 revient à trois personnes. Il s'agit de John Alexander (vétéran du Vietnam reconverti dans la programmation d'armes secrètes au Laboratoire national de Los Alamos), Janet Morris (une auteur de sciences fiction) et Ray Cline (ancien directeur adjoint de la CIA).
Pour donner une définition des armes non létales, l'OTAN et le Département de la Défense américain considère que ce sont « des armes spécifiquement conçues et mises au point pour mettre hors de combat ou repousser le personnel, avec une faible probabilité d'issue fatale ou de lésion permanente, ou mettre hors d'état le matériel, avec un minimum de dommages non intentionnels ou d'incidences sur l'environnement ». L'idée est donc d'être capable de réprimer sans tuer ni faire couler le sang et de limiter les dommages collatéraux.
Cependant, plusieurs interrogations demeurent : quel usage sera fait de telles technologies ? Défensive, comme majoritairement jusqu'à présent, ou offensive ? Dans quelle mesure ces technologies sont-elles liées à la doctrine de zéro mort ? Qu'implique cette doctrine ?
[...] Les armes non létales pourraient remettre cela en cause. Avec une doctrine zéro mort acceptée, les Etats-Unis pourraient avoir encore moins de scrupules à nier le multilatéralisme qu'ils n'en avaient eu pour déclencher la guerre en Irak. Se faisant, les Etats-Unis tendraient à éliminer un Etat ennemi sans pour autant éliminer sa population. En généralisant cela, les Etats pourraient se concevoir comme des ennemis, non plus comme des rivaux et nier le droit à l'existence des autres Etats. Cette situation dans laquelle le recours à la force est permanent est désignée par Battistella comme un retour à une forme hobienne d'anarchie. [...]
[...] L'auteur pense en effet les conséquences d'un monde au sein duquel le recours à la violence armée serait de nouveau accepté comme la simple continuation de la politique par d'autres moyens (Clausewitz). Ces conséquences seraient, selon lui, d'abaisser le seuil d'acceptabilité de l'ingérence. Or, les armes non létales pourraient conduire à de tels scénarios. Il serait dès lors possible que la guerre redevienne un outil normal sur le plan des relations internationales. Un deuxième point est soulevé par le rapport du GRIP : le non létal permet d'envisager le maintien de l'ordre comme un continuum local national international. [...]
[...] Une technique non létale peut donc clairement avoir des fins toutes autres. Les nouvelles technologies pourraient dès lors être utilisées dans cette logique. Le brouillard adhésif, qui colle au sol ses victimes, les produits chimiques qui assomment les foules et les systèmes paralysants qui fixent les gens sur place pourraient ainsi, de manière paradoxale, rendre les zones de conflit encore plus meurtrières lorsque les victimes auront été préalablement anesthésiées. Steve Wright parle ainsi de possible effet de cliquet des armes non létales, signifiant que leur usage pourrait exacerber les conflits. [...]
[...] Enfin, le VLAD est une arme non létale à fonction anti-matérielle qui permet d'arrêter un véhicule sans le détruire. Il s'agit, en effet, d'un filet équipé d'une rangée de piques qui se prend dans les roues du véhicule, stoppant ainsi n'importe quel engin, quelle que soit sa vitesse. Cette technologie permet de protéger les soldats sans tuer l'adversaire. Facile à mettre en place, le VLAD peut arrêter tout type de véhicule et remplace les mines anti-véhicules, très dangereuses, notamment dans une perspective post-conflit. [...]
[...] Cette réticence concerne les gouvernements comme les populations. Au niveau de ces premiers, elle est principalement liée au coût économique de la guerre. Ainsi, dans Le champ de bataille du futur Michel Arsenicaux indique qu'à la préoccupation traditionnelle est venu s'ajouter un souci d'économie. Un soldat américain, bien formé et bien entraîné, coûte très cher. C'est un investissement en qualité, il n'est pas question de risquer ce capital inconsidérément. De même, dans certains domaines, le prix des matériels interdit une prise de risque excessive. [...]
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