Les guerres civiles à l'ère de la globalisation. Nouvelles réalités et nouveaux paradigmes - Roland Marchal et Christine Messiant (2003)

Thèmes abordés

Les guerres civiles à l'ère de la globalisation, Nouvelles réalités et nouveaux paradigmes, Roland Marchal, Christine Messiant, guerres post-guerre froide, logique identitaire, identité politique, violence irrationnelle, nouvel ordre international

Résumé du document

Les auteurs de cet article viennent apporter leur vision critique des grandes thèses qui rendent compte de la distinction entre les guerres datant de l'avant 1990 et les" nouvelles guerres" post-guerre froide, et plus précisément, les guerres à l'ère de la mondialisation. Ces thèses, menées par Kaplan, Collier ou Kaldor, tendent à opposer anciennes et nouvelles guerres sur trois plans. On peut opposer l'idéologie versus l'identité ou vide politique : les nouvelles guerres seraient nourries d'une logique identitaire, fondamentaliste, fragmentée et exclusive tandis que les anciennes par des buts idéologiques, une identité politique forte tournée vers un cosmopolisme intégrant tous ceux désirant adhérer à cette idéologie.

Extraits

[...] En plus, ces analyses manquent de précision puisque selon que l'on choisit la globalisation ou la fin de la guerre froide, on n'a déjà pas le même échantillon. Or les conditions internationales sont ce qui fonde précisément l'étude de ces « analystes des nouvelles guerres ». B. Des amalgames invalidants Un des amalgames dénoncés par les auteurs est que l'on compare des guerres interétatiques à des guerres antiétatiques (les guerres civiles). Or, les guerres entre États ont donné lieu à la mise en place de normes alors que les guerres civiles sont par définition, portées par la vocation à renverser l'ordre étatique, le monopole effectif de la violence légitime et donc qui est caractérisée par l'absence de normes protégeant les civils. [...]

[...] Conclusion Cet article montre que la résolution des conflits sur la scène internationale est difficile tant les revendications diffèrent. Si on s'appuie sur le nouvel ordre international et la résolution des conflits uniquement par le droit, cela va de pair avec l'oubli du contexte historique, social et politique propre à chaque conflit et une définition arbitraire et occidentalisée de ce que sont les « guerres justes ». [...]

[...] Les « analystes des nouvelles guerres » se tromperaient ainsi sur les moyens et les fins, puisqu'aujourd'hui il existerait selon les auteurs, des entrepreneurs militaires qui ne luttent pas pour le pouvoir, car ils sont déjà à la tête de quasi-États, mais font la guerre pour la guerre, pour la prédation. II - Analyse des conflits ou constructions d'un syndrome ? A. Des objets et des analyses différentes pour une même théorie L'apport majeur de cet article est qu'il montre que l'analyse de l'opposition entre nouvelle et ancienne guerres n'est pas pertinente puisqu'elle ne s'appuie pas sur les mêmes anciennes et nouvelles guerres. [...]

[...] Les auteurs montrent d'ailleurs que ces analyses sont davantage des outils politiques, comme un jugement moral qu'une analyse empirique. Ainsi, ces analyses sont critiquées du fait de leur portée normative et non descriptive, puisqu'elles prônent que les idéologies universalistes auraient alors eu pour conséquence la correction des révolutionnaires, voire même des « combattants de la liberté » (ce qui est contradictoire, puisque la révolution est généralement portée par des valeurs libertaires). De ce fait, elles n'étudient pas la non-adhésion des peuples face à ce « nouveau » système et induisent que l'utilisation de la violence se justifie aujourd'hui pour l'atteinte des valeurs et objectifs « nobles ». [...]

[...] I - Les nouvelles guerres civiles sont-elles si différentes des anciennes ? A. De l'idéologie universaliste dans les anciennes guerres et de son absence dans les nouvelles Les auteurs montrent que les « nouvelles guerres » sont elles aussi inspirées d'une idéologie universaliste comme en démontre nombre des rebellions armées menées pour l'indépendance nationale ou contre des dictatures qui l'ont été au nom d'un idéal universaliste, avec la conviction que ces idéologies pouvaient assurer la liberté et le bonheur de leur peuple. [...]