La guerre qui opposa l'Empire du Japon aux Alliés dans le Pacifique de 1941 à 1945 est un sujet lointain pour les Européens. Nous avons bien sûr été avant tout concerné par la lutte contre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Tout au plus, certains Européens se sentent plus concernés par la guerre atroce qui ravagea tout le Pacifique. Ainsi, les Britanniques, qui ont fortement lutté contre le Mikado en Birmanie et à Singapour, se rappellent du front asiatique. C'est la même chose pour les Néerlandais (je suis franco-néerlandais), dont les colons d'Indonésie ont été interné dans des camps de prisonniers. Les autres, dont les Français, ont un regard très détaché sur cette guerre. La guerre du Pacifique, déclenchée le 7 décembre 1941 par le bombardement japonais de Pearl Harbour, demeure un des théâtres d'opération les plus sanglants de la Seconde Guerre Mondiale. L'objet de cette dissertation est de voir si la guerre du Pacifique aurait pu être évité. Le Japon était-il le dos au mur quand il a entrepris de conquérir le Pacifique et d'établir la sphère de co-prospérité ? Pourquoi une nation qui a couru après la modernité occidentale est-elle retournée à la tradition politique du gouvernement militaire ? Quelles sont les raisons internes expliquant la marche à la guerre ? Quelles sont les responsabilités des Alliés et singulièrement des Etats-Unis ?
Nous faisons le choix de nous focaliser sur les causes de la guerre du Pacifique, que nous faisons démarrer à partir de l'attaque de Pearl Harbour. Bien sûr, le conflit entre la Chine et le Japon démarre bien plus tôt, en 1937. Mais, pour ne pas trop élargir le sujet, nous choisissons d'exclure l'explication des causes du conflit sino-japonais.
Nous voulons trouver d'autres explications à la guerre que l'expansionnisme ou le militarisme japonais. Plus précisément, nous voulons savoir quelles conditions ont permis cet expansionnisme et militarisme de devenir la politique impulsée par Tokyo.
Dans une première partie, nous nous intéresserons aux causes internes du conflit du Pacifique. Ensuite, dans une deuxième partie, nous nous pencherons sur les racines extérieures de la guerre, notamment des responsabilités américaines.
[...] Ceci était d'ailleurs impossible puisque le Parti Communiste Japonais avait seulement une existence clandestine, notamment à cause de la loi sur la préservation de la paix de 1925. Cette loi énonce que quiconque ayant formé une association avec pour but de changer ou d'altérer le kokutai ou le système de la propriété privée, et quiconque ayant joint une telle association avec la pleine connaissance de son objet, seront exposé à l'emprisonnement avec ou sans le travail dur, pour une limite n'excédant pas dix ans. [...]
[...] Conclusion Au terme de notre réflexion, nous pouvons penser que la Guerre du Pacifique aurait pu être évité. D'une part, cela aurait nécessité une démocratie japonaise plus forte avec en particulier des démocrates plus virulents. De même, on peut penser que la faiblesse de la gauche nippone n'a pas aidé, loin de là, à enrayer la montée du militarisme. D'autre part, il paraît évident que la guerre européenne et son influence sur la puissance européenne en Asie ont joué un rôle primordial dans la conduite du Japon. [...]
[...] I Causes internes au Japon expliquant la guerre du Pacifique Les facteurs internes qui ont permis que l'option guerrière soit retenue par Tokyo sont multiples. Il ne suffit pas de dire que le militarisme était très puissant, il faut expliquer pourquoi il a pu être aussi puissant. A notre avis, une des causes principales de l'hégémonie militariste est la faiblesse structurelle de la gauche japonaise et des libéraux. Comme le souligne Michel Vié dans Le Japon contemporain[1] , l'attitude des syndicalistes et des socialistes à l'égard du régime totalitaire est très différente de la situation en Allemagne nazie ou en Italie fasciste. [...]
[...] La République française, menacé par les ligues fascistes le 6 février 1934, proclame leur dissolution en janvier 1936. Au Japon, l' incident du 15 mai 1932, qui vit l'assassinat du Premier Ministre Inukai, n'entraîna pas une telle réaction. On peut considérer que c'est à ce moment là que le militarisme a pris le dessus sur la vie politique impériale. Cela mena probablement à radicaliser les éléments extrémistes de l'armée, qui se lancèrent une nouvelle tentative de coup d'état le 26 février 1936 et occupèrent Tokyo pendant trois jours. [...]
[...] Le Japon veut acquérir, si possible par la simple menace, des territoires en Asie du Sud-Est dans lesquels les intérêts américains sont limités. Mais son action s'intègre dans un bouleversement de l'ordre international que les Etats-Unis ne peuvent tolérer. C'est pour dissuader ces derniers d'intervenir militairement que le Japon signe en septembre 1940 le Pacte Tripartite. Mais le gouvernement américain y voit une alliance véritable, donc un projet de coopération concret avec Hitler. C'est pour dissuader le Japon de participer à la guerre mondiale que les Etats-Unis freinent ses achats de machine et de matières premières. [...]
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