Guerre juste, justice pénale internationale, relations internationales, djihad
La théorie de la guerre juste tente de concilier les exigences de la morale avec la nécessité d'agir au sein du système international caractérisé par son État d'anarchie. C'est l'idée que « la guerre a ses lois aussi bien que la paix » . Elle ne se réduit ni à une mécanique de combat ni à une poursuite de la politique avec d'autres moyens comme le prétend Clausewitz et les réalistes. Machiavel « la guerre est juste pour ceux a qui elle est nécessaire ». En ce sens, elle se situerai à mi chemin entre les doctrines réalistes et pacifistes pour qui le recours à la violence comme moyen de résoudre les conflits n'est jamais acceptable. Ainsi, si la fin ne justifie pas les moyens, la guerre peut être légitimée sous certaines conditions.
La question de la guerre juste s'articule plus particulièrement autour de deux questions, à savoir le droit de déclarer la guerre (jus ad bellum) et comment cette dernière doit être menée - puisque nous verrons que tout n'est pas permis - (jus in bello). Il s'agit donc de « l'ensemble de réflexion d'ordre éthique et juridique mené sur la question de la légitimité du recours à la force armée dans les relations politiques » .
La guerre juste a une historicité. C'est d'abord un principe chrétien formulé par Saint-Augustin puis Saint-Thomas d'Aquin qui se trouve laïcisé avec l'influence de Francisco de Vitoria, Grotius Puffendorf et Vattel ainsi que par le système inter-étatique westphalien. L'essor de la Realpolitik bismarckienne au 19e siècle plonge alors la doctrine dans une longue période d'oubli.
On assiste à un regain d'intérêt porté au principe de la guerre juste au moment de la guerre du Vietnam. Michael Walzer définit cette dernière comme étant l'idéal-type de la « guerre injuste ». Ce changement de paradigme se poursuit après la Guerre Froide. L'opération américaine au Panama en 1989 est d'ailleurs baptisée « Opération juste Cause ». Les valeurs de la démocratie se diffusent entrainant des revendications de transparence, de justice et d'égalité. L'attention portée aux lois de la guerre dans la conduite des interventions internationales, les actes de repentance d'Etats pour des fautes du passé ou encore l'apparition de juridictions internationales qui implique que la justice n'est plus l'émanation exclusive de chaque souveraineté au sein de son ordre juridique propre. De nombreux auteurs à l'instar de Monique Canto-Sperber constatent une « moralisation » croissante des relations internationales à travers l'extension du Droit international et la mise en place d'institutions multilatérales à l'image de l'ONU et de l'OTAN encadrant le droit à la guerre selon les principes de la guerre juste. Ainsi, si réflexion morale et codification juridique sont disjointes, le droit diffère de la morale en ce que sa violation entraine la mise en oeuvre de sanctions, ces deux aspects sont fondamentalement lies et se complètent dans la théorie de la « guerre juste ».
La notion de guerre juste a pris une importance particulière à la suite des attentats du 11 Septembre qui ont mis en lumière le décalage entre l'ordre juridique international conçu pour gérer des conflits inter étatiques et les nouvelles menaces qui tiennent aux dysfonctionnements et à la décompositions de certains Etats. D'où le recours à des stratégies de contournement afin de justifier des actions militaires où la morale joue un grand rôle. Obama, considéré par certains comme la figure du retour à l'idéalisme en politique internationale, évoque ainsi des guerres « justifiables » tandis que G. Bush a placé son combat contre le terrorisme sous la bannière de la morale.
[...] Pour une justice internationale. Paris Odile Jacob GROTIUS Henri, Droit de la guerre et de la paix, Paris, PUF NADEAU Christian, SAADA Julie, Guerre juste, guerre injuste, Histoire, théories et critiques, Philosophies, PUF OREND Briand, The morality of war, Broadview Press RAWLS John, Paix et Démocratie, Le Droit Des Peuples Et La Raison Publique, Broché, La Découverte SMOUTS D. BATISTELLA, P. VENNESSON, Dictionnaire des Relations Internationales, Dalloz WALZER Michael, Guerres justes et injustes, folio essay Grotius, Droit de la guerre et de la paix, Paris, PUF M-C Smouts, D. [...]
[...] De même, la guerre en Irak dernière expression du wilsonisme botté était-elle justifiée? Pour Walzer, une intervention n'est pas justifiée chaque fois qu'il existe une tyrannie ou même une révolution puisque l'activité révolutionnaire est un exercice d'autodétermination, alors que l'intervention étrangère dénie à un peuple ses capacités politiques (p.187). Déclaration par une autorité légitime : Etat (gouvernement, cour constitutionnelle), Conseil de sécurité de l'ONU. Pourtant, le Kosovo ne bénéficie pas de l'autorisation de l'ONU en raison du veto russe mais est pourtant reconnu comme étant juste par M. [...]
[...] La guerre juste si elle constitue l'ultime recours au règlement d'un conflit. Or, la guerre est un choix moral et politique et ne répond à aucune nécessité, il est toujours possible d'attendre. Chances de succès : comme pour l'intention droite il n'existe pas de mesure équivalente dans le droit international. Un Etat pourra se défendre si cela n'entraine pas nécessairement sa propre destruction. Elle réhabilite dans un sens la loi du plus fort et justifie la non intervention en Tchétchénie. [...]
[...] Walzer souligne la nécessité d'adapter les institutions aux exigences soulevées par les menaces actuelles. Au final la guerre juste serait au service de la paix perçu comme un idéal de vie à poursuivre par l'effort sans que l'usage de la force et le recours aux armes ne soit exclus Il semble alors nécessaire de soulever la question des interventions humanitaires. Bien qu'indépendantes de la théorie de la guerre juste, elles amènent à penser la légitimité de l'action militaire hors du concept légaliste traditionnel reposant sur la logique agression/légitime défense. [...]
[...] Reste alors la question de la guerre préventive justifiée par la lutte anti- terroriste. Il convient de distinguer guerre préventive et préemptive : la guerre préemptive consiste à attaquer l'adversaire lorsque celui ci est sur le point d'attaquer tandis que la guerre préventive est déclenchée avant même que la menace soit imminente et pose ainsi la question de sa légitimité. Si Walzer justifie l'attaque de l'armée israélienne contre les troupes égyptiennes rassemblées sur sa frontière en 1968, il condamne l'action du gouvernement Bush en Irak. [...]
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