En 2003, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, le président des Etats-Unis a exprimé, dans le cadre de sa National Security Strategy, la nécessité de s'engager dans la guerre des idées pour gagner la lutte contre le terrorisme. Cette guerre des idées vise, entre autres buts, « à mettre sur le même plan terrorisme, esclavage et génocide, à faire usage d'une diplomatie publique pour rétablir l'espoir et les aspirations à la liberté dans les sociétés gouvernées par le terrorisme ».
La guerre des idées ce serait donc la guerre des doctrines, des philosophies. La guerre des idées, quelque part, c'est donc la guerre du substrat idéologique qu'il reste depuis la fin de la Guerre froide. Ce serait la compétition idéologique entre l'islam politique radicalisé et le monde de plus en plus sécularisé. Cela a donc un petit goût de « guerre des religions », de « clash des civilisations » à la Huntington.
Le terme « guerre des idées » nous invite encore à décortiquer les termes. Parle-t-on d'une guerre pour les idées ? Il est vrai qu'une partie des penseurs néo-conservateurs, influents à Washington, sont qualifiés d'idéalistes, par opposition aux réalistes. Une guerre, donc, dont les raisons et l'objet seraient de faire gagner ses propres idées contre celle de l'ennemi. On verra dans quelle mesure cette guerre pour les idées recouvre une certaine réalité de la politique extérieure des Etats-Unis, et des terroristes, mais qu'elle sert surtout de mode de légitimation d'actions qui restent également guidées par d'autres logiques de realpolitik.
Mais parle-t-on également d'une guerre par les idées, et non plus par les moyens classiques de la guerre ? Ceci nous renvoie aux travaux de Joseph Nye sur le soft power, où il montre l'importance de ces nouveaux facteurs de la puissance. Il est vrai que les Etats-Unis font désormais appel, comme ils ont pu le faire à d'autres époques, à des moyens de diplomatie publique s'apparentant à la propagande. Il s'agit ici de s'interroger sur la construction culturelle de l'ennemi par les idées, et de l'efficacité d'une telle stratégie.
[...] une guerre en partie pour d'autres raisons i. l'idée de blocs d'idées homogènes est fausse Cependant, la politique étrangère américaine est une coalition de contraires. Elle n'a en fait jamais été plus complexe. La tendance réaliste n'est jamais absente. C'est le thème des coalitions of Billings par exemple. Le soutien de la Russie en lutte contre les Tchétchènes est par exemple très kissingérien, et en rien idéaliste. L'entretien de bonnes relations avec l'Arabie saoudite, etc, autant d'exemples qui écorchent l'idée d'une guerre pour les idées En outre, il n'y a pas, comme au cours de la guerre froide, deux blocs homogènes générant leur idéologie homogène. [...]
[...] Le lexique huntingtonnien de clash des civilisations assez décrédibilisant, est parfois utilisé. Dans ce contexte, la propagande peut se retourner contre ses tenants, au sein même des Etats-Unis, où pourtant la liberté de la presse n'est pas à son Zénith. On peut par exemple penser à l'impact d'un film comme Fahrenheit 9/11, ou les répercussions très négatives en termes d'image et de légitimité de la découverte que les armes de destruction massive n'existaient pas en Irak. Les Américains en prennent conscience (rapport Peterson, rapport Djerejian). [...]
[...] Sur le terrain même (France, banlieues). Par les médias, par l'école (madrassas, les écoles religieuses). L'idéologie est la clé du recrutement de nouveaux membres. Mais pas avec les mêmes moyens. b. une guerre qui passe par d'autres moyens i. les limites de la guerre des idées : risque de contre- productivité La guerre des idées peut être très contre-productive, si elle est univoque, et ne laisse pas la place à la critique, surtout dans des régions où le sentiment anti-américain est développé. [...]
[...] La guerre pour les idées n'est cependant pas l'apanage des Etats- Unis. Le concept est aussi mobilisateur pour des mouvances comme le Jihad islamique ou le salafisme jihadiste. La rhétorique antioccidentale est également utilisée par les Frères Musulmans, par des groupes terroristes comme Al Qaeda, le Hamas, le Hezbollah, qui appellent au Jihad, à l'instauration d'un califat moderne, d'un état pan islamique. Rappelons que le terme jihad a deux sens principaux : celui de la progression personnelle, et celui de la lutte armée contre les infidèles, les infidèles étant les Chrétiens et les Juifs. [...]
[...] La guerre des idées ? En 2003, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, le président des Etats-Unis a exprimé, dans le cadre de sa National Security Strategy, la nécessité de s'engager dans la guerre des idées pour gagner la lutte contre le terrorisme. Cette guerre des idées vise, entre autres buts, à mettre sur le même plan terrorisme, esclavage et génocide, à faire usage d'une diplomatie publique pour rétablir l'espoir et les aspirations à la liberté dans les sociétés gouvernées par le terrorisme La guerre des idées ce serait donc la guerre des doctrines, des philosophies. [...]
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