En février 1946, à l'occasion des élections soviétiques, Staline déclare au théâtre du Bolchoï : « There could be no lasting peace. Perhaps catastrophic wars could be avoided (...) but this is impossible under the present ». Par ces mots, l'homme d'État soviétique voyait dans le face à face communiste-capitaliste une guerre inévitable où l'un ne pouvait continuer à exister tant que l'autre subsiste. D'ailleurs, ce discours fut considéré par le gouvernement américain et notamment George F. Kennan dans Le long télégramme comme une déclaration ouvertement hostile au mode de vie américain contre lequel non seulement le gouvernement soviétique était opposé, mais qui plus est, était déterminé à détruire. De là, deux blocs se forment et pour chacun d'eux à mesure que l'opposition grandit la guerre semble inévitable. C'est ainsi que durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, deux idéologies jugées incompatibles vont s'affronter entre d'un côté une démocratie se faisant défenseur d'un monde libre et de l'autre un état communiste qui se donne pour mission de lutter contre l'exploitation capitaliste.
[...] L'administration américaine se considère donc en paix, et le traité établi vise justement à garantir cette paix à travers la stabilité et la sécurité. En dépit du fait que les conférences pour la paix avaient pour objectif affiché d'établir une entente pacifique, rapidement les sources de tensions qui en découlèrent prirent de l'ampleur. Progressivement apparait alors le problème de qualifier de longue paix, la période qui suivit la Seconde Guerre mondiale, car cela reviendrait à porter un regard tronqué sur la réalité de ce conflit, mais surtout fermer les yeux sur la complexité des logiques qui régissaient les relations internationales de l'époque. [...]
[...] Américains et communistes se livraient sous couvert de l'affrontement de leurs idéologies de véritables guerres à dépit de pouvoir s'affronter directement militairement. Légitimées par la théorie des dominos qui prédisait que si un pays tombé sous l'influence communiste il entrainerait tous les autres, les interventions militaires américaines se démultiplièrent au nom de l'endiguement. La guerre de Corée est un des symboles forts de l'opposition armée que se sont livrés les deux grands, car si ce conflit est resté indirect la confrontation est quant à elle bel et bien militaire. [...]
[...] En effet, l'arme économique était pour l'administration américaine une des armes les plus efficaces pour lutter contre le communisme. Le COCOM, Comité de coordination pour le contrôle multilatéral des exportations entre dans cette logique en contrôlant les importations à destination des pays sous influence communiste et ainsi s'assurant qu'aucune technologie de pointe ne leur parvient. Il y a donc une véritable volonté vivement alimentée et dynamisée durant les quarante années de guerre froide de faire tomber l'URSS, en l'affaiblissant et cela particulièrement grâce aux agences d'espionnage. [...]
[...] Si donc comme Raymond Aron l'affirmait, la guerre froide est en réalité une Guerre impossible, paix improbable quelle est donc la véritable nature de cette guerre ? Si nous verrons dans un premier temps comment les penseurs constructivistes ont pu voir dans la stabilité du système international de l'époque un temps de paix, notamment permis par l'équilibre de la terreur, nous verrons par la suite que l'affrontement Est-Ouest a toutefois mené à de nombreux conflits vérifiant ainsi les conceptions réalistes de la guerre. [...]
[...] Les affrontements ne s'en sont en effet pas uniquement tenus au champ de bataille et la lutte a concerné tous les domaines, rappelant ainsi la caractéristique de guerre totale que l'on attribuait déjà à l'époque aux deux premières guerres mondiales. En effet, la logique de guerre froide était bien celle d'un affaiblissement de l'adversaire sur tous les champs et la course aux territoires qui s'est livrée dans le Tiers-Monde en est une preuve manifeste. En effet, pour les américains, lutter contre le communisme s'est notamment opéré à travers le soutien aux guérillas anticommunistes qui émergèrent en Amérique Latine. [...]
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