« Ce qui c'est fait de grand dans le monde l'a été à travers la guerre et le conflit ». À travers ces mots, Goethe met en lumière le caractère ambivalent de l'approche qui est réservée à la guerre dans nos sociétés contemporaines. Il à première vue paradoxal d'associer la grandeur avec le conflit et la guerre qui dans les esprits contemporains s'apparentent à un fléau. La guerre s'entend comme une épreuve de force entre peuples (guerre nationale) ou entre partis (guerre civile). Dans son sens traditionnel, la guerre évoque les combats armés entre deux ou plusieurs nations au nom d'une cause, d'un territoire, d'une idéologie. Elle apparaît comme un phénomène aussi tragique qu'il se renouvelle sans cesse à travers l'histoire. Le XXe siècle a connu deux guerres mondiales et a constitué un tournant majeur dans l'appréciation de la valeur de la guerre dans les esprits occidentaux, puisque les États cherchent désormais à l'éviter à tout prix. Elle est aujourd'hui synonyme de mort, de violence, de destruction, et de douleur. C'est ainsi qu'à l'échelle mondiale ou régionale, les États se sont entendus pour prévenir le développement de nouveaux conflits armés, à la recherche perpétuelle de la paix, tel qu'en témoigne la création de l'ONU et de l'Union Européenne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, la modernité hérite d'un processus de conjuration de la guerre, sur lequel est fondé la pérennité du contrat social, basé sur un abandon de souveraineté de l'individu au bénéfice de ses représentants censés en contrepartie lui assurer protection.
[...] Le XXe siècle a profondément modifié le rapport de nos sociétés contemporaines à la guerre, et témoigne d'un véritable rejet de la violence. Nombreux sont les biographies, autobiographies, romans, poèmes, et films s'attachant à décrire les atrocités de la guerre. Certains auteurs révèlent la dureté des combats et l'horreur morbide du quotidien d'un soldat. Dans son roman voyage au bout de la nuit, Céline emprunte le je d'un soldat qui raconte son expérience des tranchées lors de la première guerre mondiale dans un style imité de la langue parlée et influencé par l'argot. [...]
[...] D'un point de vue théorique, Huntington dans le choc des civilisations énonce les voies de sortie de cette crise civilisationnelle. Il lance à l'Occident un appel au ressaisissement. Selon lui, la culture américaine est la culture occidentale dominante, et la survie du modèle occidental tout entier dépendra de la capacité des Etats-Unis à réaffirmer leur identité occidentale fondée sur l'héritage européen. L'auteur reproche aux multiculturalistes Américains de voir créer un pays aux civilisations multiples n'appartenant à aucune civilisation propre et dépourvue d'identité culturelle, incapable de faire front aux identités islamistes. [...]
[...] En effet, les guerres de religion, dites guerres saintes semblent avoir toujours été un puissant moteur de violences. Alors que les croisades du Moyen Age étaient motivées par un projet d'évangélisation du monde oriental, le monde contemporain connaît aujourd'hui le djihad islamiste. Les guerres coloniales avaient pour l'objectif affiché de promouvoir le modèle démocratique et économique occidental, tout comme la récente guerre en Irak justifiée par l'Etat américain comme censée rétablir les libertés individuelles contre le régime dictatorial de Saddam Hussein et rendre la liberté à un peuple opprimé. [...]
[...] Kant dans son Projet de paix perpétuelle insistait sur ce point seuls les peuples gouvernés démocratiquement peuvent édifier entre eux une paix perpétuelle Ainsi, la guerre apparaît nécessaire, fondatrice du tissu social, et inhérent à la modernité. Elle ne saurait être évitée et plus encore ne devrait pas l'être, elle semble inéluctable, d'autant plus qu'elle apparaît à certains égards valorisée. Il est incontestable que la guerre dans son schéma traditionnel, combat armé humains entre deux ou plusieurs peuples, ne peut être à l'origine d'un sentiment d'appartenance collectif que lorsqu'elle poursuit une cause. Une telle cause peut être valorisée. [...]
[...] Aujourd'hui, la coopération économique a largement été relayée par un nouvel objectif politique de l'Union Européenne à 27 qui s'unissent autour de valeurs telles que la défense des droits l'homme. A ce titre, l'Union Européenne s'est vue décerner le prix Nobel de la paix en 2012. Nos sociétés modernes se sont ainsi enrichies d'institutions internationales et régionales censées assurer le maintien de la paix, et dont l'action s'inscrit nécessairement dans le rejet contemporain de la guerre dans son acception traditionnelle, ainsi qu'en témoigne la professionnalisation de l'armée en France. [...]
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