La politique étrangère conduite par le général de Gaulle entre 1958 et 1969 a profondément influencé ses successeurs, jusqu'à nos jours, à tel point qu'ils s'y réfèrent constamment, même s'ils prennent des libertés par rapport à ses idées. De Gaulle a puisé l'essentiel de son inspiration dans l'Histoire de France dont, en tant qu'homme de grande culture, il était véritablement imprégné. Sa conception est ancrée autour d'idées fortes : la nation, l'Etat et le peuple français. A ses yeux, certains pays sont dotés d'une très ancienne vision politique, comme les grandes nations historiques telles que l'Allemagne et la Grande-Bretagne, tandis que d'autres sont condamnés à jouer seulement un rôle. L'Etat constitue un échelon fondamental : pour qu'une nation se développe, il lui faut un Etat. De cette vision jacobine, le général de Gaulle en a développé une approche « stato-centrée » car ce qui compte à ses yeux ce sont les Etats-nations.
Mais, et alors que nous venons de célébrer le cinquantenaire de la Ve République, nous pouvons nous interroger sur les grandes orientations de la diplomatie française. Car ces cinquante ans ont compté dans l'Histoire du monde : d'une logique des blocs, culminant pendant la guerre froide, naît un nouvel ordre international, caractérisé par son aspect multipolaire, débouchant sur un monde aujourd'hui instable aux menaces protéiformes. On peut alors, en connaissance de ces bouleversements conjoncturels, se demander quelles sont les grands axes de notre diplomatie, et s'ils ont évolué au fil des alternances politiques et des situations internationales ?
[...] En effet, depuis une dizaine d'années, la France était un membre important de l'Alliance atlantique : 3e contributeur en hommes au Kosovo (1600 hommes), 4e en Afghanistan (3600) ; assurant 13,75% du budget civil (26 millions d'euros) du budget militaire (105 millions d'euros) et 93 millions d'euros au nom des nouveaux sièges. Le principal argument en faveur de la réintégration était le suivant : au vu de la participation financière et humaine de la France sur les théâtres d'engagement de l'OTAN, il est logique qu'elle prenne part aux décisions de l'Alliance. Cependant, c'est définitivement mettre fin à notre vision multilatérale des relations internationales. Ce qui faisait la force de la diplomatie française était son indépendance nationale, favorisant ainsi ses relations avec les pays africains et arabes en particulier. [...]
[...] Ne témoignant que peu d'intérêt pour les affaires européennes, la position de la France au sein de l'Union européenne s'affaiblit durant cette période. Les Présidents de la Vème République Charles de Gaulle (Lille Colombey-les-deux-églises, 1970) Premier Président de la Vème République, Charles de Gaulle ne se montre opposé ni aux alliances, ni aux organisations internationales : il accepte que la France joue le jeu du marché commun. À partir de 1964, la grande phase de décolonisation touchant à sa fin, De Gaulle modifie sa politique à l'égard de l'ONU. Pour le reste, voir la première partie de cette étude. [...]
[...] De cette conception qui a inspiré le général De Gaulle découle également l'une des autres approches fondamentales pour mieux comprendre la diplomatie française : son étude sous le prisme de l'histoire. D'emblée, la France a toujours joué un grand rôle dans les relations internationales, faisant ainsi naître des intérêts et des connivences avec de nombreuses parties du monde qui lui servent encore aujourd'hui : de son premier empire colonial aux Amériques à la décolonisation de ses possessions d'Afrique et d'Extrême-Orient, de Marignan à l'unité italienne, de l'exportation des idéaux révolutionnaires à l'empire napoléonien, du canal de Suez au tunnel sous la Manche, rien ne peut mieux éclairer ce que disait, il y plus de 160 ans, Lamartine : la France est une nation qui s'ennuie Aux printemps des peuples initiés par la révolution de 1848, Lamartine traduit ainsi cet incomparable besoin des Français pour les projets les plus ambitieux, les aventures les plus remarquables. [...]
[...] Il ne faut pas oublier non plus le rôle joué par les investissements réalisés au bénéfice de grandes compagnies pétrolières françaises, œuvrant pour diminuer la dépendance énergétique de la France par rapport aux pays du Proche-Orient. Cette politique africaine s'est institutionnalisée tout au long de la Vème République, en particulier sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, avec la mise en place de sommets franco-africains. Et amitié avec les pays arabes De même, en tant que puissance méditerranéenne, la France conduit traditionnellement une politique arabe. Comme d'autres pays, elle partage le formidable atout de disposer d'une côte sur la Mare nostrum. [...]
[...] Il s'oppose également à l'ingérence d'Henry Kissinger, secrétaire d'Etat américain, dans les affaires européennes en refusant la révision de la Charte du traité de l'Atlantique Nord qui impliquait une coordination des politiques économiques et énergétiques sous l'égide des Etats-Unis. Il perpétue également la politique arabe en lançant à Bagdad l'idée du dialogue euro- arabe Suite à la libération du Golan et du Sinaï par les troupes israéliennes, il déclare aux Israéliens : Est-ce que tenter de remettre les pieds chez soi constitue une agression imprévue ? Au moment du premier choc pétrolier, il tenta également de regrouper les partenaires européens de la France autour d'une politique commune, en y associant leurs homologues arabes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture