La gouvernance dans les pays en situation de fragilité : les nouvelles approches de l’OCDE pour la refondation des Etats fragiles

Résumé du document

Après le 11 septembre 2001, l'enjeu de la sécurité internationale est devenu une préoccupation majeure. De ce fait, une attention particulière a été portée vers les pays alors qualifiés de fragiles mais désormais considérés comme étant en situation de fragilité. Plus particulièrement, en 2005, un forum à haut niveau conduit à la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement. Depuis, un travail de recherche continue d'être mené par le Groupe des Etats fragiles du Comité d'aide au développement de l'OCDE (FSG-CAD-OCDE) afin d'orienter et assister la communauté internationale à développer un meilleur entendement des Etats en situation de fragilité et du « state building » ainsi de définir les priorités et les axes d'intervention spécifiques à ce type de situation.

S'il y a deux facteurs qu'il faut retenir, concernant les Etats en situation de fragilité, c'est le manque de capacité (aptitude et efficacité à mobiliser et mettre en œuvre des ressources) et de volonté (désir ou engagement politique) de ces derniers pour remplir leurs principales fonctions de pouvoirs publics. D'autre part, on peut distinguer plusieurs catégories d'Etats fragiles : ceux qui connaissent une situation qui se dégrade, ceux qui sont en faillite, ceux qui sont en voie de redressement ou encore ceux qui se trouvent dans une impasse et une impossibilité de sortir de sa situation de précarité.

Extraits

[...] Il y a eu un véritable changement de perspective de la part de l'OCDE, un glissement conceptuel de l'État vers une importance accrue accordée aux relations entre société et État. Dans son rapport de 2008 Concepts and dilemmas of state building in fragile situations la fragilité est définie comme l'incapacité de répondre et gérer les attentes de la population. Dans les pays divisés et en situation de fragilité, même si la réduction de la pauvreté est un objectif essentiel, il ne constitue pas un cadre approprié et suffisant. [...]

[...] Les gouvernements des pays donneurs doivent donc adopter une approche également globale. L'ensemble de l'administration est tenu d'intervenir dans les diverses questions économiques, aide au développement, humanitaire, sécuritaire, politique, etc. Pour conclure, il est nécessaire de souligner que pour une meilleure complémentarité des interventions de la part des pays occidentaux, il est nécessaire d'agir sur le renforcement de la cohérence des différentes aides multilatérales ou bilatérales. Il est essentiel de prendre en compte les différentes dynamiques au sein d'un pays, et de baser une intervention sur tous les niveaux territoriaux, sur tous les secteurs de la société et sur une grande diversité de domaine. [...]

[...] JC, MGRO.H, États et sociétés civiles: entre conflit, reconstruction et développement, Khartala Paris BRINKERHOFF. Derick, “Introduction - governance challenges in fragile States : re-establishing security, rebuilding effectiveness, and reconstructing legitimacy” in Governance in post-conflict societies. Rebuilding fragile states Routlegde, New York BALL. Nicole, “Democratic governance and the security sector in conflict-affected countries” in Governance in post-conflict societies. Rebuilding fragile states Routlegde, New York BLAIR. Harry, “Rebuilding and reforming civil services in post- conflict societies” in Governance in post-conflict societies. Rebuilding fragile states Routlegde, New York BELLINA. [...]

[...] En effet, pour l'OCDE la réflexion sur la fragilité ne se limite pas exclusivement aux États, mais inclut les sociétés, leur rôle et leur interaction avec les différentes formes d'autorité, étatiques et non étatiques. Ainsi, il est nécessaire pour les donneurs arrivant dans une situation de postconflit d'inclure dans leurs stratégies de refondation de l'État, la mise en place d'un processus de médiation et de négociation entre État et société. Il faut comprendre que l'approche qui se fonde sur la réforme des institutions formelles est insuffisante et ne crée pas automatiquement un sentiment de légitimité. [...]

[...] le défi de conciliation de la légitimité nationale et internationale Une problématique importante aujourd'hui, est le fait que les États en situation de fragilité doivent répondre à une double demande de légitimation, à la fois domestique et internationale. Les bailleurs internationaux, États, OI, attendent la mise en place d'importantes mesures de la part de l'État fragile, tel que l'État de droit, respect des droits de l'homme et de la démocratie. Cependant, dans beaucoup de cas, ces demandes liées à un idéal libéral ne correspondent pas aux demandes et aux priorités de la population. [...]