Selon le FMI (en avril 2009), l'économie mondiale a connu la récession la plus importante depuis la Grande Dépression :
-effondrement du PIB au dernier trimestre 2008 avec un recul de plus de 6 % en rythme annuel ;
-contraction prolongée au premier trimestre 2009 aux Etats-Unis et en Europe avec respectivement des reculs de 6,1 % et de 9,6 % ;
-chute de la production mondiale début 2009, - 12% par rapport à l'année précédente ;
-plongée du commerce international : -6,7% au dernier trimestre 2008 et -11% au premier trimestre 2009.
Cette crise économique et financière dont l'ampleur est encore durement ressentie aujourd'hui a rappelé les défaillances de la régulation économique mondiale, appelant des actions collectives globales et l'adoption de règles communes. C'est ainsi que se firent entendre les appels à refonder le capitalisme, à instituer de nouvelles règles encadrant la mondialisation économique et financière.
Deux ans après le début de la crise et le déploiement des efforts internationaux pour rétablir l'économie mondiale, quel jugement peut-on porter sur la gouvernance économique internationale ? A-t-elle profondément évolué ? Qu'apportent les changements apportés ?
Au fond, il s'agit d'analyser la représentativité et l'efficacité de la nouvelle gouvernance mondiale qui se construit peu à peu au regard du besoin de régulation économique révélé par la crise et, plus durablement, par la mondialisation des échanges.
[...] - Les Etats-Unis demeurent centraux. Ils ont obtenu un rééquilibrage en faveur des émergents et au prix d'efforts fournis par l'UE. Aller plus loin signifie qu'ils doivent contribuer désormais : il y a donc de grandes chances que la réforme des IBW s'enlise au-delà des engagements pris au G20. Sur le fond des politiques, la défiance des Etats-Unis à s'engager dans des mécanismes multilatéraux qui plus est dans le domaine économique ne devrait pas permettre d'aboutir à des avancées foncièrement nouvelles (taxe internationale, conclusion du cycle de Doha, encadrement des marchés financiers). [...]
[...] Idem Obama vis-à- vis de l'opinion publique US ; - Des sujets centraux pour l'économie internationale ne sont pas traités : décarbonisation de l'économie, spéculation contre les monnaies, stabilisation du système monétaire (ce devrait être un sujet porté par la présidence française du G20), approfondissement des réformes du FMI et de la BM (supprimer le droit de veto US ou l'aménager, élargir la représentativité de ces instances aux pays les plus pauvres), structurer le G20 pour donner plein effet aux actions retenues et sortir de l'effet d'annonce, coordonner les différents organismes. L'objectif d'un renforcement de la gouvernance économique mondiale paraît aujourd'hui hors de portée car au fond personne n'y a intérêt : - L'UE est sur une position défensive. La crise l'a gravement affectée et la question de la légitimité des IBW souligne la sur-représentation européenne et par extension la représentation unique de l'UE. L'échec de Copenhague a démontré qu'elle comptait moins aux yeux des autres acteurs. [...]
[...] C'est à ce moment précis que l'interdépendance est telle que l'on ne peut plus distinguer la régulation nationale et internationale selon de nombreux analystes (cf. constat qui fonde en grande partie le courant transnationaliste des RI). - L'idée d'une gouvernance globale est donc associée à la mondialisation perçue à travers l'accroissement des échanges (extension géographique portée par les nouvelles télécommunications et le développement sans précédent des transports), à l'interdépendance des Etats (contagion au niveau local des phénomènes provenant de l'étranger) et à l'émergence de problèmes mondiaux (dimension mondiale des questions économiques, migratoires, climatiques, culturelles, sanitaires, etc.) dans les trente dernières années. [...]
[...] Ceci implique une articulation et la coordination des instances multilatérales qui va bien au-delà du G20. Comme le présente Pascal Lamy, directeur de l'OMC, une gouvernance mondiale plus consensuelle et plus efficace reposerait sur un triangle composé : - du G20, instance décisionnelle donnant l'impulsion politique ; - des organismes internationaux (OMC, BM, FMI, etc.) ; instances d'exécution ou d'élaboration de règles ; - du G192, soit l'assemblée générale de l'ONU, constituant un forum universel de débat où les deux premiers rendraient compte, ce qui serait le moyen de responsabiliser le G20 et les OI. [...]
[...] - L'absence de contrainte. Les mesures recensées dans les déclarations du G20 relèvent de l'effet d'annonce sans contrôle de l'application ou de mécanisme assurant une réelle coordination. A titre d'exemple, l'objectif de conclure le cycle de Doha en 2010 fixé dans les déclarations des G20 de 2009 n'est qu'indicatif ; les sanctions évoquées à l'encontre des paradis fiscaux n'ont pas de traduction concrète ; même les prescriptions de ne pas faire ne sont pas respectées : l'Argentine ou la Russie sont aujourd'hui les pays qui ont levé le plus d'obstacles aux échanges afin de protéger leur marché domestique alors que ces pays s'engagent tous les 6 mois à éviter toute forme de protectionnisme (idem pour le G8 qui n'a pas tenu ses engagements d'augmenter ses efforts de Gleneagles en juillet 2005 en faveur du développement). [...]
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