La tendance à la « globalisation / mondialisation » est aussi vieille que le capitalisme dans le sens que ce système d'organisation, de fonctionnement et de développement de la production est par définition (et donc essentiellement) « libéré » de toute attache avec la terre ou avec une ou plusieurs catégories de consommateurs auxquels ses produits seraient (pré)destinés autrement que par le marché. Autrement dit, la marchandise est par définition destinée à qui peut acheter, où qu'il se trouve et quelle que soit sa condition personnelle ou sociale. Dans ce sens, le marché capitaliste est virtuellement mondial dès sa naissance.
Marc Ferro partage cet avis qui va à l'encontre de l'emballement des discours sur le « nouvel âge global ». Il écrit que la pensée dominante aujourd'hui est celle qui nous situe dans une nouvelle ère historique mais il ne partage pas ce point de vue. Il se demande si cette soi-disant nouvelle ère ne serait pas plutôt une simple illusion d'optique. Car, selon lui, « le mouvement d'unification du monde est apparu très antérieurement, même si récemment il s'est étendu et s'est développé à un rythme accéléré . » D'autres auteurs, tels que Immanuel Wallerstein, Leopoldo Zea ou Hugo Biagini, partagent cette conception et prennent pour point de départ du capitalisme (et donc de la mondialisation) l'expansion européenne du XVe et XVIe siècle.
Quoiqu'il en soit, s'intéresser à la mondialisation culturelle est une démarche de grande actualité. Il suffit pour s'en convaincre de constater le nombre d'ouvrages et d'articles récents consacrés à ce sujet. Que l'on rejoigne Dominique Wolton et son idée de troisième mondialisation, ou que l'on pense au contraire que nous ne sommes que dans la deuxième phase de celle-ci et que « la mondialité culturelle représente en quelque sorte l'état final de la mondialisation économique », tous s'accordent pour dire que : « la phase actuelle n'est pas seulement politique ou économique, mais culturelle ». Nous traiterons donc de la mondialisation sous ses aspects culturels.
[...] Ibid. P. NANOPOULOS, La mondialisation et ses défis statistiques, in M. RICCIARDELLI, S. URBAN, K. NANOPOULOS (dir.), op cit., p A. DIMITROVA, op. cit. Ibid. Ibid. Ibid., À la différence de la globalisation économique la mondialisation est, d'abord, plus englobante parce qu'elle désigne toute la diversité du processus actuel sans privilégier ses aspects économiques et financiers. Or, elle comprend aussi les dimensions politiques, sociales et culturelles. [...]
[...] En effet, la culture, c'est finalement l'ensemble des attitudes qui permettent de se situer par rapport au monde contemporain[35]. Cette définition se rapproche du concept wébérien de Weltanschauung ou encore de celui de l' esthétique sociale d' André Malraux, substitut des visions du monde religieuses ou philosophiques. Cependant, selon Pierre Mayol, cette définition de la culture en deux entités distinctes n'est pas entièrement satisfaisante[36]. Il est d'avis que, sous prétexte d'homographie culture = Culture[37]), la ressemblance entre les signifiants a imposé une équivalence sémantique entre deux approches foncièrement divergentes[38]. [...]
[...] Une autre distinction, établie une fois encore par Wolton, est particulièrement intéressante. Selon l'auteur, consommer n'est pas synonyme d'adhérer[91]. L'exemple concernant les intégristes iraniens retenu par Barber étaye cette distinction : les intégristes iraniens ont peut-être une oreille tendue vers les mollahs qui les exhortent à la guerre sainte, mais l'autre est tourné vers Star Television, la chaîne de M. Rupert Murdoch retransmettant pour la énième fois par satellite des épisodes de Dynastie[92]. Ainsi un public intégriste consomme de la culture américaine mais n'adhère en aucun cas aux idéologies prônées dans la série culte de cette même nation. [...]
[...] MORIN, intervention orale dans Prospective du développement culturel», Analyse et Prévision, Futuribles, octobre 1973, p (actes du colloque du même titre, Arc-et-Senans, avril 1972). On qualifie cette définition d'« anthropologique vu de l'accord de plusieurs auteurs quant à cette définition spécifique. V. par exemple J-P WARNIER, Les sociétés face à la mondialisation des flux culturels, conférence en ligne, Université de tous les savoirs http://www.lemonde.fr/savoirs-et-connaissances/article/2003/06/25/jean- pierre-warnier-les-societes-face-a-la-mondialisation-des-flux- culturels_325327_3328.html J-P WARNIER, Lost in translation? Globalisations des flux et courtage culturel, Projet, Ibid. F. WUILMART, Mondialisation, écriture et traduction, in M. VAN CROMPHAUT (coord.), op. cit., p D. WOLTON, op. [...]
[...] BARRET-DUCROCQ F., Quelle mondialisation ? Paris, Grasset BLOCH E., Le Principe Espérance, tomes II, III, Gallimard, Paris, traduction française de F. Wuilmart., 1976-1991. BOLTANSKI L., CHIAPELLO E., Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard BOURDIEU P., Contre-feux Paris, Raisons d'agir BRAUDEL F., Civilisation matérielle, économie et capitalisme, t. I : Les structures du quotidien, Paris, Armand Colin CASTELLS M., La société en réseaux de L'ère de l'information), Paris, Fayard CERTEAU M. de, GIARD L., MAYOL P., L'Invention du quotidien, tome 1 Arts de faire et tome 2 Habiter. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture