L'auteur entame son livre par une longue démarche rigoriste sur la définition du développement . Cela était nécessaire à la compréhension du phénomène, mais on regrettera le fait qu'il ne s'y tient pas dans ses analyses et développements. En effet, nous verrons que G.Rist ne s'attarde jamais sur les actions mises en œuvre au nom du développement et se place uniquement au niveau discursif depuis 50 ans, alors qu'il insiste sur le développement comme un ensemble de pratiques ( 1ère partie). Ensuite , l'auteur retrace longuement l'histoire du développement, depuis son invention lors du discours d'investiture du Président Truman le 20 janvier 1949 jusqu'à sa « mort ». Nous verrons que si l'analyse approfondie des concepts est intéressante , basée sur les textes originaux souvent complets et annotés, en revanche, les critiques à l'égard de la croissance et de l'absence de proposition alternative deviennent gênantes (2ème partie). Enfin, après avoir annoncer la mort du développement, d'une manière peu convaincante, l'auteur revient sur ses dires, admet sa persistance et oscille entre la nécessité d'un changement radical ou d'une simple accommodation du système actuel. ( 3ème et 4ème parties).
[...] Dans un second temps, il reproche aux penseurs et aux gouvernements du Sud leur acceptation des concepts occidentaux. Il regrette qu'aucune voie (sauf Dudley Seers[6]) ne se soit élevée pour dénoncer l'universalisation du modèle occidental qui n'est qu'un cas particulier : L'économie dominante s'est formée à partir d'observations dans les pays aujourd'hui développés, par conséquent elle est inapplicable au cas général, celui des sous développés( )voilà s'en doute pourquoi les économistes échouent à penser, pour réussir, ils doivent désapprendre ce qui leur a été enseigné p L'auteur semble donc en faveur d'une solution radicale en pour analyser le développement. [...]
[...] Notes [1]Président de la Tanzanie de 1964 à 1985.cf déclaration d'Arusha in Julius K.Nyerere. «Socialisme, démocratie et unité africaine Paris, Présence africaine Pages 77 à 109. Walt W. Rostow. étapes de la croissance économiques”, Paris, le Seuil [3]Voir Annick Hamel L'accès au soin des populations les plus démunies : un débat enfin ouvert in Revue internationale et stratégique N°44 [4]Cf déclaration de Richard Haas, proche collaborateur de Colin Powell “L'aide est désormais l'un des moyens les moins importants de collaboration au développement, il faut privilégier l'économie de marché voir Barthélémy Courmont. Bush, donnant-donnant. [...]
[...] Les contradictions qui sont au cœur même de la notion n'empêchent pas d'y croire puisque l'acte de croire est, par essence, irrationnel. Le développement est donc un ensemble de croyances et de pratiques qui forment un tout, et reflète la logique d'une société. L'auteur met donc en évidence la divergence entre pratiques et discours, il insiste lourdement sur ce point pour étayer le parallèle avec la religion, pourtant il ne s'attarde que rarement sur ces pratiques, qui font partie intégrante du phénomène qu'il analyse. [...]
[...] L'analyse des effets concrets du développement aurait pourtant été nécessaire, les discours ne suffisant pas à en analyser les fondements. L'auteur ne nie pas l'existence de tout un tas d'organisations, d'initiatives privées ou gouvernementales qui ont produit certains effets, mais il les passe sous silence sauf quand ceux-ci lui permettent d'étayer son discours. Ainsi il consacre un chapitre entier à l'expérience Tanzanienne de l'Ujamaa du président Nyerere[1] pour arguer dans le sens d'une pluralité des modes de développement. Mais le seul fait que les diverses organisations agissantes ne se déprennent pas de la logique dominante justifie-t-il que l'on n'en tienne pas compte ? [...]
[...] Selon lui, à la croyance dans le développement se serait substituer une croyance en la mondialisation. En fait, les 50 ans de discours sur le développement ne serait qu' une parenthèse au cours de laquelle on s'est évertué à conformer le monde au rêve de l'abondance partagée Cependant, il admet que le développement continue à mener une vie autonome, au delà de toutes pratiques, il demeure sous la forme d'un leurre. Il ne serait plus crédible de dire que le développement est possible mais il est nécessaire d'y croire quand même : il n'existe plus que comme réalité virtuelle ( semblable à une étoile morte dont on perçoit encore la lumière même si elle s'est éteinte depuis longtemps p.377. [...]
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