Combien avons-nous d'eau sur Terre ? Igor Chiklomanov, de l'Institut d'Etat d'Hydrologie de Saint Petersbourg, choisi par l'ONU pour dresser le constat des ressources mondiales en eau chiffre à quelques 1,4 milliards de mètres cubes l'eau présente, que ce soit sous forme liquide ou solide. Plus de 97% de ces 1,4 milliards de mètres cube sont constitués par l'eau des océans. Seuls 2,5% du total représentent les stocks d'eau douce, et tout n'est pas utilisable : les 2/3 de ces 2,5% sont emprisonnés dans les calottes glaciaires polaires et recouverts de neige. A titre de comparaison, si toute l'eau de la terre se trouvait entreposée dans un conteneur de 5 litres, l'eau douce disponible ne remplirait pas une petite cuillère. On mesure mieux l'importance vitale qu'ont ces ressources pour les Etats.
Nous étudierons la question spécifique de la gestion des ressources en eau dans la zone ALENA, depuis la signature de ce traité en 1992.
Les Etats-Unis ne sont pas encore à court d'eau, ni même d'eau non polluée. Néanmoins, leurs besoins sont immenses : chaque Américain consomme en moyenne 680 litres par jour (contre 50l en Afrique), et la surface des terres irriguées a plus que doublé entre 1950 et 1980. Comme toute puissance impériale, ils s'approprient les ressources dont ils ont besoin là où elles se trouvent : les Etats-Unis, au cœur du continent nord-américain, sont aussi au cœur de la question de ses ressources en eau.
Nous étudierons la position centrale des Etats-Unis au sujet de la question de l'eau, ainsi que ses causes et ses effets sur la relation avec le Mexique et le Canada dans une première partie.
Dans une seconde partie, nous étudierons la domination qu'exercent les Etats-Unis sur le Mexique au sujet de l'eau : comment cette domination historique se perpétue au sein de l'ALENA, quelles en sont les causes et quelles en sont les conséquences.
Enfin nous verrons les relations plus ambigües qu'entretiennent les Etats-Unis et le Canada, du fait de la dépendance américaine des ressources canadiennes.
[...] Les dernières études montrent que cet aquifère s'épuise 14 fois plus vite qu'il ne se reconstitue. Les experts voient en ce tarissement une sorte de fin d'un monde, le début d'une dramatique pénurie d'eau aux États-Unis qui pourrait se concrétiser d'ici vingt-cinq ans. L'eau se transforme en arme diplomatique L'eau devient donc une question politique, sa répartition ayant des répercussions économiques. Comme le déclare le gouverneur de la Californie Gray Davis sa valeur dépassera de beaucoup celle de l'or Ce propos est appuyé par les analyses de l'Américain Terence Corcoran qui n'hésite pas à voir annoncer : «D'ici à 2010, le Canada exportera de grandes quantités d'eau douce vers les États-Unis, et plus encore par navires-citernes vers les pays assoiffés de la planète. [...]
[...] À moyen terme, les Américains auraient donc à choisir entre la paralysie de leur économie automobile (Detroit) ou les effets d'une lente déshydratation. La longue histoire des traités avec le Canada Le Canada doit-il pour autant partager l'eau avec son plus proche voisin ? De tels transferts ne feraient-ils pas que perpétuer des modes de développement non soutenables ? En 1909 le Canada et les États-Unis signent le Traité des eaux limitrophes pour surveiller le niveau d'eau des plans d'eau communs (appelées stations de jaugeage internationales) et déterminer le volume d'eau qui traverse la frontière Canada-USA. [...]
[...] La mise en place de l'Alena, en 1994, n'a pas fondamentalement changé la ligne directrice des politiques environnementales dans la région frontalière, même si les autorités ont mis l'accent sur la notion d'écosystème, de zone et de province écologique, de «paysage terrestre ou d' unité naturelle selon l'échelle considérée. Ces débuts de coopération transfrontalière fonctionnent surtout lorsque les États-Unis le décident et lorsqu'ils y ont un intérêt. Un bon exemple est celui de la construction d'une station d'épuration des eaux du Mexicali par les États-Unis en territoire mexicain. [...]
[...] Les États-Unis toléraient juste que les excédents d'eau du Colorado puissent être utilisés par les paysans mexicains en aval, plus parce que les terres irriguées du sud de la frontière appartenaient à des entreprises californiennes que par générosité pour le Mexique. La maîtrise de l'eau devient donc prioritaire sur la maîtrise de la terre, d'autant plus que cette région est caractérisée par un climat aride n'offrant que très peu de précipitations. Avec un débit de 400 m3 à sa formation, le Colorado est la principale ressource en eau de cette région aride. [...]
[...] L'union économique ne peut se substituer à une union politique. C'est la raison pour laquelle plusieurs points de tension enveniment les relations entre ces deux pays comme par exemple l'immigration clandestine ou la lutte contre la drogue. Un élément majeur de ces tensions est celui de la répartition des ressources en eau. Celle-ci se cristallise dans la le partage des eaux du fleuve Colorado. Dans quelle mesure la gestion des eaux de cette zone révèle-t-elle le rapport de domination des États-Unis sur le Mexique ? [...]
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