Dans la mise en place d'une cellule terroriste et l'organisation d'un attentat, il est nécessaire de disposer de financements, limités certes à petite échelle, beaucoup plus considérables lorsque, comme dans le cas d'Al Qaeda, on a vocation à essaimer dans une grande partie du globe. Dès lors, plusieurs options doivent être soulignées : utilisation des sociétés écrans (nombreux sont les terroristes intégrés dans le système et ayant un travail leur permettant de financer leurs occupations) ou de trafics à petite échelle (dans le cadre des trafics de plus grande envergure, risque d'affrontement avec les criminels traditionnels du point de vue des objectifs), argent des diasporas ou sorte d'impôt prélevé auprès des membres de la communauté auquel les terroristes appartiennent. Une technique particulière au terrorisme islamiste constitue à utiliser la hawala, qui a le principal avantage de ne pas rendre « traçable » les mouvements de capitaux qu'elle recouvre.
Toutes ces solutions de financement sont indispensables afin de pouvoir mettre en place, en amont des cellules, de véritables réseaux logistiques. Comme le rappelle François Géré, « pour être efficace, une organisation terroriste doit, comme presque toute entité politique ou militaire, se doter de plusieurs capacités minimales » type propagande, recrutement, financement, renseignement, logistique. Les camps d'entraînement (dispersés au Pakistan, au Soudan etc. pour Al Qaeda) ainsi que les madrasas et les réseaux d'éducation religieuse qui se sont essaimés dans le monde musulman en constituent les éléments les plus visibles. Avant Al Qaeda, l'IRA avait mis en place une infrastructure de ce type, certes à échelle plus restreinte. Les terroristes se constituent ainsi de véritables sanctuaires, profitant de plus en plus des zones frontalières qui rendent difficiles une intervention des pays touchés par leurs exactions en vertu du sacro-saint principe de « souveraineté des Etats ». Cette autonomie de fonctionnement leur est indispensable du fait de leur cloisonnement et expliquent comme ils peuvent ainsi « rester en sommeil pendant des années » (...)
[...] Comme le souligne Stephen R. Di Rienzo les actions de défense préemptives constituent une forme de négociation internationale illégitime, en ce sens qu'elles élaborent une posture défensive à partir de menaces perçues et non indiscutablement prouvées marginalisant donc les processus d'analyse et de décision démocratiques, au profit d'une option unilatérale. Il s'agit donc de mettre en place d'une stratégie globale faisant intervenir tous les moyens dont disposent les Etats. Cinq axes de lutte sont posés par F. Géré[45] : - le renseignement - la mise à prix via internet (cf méthode utilisée pour retrouver les pédophiles ou autres criminels) - la persuasion (l'enfermement contribuant au contraire à renforcer radicalisation) - l'infiltration cf lutte menée par les Britanniques - la décapitation en visant l'instance de décision (oui contre une organisation définie type ETA ou Hamas, non pour une organisation genre hydre type Al Qaida) En effet, Stephen R. [...]
[...] L'IRA est donc un mouvement extrêmement local. Compte tenu de capacités limitées de confrontation directe avec l'armée britannique, l'IRA adopta le terrorisme et la violence insurrectionnelle[34]. A l'origine l'IRA percevait ses capacités financières des communautés irlandaises expatriées et se diversifia dans plusieurs domaines, incluant le trafic d'alcool, les tripots et d'autres activités criminelles telles que le cambriolage, la fraude, la contrebande et l'extorsion.”[35] Tactique: assassinats ciblés, grâce à une expertise significative développée dans l'utilisation d'explosifs. Opérationnel : Explosifs, lance-grenades, missiles sol-air Palmarès : Bloody Sunday à Belfast (1972), attentat contre l'hôtel de Brighton où séjournait alors Mme Thatcher et ses ministres (1984). [...]
[...] Recrutant dans les camps de réfugiés ou les banlieues pauvres des villes, ils se fondent très rapidement dans la société contre laquelle ils conspirent. Dès lors, la lutte se corse pour les Etats touchés car l'identification des terroristes se fait beaucoup plus difficilement. Dans la mesure où l'on peut mesurer dangerosité d'un groupe terroriste [ ] à sa capacité à survivre à la répression qui ne manquera pas de s'abattre sur lui dès la première opération menée”[19], ces groupes deviennent une véritable menace pour les populations. [...]
[...] Tactique: assassinats ciblés et attentats à la bombe Opérationnel: armes à feu traditionnelles, tactique militaire, explosifs, ainsi que l'emploi des IED Palmarès : Attentats à la bombe contre des églises indonésiennes lors du réveillon de Noël (2000), contre deux boîtes de nuit à Bali (2002), contre l'Hôtel Marriott de Jakarta (2003) ainsi que contre l'ambassade australienne de Jakarta. Pour le rapport de la Rand, le bilan de la Jemaah Islamiyah reste mitigé. L'auteur fait remarquer que si l'expérience de ses combattants présente des succès opérationnels notables, ils montrent d'un point de vue tactique des faiblesses, notamment par rapport aux efforts de contre-terrorisme international[41] : il n'a fallu que peu de temps aux enquêteurs pour remonter des indices aux organisateurs des attentats à la suite de l'explosion à Bali. [...]
[...] Comme le souligne une étude de la Rand, les terroristes sont passés maîtres dans l'identification de cibles attractives et des vulnérabilités qui peuvent être exploitées[6]. Plus précisément, l'action terroriste relève du bricolage inspiré et de la gestion optimisée de moyens limités, dans la clandestinité et en milieu hostile. En effet, les terroristes utilisent les moyens dont ils disposent sur place, et limitent ainsi les déplacements qui pourraient attirer l'attention sur eux. Dès lors, l'arme ne vaut rien par elle-même ; c'est l'effet qu'elle produit par rapport à l'objectif recherché qui, en fin de compte, décide de sa qualité. [...]
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