On peut trouver dans le génocide rwandais, un mélange d'ordre et de désordre. Dans ce qui apparaît comme un chaos total, il est possible de déceler des éléments d'organisation. En effet, le génocide fut bien organisé d'avance par les politiciens rwandais et leurs alliés intellectuels, en fonction de leurs intérêts propres. Or, sous ce niveau de prise de décision rationnel, certaines données relèvent du domaine de l'incompréhensible. Comment expliquer qu'un million de personnes aient pu être éliminées sans recourir à des moyens mécaniques ? Est-il possible de donner des explications aux atrocités ? Comment des personnes qui vivaient dans la proximité ont-elles pu massacrer, dans les conditions que nous connaissons désormais, des hommes, des femmes, des enfants de leur voisinage ?
[...] L'évolution du taux annuel de croissance de la production agricole est significative. Calculé par la Banque Mondiale, sur la période 80-86 il est encore de + il n'est plus que de sur la période 80-88 et tombe à pour 80-89. Deux facteurs jouent un rôle essentiel dans cette récession : la caféiculture qui fournissait en moyenne les 2/3 de la valeur des exportations et la production vivrière. La chute des revenus du café est un événement majeur de la fin des années 80. [...]
[...] Les inégalités de genre ? Ou bien, comme certains l'ont suggéré, par les tendances culturelles internes qui prédisposaient le Rwanda à la violence ? Voilà autant de questions auxquelles il nous faudra tenter de répondre, en puisant à travers les sources variées de l'histoire, de la géographie, de la sociologie et de l'anthropologie. Ce n'est peut-être qu'en adoptant l'œil alternatif du caméléon que des éléments pertinents d'explication pourront être dégagés. Ainsi, il nous faudra déterminer les données géographiques et sociologiques qui caractérisent le Rwanda des années 80-90 (première partie). [...]
[...] Les acteurs du génocide rwandais ont cherché à bloquer le chemin des humains, nécessaire à la reproduction de la société. Mais dans cet acte même, il s'agissait d'affirmer la capacité d'obstruer de la montrer, et ainsi, d'affirmer le pouvoir des Hutus devenus mwami pendant ces jours de massacre. D'autres violences physiques ont été observées, telles que la castration des jeunes garçons, ou l'ablation des poitrines des femmes. Encore une fois, ces pratiques relèvent de la symbolique du corps comme conduit obstrué On reconfigure les corps pour qu'ils appartiennent à la catégorie de l'abominable. [...]
[...] Le Rwanda est dépourvu de villages. L'élément de base est le rugo, résidence de la cellule familiale au cœur de l'exploitation agricole. Il est traditionnellement intégré dans la colline, entité socio-économique de fréquentation régulière, structurée autour de quelques pôles comme un point d'eau, un marché, un lieu de culte, un petit marché. La colline, qu'elle corresponde ou non à une réalité topographique, est aussi une référence identitaire essentielle, relayée depuis une vingtaine d'années par les communes et secteurs, rouages administratifs de l'encadrement de l'Etat. [...]
[...] Les écrits et l'enseignement des missionnaires catholiques au Ruanda-Urundi furent des facteurs décisifs de la transmission de l'idéologie hamitique. Les arguments raciaux, basés sur des notions déterministes vagues de l'évolutionnisme, ont été fréquemment utilisés comme arguments politiques propres à un groupe. Cette idéologie domine la pensée politique au Rwanda dans la période post-coloniale. En reprenant sans examen critique les théories de Speke, Belges et Allemands ont exacerbé les divisions ethniques au Rwanda. IX. Cosmologie de la terreur : le poids des symboles. [...]
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