Le génocide cambodgien, pratiqué par les Khmers Rouges envers une partie de la population du pays peut-il vraiment être qualifié de génocide ?
Le génocide est un crime d'état, commis ou commandité par les détenteurs du pouvoir. Dans ce cas précis, le génocide a été organisé par les Khmers Rouges qui étaient effectivement au pouvoir. Nous pouvons dire alors que de ce point de vue-là, c'était bien un génocide.
Mais nous avons également vu qu'on ne pouvait qualifier de génocide que l'extermination de groupes de population pour des motifs ethniques, « raciaux », religieux ou nationaux. Or, le génocide cambodgien s'est fait, pour une partie du moins de la population, pour des motifs politiques. Il s'agissait, pour une part, d'exterminer l'élite intellectuelle et politique pour mieux contrôler les masses. Il semble que cette extermination ne se soit pas faite pour des motifs ethniques. Une partie des actes commis par les Khmers Rouges ne peut donc être considérée comme un génocide.
Cependant, considérant l'importance du nombre de Cambodgiens tués dans cette période (1 700 000 personnes, c'est-à-dire environ 20 % de la population totale), les historiens s'entendent à dire qu'il s'agit bien d'un génocide et avancent même le terme d'auto-génocide : un peuple est massacré par des membres de ce même peuple.
[...] Que sont devenus les bourreaux ? Aujourd'hui, alors qu'on pourrait croire que les anciens bourreaux khmers rouges ont été traduits devant les tribunaux et condamnés justement à des peines de prison adéquates pour les crimes qu'ils ont commis, dont le plus grand crime contre l'humanité, le génocide, c'est tout le contraire qui s'est produit. En effet, une partie des anciens Khmers Rouges s'est tout à fait intégrée à la société. Certains ont repris la tête de partis politiques comme leng Sary, numéro trois du régime de Pol Pot, qui a fondé le Mouvement Uni National Démocratique après avoir obtenu le pardon du Roi Sihanouk ; d'autres ont été nommés à des postes importants de l'armée cambodgienne, comme Ee Chhean ou Prum Su, également candidat au poste de gouverneur de la province de Stung Treng. [...]
[...] Le gouvernement de Lon Nol est renversé et Phnom Penh vidé de sa population. Des centaines de milliers de personnes sont sauvagement exécutées parce qu'elles sont soupçonnées, à tort ou à raison, d'avoir soutenu l'ancien gouvernement. Les Khmers Rouges détestent surtout les intellectuels. Des mois avant leur exécution, un grand nombre de victimes sont torturées pendant des interrogatoires Le centre de torture S21 à Phnom Penh a une sinistre réputation. Pour économiser les munitions, les condamnés sont battus à mort dans les camps. [...]
[...] Pol Pot signait ses articles en France sous le pseudonyme du Khmer originel la où d'autres étudiants signaient le travailleur khmer Mais, à vouloir tout ramener à une hiérarchie des régimes communistes selon leur degré de violence, ne risque-t-on pas de manquer la spécificité du génocide du Cambodge et contribuer ainsi un peu plus à son oubli ou à sa sous-estimation ? Ce qui est choquant de nos jours, c'est avant tout d'oublier ou d'ignorer qu'un tel massacre a pu avoir lieu au point que la plupart des Khmers Rouges s'en soient sortis sans aucune peine et que l'on refuse toujours aux victimes la reconnaissance mondiale du génocide. Bibliographie - La machine khmère rouge, Monti Santésok S-21 de Rithy Panh aux éditions Flammarion - Nary, rescapée du génocide cambodgien de Nathalie Sophana Lim - film intitulé La Déchirure de Sam Waterson. [...]
[...] En 1978, les Vietnamiens envahissent le Cambodge, mais pour justifier cet acte, ils font connaître officiellement que leur but était de délivrer les Cambodgiens du régime de terreur qui leur est imposé par leur propre peuple, mais cette action a aussi été décidée parce que le Cambodge refusait de reconnaître la suzeraineté du Vietnam. Cependant officieusement, les Vietnamiens ont occupé le pays à la suite d'incursions khmères rouges sur leur propre territoire. Phnom Penh est donc prise en 1979 par les Vietnamiens. Les partisans de Pol Pot s'enfuient. Le Prince Sihanouk est relâché par les Khmers Rouges peu de temps avant l'invasion vietnamienne. Cependant, le gouvernement de Pol Pot conserve son siège à l'ONU. [...]
[...] Saloth Sar, dit Pol Pot (abréviation de Political Potential en anglais), fut l'homme de l'ombre qui inventa, en 1960, et dirigea d'une main invisible le régime khmer rouge. Il fut au pouvoir au Cambodge de 1975 à 1979. Ce dictateur ne cultiva pas le culte de la personnalité, comme Mao ou Staline, mais au contraire vécut toujours caché et en retrait. Pol Pot était issu d'une famille paysanne sino-khmère aisée. Envoyé en France pour faire des études d'électricité, il avait auparavant été professeur de français à Phnom Penh. [...]
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